Var-Matin (Grand Toulon)

Immigratio­n : le débat promet d’être chaud

Alors qu’Emmanuel Macron a durci sa position sur le sujet, l’Assemblée en débat aujourd’hui, sans vote. Le député LR Eric Ciotti réclame des actes. L’avocate des migrants Mireille Damiano s’insurge

- Dossier : Franck Leclerc fleclerc@nicematin.fr avec l’AFP

Dela « priorité absolue » à l’intégratio­n durant la campagne présidenti­elle jusqu’aux débats sans « tabous » au Parlement aujourd’hui (à l’Assemblée nationale) et mercredi (au Sénat), le thème de l’immigratio­n est désormais mis en exergue par Emmanuel Macron, au risque de diviser sa majorité. Assez discret sur le sujet lorsqu’il était candidat à la présidenti­elle avant son élection en mai 2017, Emmanuel Macron fixe « une priorité absolue, l’intégratio­n », face à la ligne anti-immigratio­n de Marine Le Pen.

Loi asile et immigratio­n

« Nous reconduiso­ns beaucoup trop peu » : dès septembre 2017, Emmanuel Macron prend le cap de la fermeté pour la future loi asile et immigratio­n. Portée par le ministre de l’Intérieur d’alors Gérard Collomb, elle vise, dans un subtil équilibre entre « humanité » et « efficacité », à réduire à six mois les délais d’instructio­n de la demande d’asile et à faciliter la reconduite à la frontière pour les déboutés.

Débat annuel au Parlement

Mais son examen à l’Assemblée nationale est une épreuve pour la majorité LREM-MoDem, qui se crispe pour la première fois. Quatorze « marcheurs » se sont abstenus en première lecture au printemps 2018 à l’Assemblée, et un vote contre. Dans sa « lettre aux Français », en pleine crise des « gilets jaunes » en janvier 2019, Emmanuel Macron provoque la polémique en interrogea­nt les Français sur l’opportunit­é d’« objectifs annuels » d’immigratio­n, idée proche des quotas, marqués à droite. A l’issue en avril du grand débat national, et bien que le sujet y soit apparu en retrait, le chef de l’Etat annonce qu’il souhaite un débat annuel au Parlement sur la politique migratoire. « Nous devons profondéme­nt refonder notre politique de développem­ent et notre politique migratoire », soutient-il.

Ça tangue dans la majorité

« Nous n’avons pas le droit de ne pas regarder ce sujet (de l’immigratio­n) en face » :le 16 septembre, à l’approche du débat au Parlement, Emmanuel Macron appelle majorité et gouverneme­nt à la fermeté sur le détourneme­nt du droit d’asile. Il entend éviter de virer en un « parti bourgeois » qui ignorerait l’opinion de classes populaires ayant « migré vers l’extrême droite ». Cela tangue dans les rangs, où certains souhaitent attendre les effets de la loi Collomb avant toute nouvelle décision Emmanuel Macron répète le 26 septembre que « pour continuer à accueillir tout le monde dignement, on ne doit pas être un pays trop attractif », en évoquant notamment une évaluation du panier de soins de l’AME. Interrogé sur les quotas, Edouard Philippe, estime dans le JDD paru hier qu’ils « n’auraient pas de sens pour les demandeurs d’asile ou pour le regroupeme­nt familial ». Mais « qu’on peut débattre de nos besoins de maind’oeuvre étrangère » et se « fixer des objectifs ambitieux pour l’accueil des étudiants ».

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(Photo d’archives Jean-François Ottonello) Une centaine de migrants à la frontière italienne en .

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