Var-Matin (Grand Toulon)

Eric Ciotti (Les Républicai­ns) : « Que la France reste la France »

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‘‘ Nous sommes en train de fabriquer une bombe à retardemen­t”

Éric Ciotti, député LR des Alpes-Maritimes, entend peser aujourd’hui sur le débat de l’Assemblée nationale.

Vous prendrez la parole au nom des Républicai­ns. Avec quelle intention ? Avec l’intention de dénoncer une immigratio­n de masse devenue extraordin­airement dangereuse pour notre pays. Le président de la République a voulu ce débat, c’est une bonne chose. Malheureus­ement, et je le regrette profondéme­nt, il n’y aura pas de décision à son issue. Or, aujourd’hui, l’urgence est à l’action, le temps des paroles est révolu. La situation n’a jamais été aussi dégradée dans notre pays au niveau des flux migratoire­s : nous avons battu depuis l’élection de M. Macron tous les records. En , la France a accordé   titres de séjour et a accueilli   demandeurs d’asile, ainsi que   mineurs étrangers isolés. Ce qui fait plus de   étrangers entrés légalement sur notre territoire. Y compris les étudiants… Y compris   visas étudiants, avec une progressio­n extrêmemen­t importante qui dévoile le fait que la filière étudiante est aujourd’hui utilisée comme une porte d’entrée pour l’immigratio­n. Donc,   étrangers en situation légale, auxquels il faut ajouter des dizaines de milliers, voire plusieurs centaines de milliers, entrés de façon irrégulièr­e. Ce qui veut dire qu’au total, chaque année, la France accueille au moins   étrangers nouveaux. Soit, sur le quinquenna­t de M. Macron, deux millions et demi de personnes. Cette masse migratoire n’est plus compatible avec la capacité d’assimilati­on de notre pays. Nous sommes en train de fabriquer une bombe à retardemen­t, comme l’a décrit Jérôme Fourquet dans L’Archipel français, où il révèle que  % des étrangers musulmans considèren­t la charria comme supérieure aux lois de la République. Cela signifie qu’il faut activer un plan d’urgence pour limiter drastiquem­ent, voire totalement arrêter, l’immigratio­n. Je pense notamment que l’on doit diviser par quatre les titres de séjour et l’asile. Pour cela, nous avons besoin de voter chaque année des quotas migratoire­s à l’Assemblée nationale.

Vous évoquez une immigratio­n dangereuse. En quoi ?

Ce qui est dangereux, c’est le caractère massif de cette immigratio­n quand on ne peut plus intégrer dans la République les étrangers qu’on accueille. Aujourd’hui, cette immigratio­n construit des ghettos comme on les voit dans certains quartiers de Paris ou de nos villes, et constitue un terreau extrêmemen­t dangereux, notamment sur le plan du communauta­risme islamiste.

Macron dit vouloir prendre ce dossier à bras-le-corps. Que pensez-vous de cette volonté affichée ? Je crains qu’une fois de plus, on ne soit que dans le discours et non pas dans l’action. La preuve en est qu’il n’y aura aucune décision après ce débat. Aucune loi n’est prévue. Je serais le premier à soutenir des décisions fortes si Emmanuel Macron était amené à les prendre. Hélas, j’en doute. Rappelonsn­ous qu’il a été le premier à saluer en  l’ouverture généralisé­e des frontières qui a conduit à tellement de drames en Europe. Y compris en matière de terrorisme. Regardons aussi le bilan qui est le sien depuis deux ans et demi. Sa conversion verbale est sans doute une première étape, mais maintenant, la France ne peut plus attendre avant d’agir.

Envisager d’arrêter l’immigratio­n en France et en Europe, est-ce raisonnabl­e ?

Sur certaines catégories, oui. Je pense, par exemple, à des

‘‘ La France est l’un des pays les plus généreux. Trop généreux”

demandeurs d’asile venant de pays sûrs, qui dévoient le système. Albanais et Géorgiens entrent en France par dizaines de milliers, alors qu’ils ne sont victimes en rien de persécutio­ns. Il faut totalement arrêter l’immigratio­n venant de ces pays. Autre exemple, nous avons aujourd’hui   mineurs isolés en France. Le départemen­t des Alpes-Maritimes en a accueilli l’année dernière  , pour un coût de  millions d’euros. Or, on compte parmi les premières nationalit­és des Tunisiens et des Ivoiriens.

  euros par mineur isolé, à quoi cela correspond-il ? Cela correspond au financemen­t de l’hébergemen­t. On n’est pas loin, aujourd’hui, de  euros par jour, selon les structures.

Y a-t-il, parmi les mineurs accueillis à Sainte-Agnès (), des Tunisiens et Ivoiriens ? Il y en a. Naturellem­ent. On croit, et c’est une forme de légende, que tous ces demandeurs d’asile viennent de zones de guerre, c’est de moins en moins le cas. Syriens et Irakiens sont très minoritair­es dans ces catégories. On est, très clairement, dans des filières migratoire­s abondammen­t utilisées par des passeurs et qui profitent de la naïveté du système français.

Vous prônez l’expulsion systématiq­ue des étrangers délinquant­s, qui formeraien­t  % de la population carcérale.   détenus et prévenus sont étrangers dans les prisons françaises. Je dis que, lorsqu’on a un titre de séjour dans un pays et que l’on y commet un crime ou un délit, on n’a plus rien à y faire. Je sais qu’il s’agit d’une véritable révolution, mais il n’y a aucune raison que nos prisons soient aujourd’hui peuplées par des délinquant­s venant de pays tiers.

Vous suggérez aussi un délai de carence de trois ans avant qu’un étranger ne puisse prétendre aux allocation­s familiales. Est-ce légal ? Est-ce jouable ? C’est déjà légal, je pense en particulie­r au RSA où il existe un délai de carence de deux ans avant de pouvoir en bénéficier. Ce dispositif doit être élargi à toutes les prestation­s, parce qu’il faut rompre avec l’attractivi­té du modèle social qui fait que, là aussi, la France est l’un des pays les plus généreux. Trop généreux.

Délai de carence aussi sur les soins ? Sur les soins, il faut changer de système. On ne peut pas continuer à entretenir une forme de tourisme médical. Notre pays doit soigner, bien sûr, tous ceux qui sont en situation d’urgence. Mais il est impensable et inacceptab­le que des étrangers viennent en France se faire poser des prothèses dentaires ou bénéficier de soins financés à  %, qui ne le sont pas pour des Français. Là encore, on est dans un système d’une générosité naïve qui n’est plus supportabl­e pour les Français.

N’est-ce pas un discours proche de celui du Rassemblem­ent national ? Depuis que j’ai été élu député en , j’ai toujours tenu le même discours. Je ne me réfère à personne, je n’ai pas besoin de comparaiso­ns ou de références. Je fais un constat. L’immigratio­n a explosé dans notre pays et notre pays n’est plus en capacité d’accueillir des immigrés. Soit on refuse de voir la vérité en laissant le problème s’amplifier, soit on agit. Moi, je propose des solutions concrètes et j’ai la faiblesse de croire que ces solutions sont soutenues par l’immense majorité des Français. C’est pour cela que je propose que ce soit désormais les Français qui décident de changer de politique migratoire, par le biais d’un grand référendum. Si l’on ne va pas au référendum, on ne fera rien car il y aura toujours lâcheté et pression du politiquem­ent correct.

L’immigratio­n est en tête des préoccupat­ions des électeurs de droite. Mais en e position pour l’ensemble des Français. Beaucoup de Français, aujourd’hui, nourrissen­t une légitime préoccupat­ion quant à l’évolution de flux migratoire­s qui modifient la nature de leur pays. Moi, je souhaite, et c’est un des enjeux des années à venir, que la France reste la France. Avec ses racines, son identité, sa culture.

Vous avez prononcé le mot de « quota » qui, pour le Premier ministre, n’est plus un tabou… Je lui dis : chiche ! Si ce n’est plus un tabou, pourquoi, demain, au lieu d’avoir un débat sans vote, ne passe-t-on pas immédiatem­ent à l’action ? Je crains que ce ne soit un rendez-vous manqué. Ce débat sera encore plus affaibli par la présence d’un ministre de l’Intérieur qui a perdu toute crédibilit­é.

 ?? (Photo Franck Fernandes) ?? « Je crains que ce ne soit un rendez-vous manqué », déclare le député LR des Alpes-Maritimes à propos du débat parlementa­ire qui s’ouvre ce lundi.
(Photo Franck Fernandes) « Je crains que ce ne soit un rendez-vous manqué », déclare le député LR des Alpes-Maritimes à propos du débat parlementa­ire qui s’ouvre ce lundi.

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