Une Hyéroise à la convention citoyenne pour le climat
Depuis octobre, Brigitte Marobin participe aux travaux de cette assemblée constituée de citoyens tirés au sort. Objectif : formuler des mesures pour lutter contre le réchauffement climatique
Annoncée par le Président de la République à la fin du grand débat national, au printemps dernier, la convention citoyenne pour le climat s’est réunie pour la première fois le 4 octobre dernier, à Paris, et poursuivra ses travaux jusqu’à début février 2020. Cent cinquante citoyens tirés au sort ont pour mission de « définir les mesures structurantes pour parvenir, dans un esprit de justice sociale, à réduire les émissions de gaz à effet de serre d’au moins 40 % d’ici à 2030, par rapport à 1990 ». Parmi eux, Brigitte Marobin, une Hyéroise. Professeur retraitée, elle témoigne de cette expérience hors du commun.
Comment vous êtes-vous retrouvée membre de cette convention citoyenne pour le climat ? J’ai été tirée au sort et on m’a appelé, tout simplement. Je n’avais même pas entendu parler de cette convention. Mais j’ai écouté ce qu’on me racontait et tout de suite, cela m’a intéressée. Le temps de vérifier que je pouvais m’organiser, j’ai décidé de dire oui.
Qu’est-ce qui vous a motivée ? Je suis membre de plusieurs associations de protection de la nature et de l’environnement. Donc c’est un sujet qui me tient à coeur. L’avenir de la planète me préoccupe. Il faut tout faire pour qu’elle reste vivable pour les générations futures.
Quel est l’objectif de cette convention ? Nous cherchons à créer des mesures, des projets de loi sur l’ensemble des questions relatives aux moyens pour lutter contre le réchauffement climatique et atteindre la neutralité carbone en . Ce qui revient à diviser par nos émissions de gaz à effet de serre !
Concrètement, comment travaillez-vous ? C’est un travail intense, très complexe. On auditionne des experts de différents domaines : économie, climat, transports… Ensuite, on travaille au sein de groupes qui ont été constitués par tirage au sort. Il y a six groupes : se nourrir, se loger, se déplacer, produire et travailler, consommer. le sixième est un groupe qui va des uns aux autres pour repérer les thématiques transversales. Moi je suis dans le groupe « produire et travailler ». Ce n’est clairement pas celui que j’aurais choisi ! À chaque fois, quel que soit le sujet, un membre du groupe, toujours tiré au sort, rapporte les résultats de la réflexion.
Quel regard portez-vous sur cet exercice assez inédit ? Je trouve que c’est une expérience extraordinaire. C’est une proposition novatrice. Alors je mets de côté les sacrifices et la fatigue pour y assister parce que j’espère que cela va apporter beaucoup. Il est important que les citoyens s’expriment et que leurs idées se concrétisent, que des décisions soient prises.
Selon vous, est-ce une réponse adaptée à la crise des Gilets jaunes et à l’urgence climatique ? C’est une des réponses à ces deux problématiques. Il y a d’ailleurs des gens du mouvement des Gilets jaunes qui ont été invités à suivre les débats et qui viennent voir comment cela se passe. De mon point de vue, la colère est légitime mais pas la violence et à un moment, il faut savoir se mettre à table et travailler. Je trouve donc cette expérience de démocratie participative très intéressante.
Quelles sont vos attentes, au regard de votre implication ? C’est un travail très dur, vraiment, qui s’étale sur six mois. On en est à définir des pistes de mesures et ce qu’on espère, évidemment, c’est qu’elles seront appliquées ! Pas forcément en étant reprises par l’Assemblée nationale. Je préférerais le recours au référendum. Mais j’ai bon espoir que nos propositions seront prises en compte. D’autant que j’ai déjà vu sortir des mesures, comme l’interdiction des plastiques…