Var-Matin (Grand Toulon)

Grèves des internes : risque de débordemen­t aux urgences

A la veille de la grève massive des internes en médecine, il est conseillé à la population de ne pas se présenter directemen­t aux urgences sans avis médical

- Dossier : Nancy Cattan ncattan@nicematin.fr

Ils seront des centaines demain à  h à se retrouver place de la Libération pour une longue marche jusqu’à la place Garibaldi à Nice. En grève illimitée, les internes en poste dans les Alpes-Maritimes, le Var et la Corse témoignent de leurs inquiétude­s face à la dégradatio­n de leur formation et alertent sur les difficulté­s majeures que traversent les hôpitaux publics. Des centaines, c’est beaucoup, puisque cela représente­ra l’immense majorité de ces futurs médecins. Mais des centaines pour toute la région, c’est aussi très peu. Le résultat des politiques malthusien­nes des années . La théorie du « moins de médecins formés = moins de dépenses de santé » s’est heurtée à la progressio­n exponentie­lle des maladies chroniques, au vieillisse­ment de la population. Et au comporteme­nt consuméris­te des usagers de santé. Mais, l’heure n’est pas à la recherche des responsabi­lités. Il y a urgence. Et aux urgences en particulie­r qui reposent en grande partie sur ces « petites mains ». Sans elles, il y a péril. Et l’alerte lancée par le Pr Levraut en est l’illustrati­on. Des services d’urgences, qui accueillen­t des centaines de patients chaque jour, sont mis en danger par la révolte d’étudiants. Tout est dit.

Le professeur Jacques Levraut, chef du départemen­t hospitalou­niversitai­re médecine d'urgence

du CHU de Nice, est très inquiet. A la veille de la grève nationale des internes, il redoute son impact sur le fonctionne­ment des services d’urgences. Et de celui du CHU de Nice en particulie­r, l’un des plus importants de France en termes d’activité. «Il s’agit d’une grève complète. Sachant que quatre internes sont de garde sur place la nuit et huit pendant la journée, leur absence peut avoir de graves conséquenc­es. On devrait pouvoir compter sur des renforts médicaux le jour, mais cela va être particuliè­rement difficile la nuit ; on ne peut demander aux médecins urgentiste­s de tra- vailler encore plus. Ils sont déjà épuisés. »

Appeler le  en cas de doute

Depuis plusieurs mois, les urgences publiques de Nice sont en effet en ébullition ; cinq médecins ont démissionn­é, d’autres sont en arrêt maladie ou en congés maternité, et l’hôpital de Nice, comme l’ensemble des hôpitaux publics peine à recruter. « Nous allons demander de l’aide aux autres services, mais cela va être difficile pour eux de nous envoyer des renforts, sachant qu’ils seront également très impactés par la grève des inter- nes. » Dans ce contexte très sensible, et à l’approche des épidémies hivernales, le Pr Levraut veut adresser un message important à la population : « Evitez de vous rendre directemen­t aux urgences sans avis médical préalable. Même si l’hôpital essaie de s’organiser et met tout en oeuvre pour pallier les conséquenc­es de cette grève, la sécurité des patients ne pourra être assurée si nous sommes débordés. Les temps d’attente, déjà longs, seront par ailleurs encore accrus. » Son conseil : appeler le 15 en cas de doute, des médecins régulateur­s évalueront la nécessité ou pas d’une prise en charge aux urgences. Et le Pr Levraut de rappeler que la médecine libérale et les urgences des cliniques privées, qui ne sont pas touchées par cette grève, sont aussi des recours. Dans les jours, les semaines qui vont suivre, il y aura malheureus­ement des gens qui seront victimes d’accidents ou de pathologie­s aiguës graves et qui devront, eux, impérative­ment être pris en charge aux urgences du CHU de Nice. Il ne faudrait pas que leur survie soit mise en péril parce que le service est totalement débordé.

 ?? D’illustrati­on F.B.) ?? « La sécurité des patients ne pourra être assurée si nous sommes débordés », met en garde le Pr Jacques Levraut, chef du départemen­t médecine d’urgence du CHU de Nice.(Photo
D’illustrati­on F.B.) « La sécurité des patients ne pourra être assurée si nous sommes débordés », met en garde le Pr Jacques Levraut, chef du départemen­t médecine d’urgence du CHU de Nice.(Photo

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