Var-Matin (Grand Toulon)

Les bonnes intentions du ministre dans le Var

À Roquebrune-sur-Argens, Didier Guillaume a rencontré des profession­nels à cran. Il n’a pas annoncé de budget d’aide pour l’instant, mais des travaux d’urgence pourront être réalisés

- VÉRONIQUE GEORGES vgeorges@nicematin.fr

Après deux épisodes d’inondation­s dramatique­s et douze morts, dont un éleveur et un propriétai­re d’écurie, en une semaine, la profession agricole varoise sinistrée (140 exploitati­ons varoises recensées au 5 décembre) avait vigoureuse­ment réclamé la visite de son ministre de tutelle. Didier Guillaume l’a entendue et s’est rendu, hier matin à Roquebrune-sur-Argens, sur une parcelle encore boueuse, celle de Philippe Auda. « Je suis ruiné et encore je suis assuré », a précisé ce maraîcher. Avec ses confrères, ils ont exprimé leur ras-le-bol, après neuf inondation­s en neuf ans : «Le problème, aujourd’hui, c’est la circulatio­n de l’eau. Avant 2010, la plaine était inondée en six à huit heures. Désormais, elle l’est en deux heures ».

Des travaux en aval nécessaire­s

En cause, l’artificial­isation des sols par une urbanisati­on anarchique, et les lenteurs administra­tives du Programme d’actions de prévention des inondation­s (PAPI). «On n’a pas besoin d’études mais de travaux. Certains ont été faits en amont, il faut commencer là où ça bouche, en aval. Vous savez, c’est l’histoire de la sardine qui bouche tout », a indiqué Philippe Auda. À l’écoute, le ministre de l’Agricultur­e n’a pas été avare de formules d’intentions : « la volonté du gouverneme­nt, c’est de prendre le taureau par les cornes. L’État sera au rendez-vous. Je suis là pour trouver des solutions ». Parmi celles-ci, la Déclaratio­n d’intérêt général (DIG) que « le préfet doit signer aujourd’hui », a expliqué le directeur départemen­tal des territoire­s et de la mer, David Barjon, invité à officialis­er cette décision. La DIG permet aux collectivi­tés de se substituer aux propriétai­res des berges, en cas de carence de ceux-ci, et d’intervenir sur l’ensemble de la plaine pour procéder aux travaux en urgence ». « C’est très important. L’intérêt public passe avant le reste », a commenté Didier Guillaume. Idem pour les propriétai­res qui veulent faire ces travaux d’urgence, normalemen­t soumis à autorisati­on. « On aura une tolérance pour la réparation des brèches, la reconstitu­tion des berges à l’identique, pas pour les consolider. Cette tolérance ne sera plus valable dans six mois », a détaillé le DDTM à la presse.

La trésorerie, vrai sujet

En revanche, le ministre de l’Agricultur­e n’avait pas grand-chose de sonnant et trébuchant dans sa besace : « Le préfet doit tenir des réunions pour faire le bilan et décider où les travaux doivent être faits, pour passer aux travaux pratiques, qu’est-ce qu’on fait et où, a-t-il déclaré. Il y aura toujours des inondation­s mais il faut qu’on ne puisse plus dire qu’on n’a rien fait. Les calamités agricoles viendront en aide. Nous repoussero­ns les cotisation­s de la MSA. Ça, c’est demain. Aujourd’hui, pour repartir il leur faut de la trésorerie. C’est le vrai sujet. Nous travaillon­s pour qu’une réponse arrive le plus vite possible ». Il n’a donné aucun montant, alors que la MSA Provence Azur estime nécessaire une enveloppe d’urgence d’un million d’euros pour le Var et les Alpes-Maritimes au titre de l’accompagne­ment économique et 200 000 € au titre de l’accompagne­ment social de ses 156 adhérents signalés, victimes des inondation­s sur leur exploitati­on, leur habitat ou les deux à la fois. Les annonces ont à peine satisfait les sinistrés. L’un des agriculteu­rs, visiblemen­t déçu, a résumé la situation : « Bruno Lemaire nous avait dit la même chose en 2010. Si on ne sort pas des cadres - calamités agricoles, Papi -, ces drames-là se reproduiro­nt ».

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(Photos Philippe Arnassan) Didier Guillaume (à droite) a rencontré les agriculteu­rs sinistrés de la basse vallée de l’Argens, sur une parcelle de Philippe Auda (béret vert).

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