Le centre d’accueil des migrants ouvrira en janvier
L’émergence du projet avait fait grand bruit : destiné à accueillir 39 mineurs étrangers isolés, l’établissement géré par les Apprentis d’Auteuil s’installera au pied du fort Saint-Elme début 2020
Ça fait si longtemps qu’on en entend parler, que nombre de Seynois sont persuadés que l’établissement fonctionne déjà depuis plusieurs mois. En réalité, l’Escale SaintElme, comme ont choisi de l’appeler les Apprentis d’Auteuil, n’ouvrira officiellement ses portes que le 6 janvier prochain. C’est là, aux abords du vieux fort Saint-Antoine, sur un terrain appartenant à la Défense, et dans des bâtiments qui ont jadis hébergé des militaires saoudiens, qu’un centre s’apprête à accueillir trente-neuf mineurs non accompagnés. Autrement dit, des jeunes migrants isolés, que l’aide sociale à l’enfance a confié à cette institution catholique. « Ce sont des ados qui n’ont plus rien et qui ont parfois subi de terribles épreuves pour traverser la Méditerranée, expose Frédéric Baudot, directeur de l’Escale. Ils n’ont pas quitté leur famille ou leur pays de gaieté de coeur ; on n’a pas le droit de laisser ces gamins… »
Rassurer, encore et encore
Et de poursuivre : « A certains, il a été vendu du rêve. Nous, nous allons très délicatement, avec beaucoup de bienveillance, briser leur rêve pour les inscrire dans un principe de réalité. Ils auront l’obligation d’avoir une activité. Nous allons les prendre en charge individuellement pour qu’ils intègrent des formations, des apprentissages ou accèdent à l’emploi. Ils ne seront pas là pour faire du tourisme. Nous nous occuperons aussi de leurs démarches administratives. Mais si leur situation n’est pas régularisée, nous n’allons pas les garder. » Travailleur social depuis vingt ans, Frédéric Baudot n’est pas né de la dernière pluie. Il se doutait que ce projet, porté par le département dans le cadre de ses compétences, n’aurait pas que des partisans. Loin s’en faut. Que, dans les quartiers sud de La Seyne, l’accueil de garçons étrangers de 14 à 17 ans, souvent d’origine africaine, ne serait pas salué par des applaudissements. Certaines inquiétudes sont tenaces. D’autant plus qu’à l’approche des municipales, il y a des chiffons rouges que d’aucuns se plaisent à agiter. Alors, celui qui dit « détester au plus haut point l’injustice », tient à « rassurer, encore et encore ».
« Si on ne s’occupe pas d’eux, la rue le fera »
« Ce ne sont pas des jeunes délinquants, poursuit-il. Ils mesurent à quel point ils sont dans des situations de précarité et, plus que d’autres, ils sont motivés par la perspective de s’en sortir. Et nous, nous n’allons pas les lâcher : sur place, on leur dispensera des cours de français, de citoyenneté. En interne aussi, nous ouvrirons un centre de formation à certains métiers du BTP. Il faut bien comprendre que si on ne s’occupe pas d’eux, la rue le fera et ça nous explosera un jour au visage. Nous n’avons pas le choix. Qu’on le veuille ou non, ces jeunes sont ici et il faut les aider. » Après une réunion avec le CIL pour clarifier les choses -« ça s’est très bien passé »Frédéric Baudot se dit disponible pour parler du centre avec quiconque le souhaiterait. Et veut aller plus loin : « On va ouvrir un restaurant d’application à destination des Seynois, nouer des partenariats avec des associations locales, organiser des tournois sportifs… L’Escale ne sera pas une réserve indienne ! On fera tout pour que les voisins viennent ici. Il n’y aura aucun impact négatif sur le quartier. Bien au contraire… »