Var-Matin (Grand Toulon)

Assises : quatorze ans et trois acquitteme­nts requis

Dans l’affaire du scooter percuté à Ollioules le 12 octobre 2016, l’avocat général a demandé aux jurés de déclarer le principal accusé coupable de violences mortelles. Et d’acquitter les trois autres

- G. D.

La cour d’assises du Var a achevé, hier soir, d’instruire l’affaire de la collision mortelle à Ollioules le 12 octobre 2016. Une affaire dont le mobile, prêté individuel­lement à chacun des quatre accusés, est resté confus, en dépit des efforts soutenus du président pour éclairer les jurés. Avant que l’audience ne soit suspendue, l’avocat général a requis quatorze ans de réclusion contre Welson Moinie, pour violences volontaire­s avec arme, ayant entraîné la mort du jeune Hamza Smouni, passager du scooter, sans intention de la donner, et les graves blessures du conducteur Hasni Zenasni. S’agissant de Wilfried Moinie, Julie Vitiello et Christian Stilo, accusés de complicité de ces coups mortels, le représenta­nt du ministère public s’est montré fidèle à la position du parquet dans cette affaire depuis l’origine. Par voie de conséquenc­e il a requis leur acquitteme­nt. Sur le mobile de ce drame, il a tout de même été établi qu’il était en lien avec l’agression subie la nuit des faits par Julie Vitiello à Ollioules.

Une colère folle

Elle avait été attaquée un kilomètre avant d’arriver au bar-restaurant tenu par son ex-compagnon Welson Moinie. Deux hommes encagoulés l’avaient gazée et délestée du chargement d’herbe de cannabis qu’elle rapportait d’Espagne. Selon ceux qui se trouvaient dans le bar, Welson Moinie était alors entré dans une colère folle, et avait emmené Julie Vitiello en voiture, à la recherche des voleurs. Il n’a trouvé que les deux victimes, dont il n’est jamais apparu qu’ils avaient quoi que ce soit à voir avec le vol du cannabis. « Il n’avait qu’une idée en tête, retrouver ses agresseurs et se venger du vol », a plaidé Me Christophe Hernandez, représenta­nt les intérêts d’Hasni Zenasni. Quant à la participat­ion aux recherches de Julie Vitiello, Wilfried Moinie et Christian Stilo, sillonnant en voiture les rues du centre d’Ollioules pendant une demi-heure avant le choc : « Ils sont tous liés par un pacte, parce qu’ils ont activement participé à la cause de leur frère et ami Welson. » Le bâtonnier Michel Mas, pour les proches d’Hamza Smouni, a enfoncé le clou. « Julie Vitiello monte dans la voiture avec Welson, ivre de rage, parce qu’elle est la seule à avoir vu les agresseurs. Elle participe à la traque pendant trente minutes. Wilfried et Christian Stilo quadrillen­t la ville, passent et repassent. Ils ont manifestem­ent agi de concert. Tous ont aidé Welson Moinie en étant à ses côtés, en l’aidant au quadrillag­e et en le récupérant après le choc. »

L’analyse de l’avocat général

« Je ne suis animé d’aucune conviction, a dit l’avocat général JeanBaptis­te Sirvente. Je note une difficulté dans l’analyse juridique pour les trois accusés renvoyés pour complicité, à l’inverse des réquisitio­ns du parquet. Mais je réfute le mot d’accident. » Il a rappelé les conclusion­s de l’expert en accidentol­ogie, « sans équivoque sur le caractère volontaire de l’accrochage ». Il a aussi rappelé les images de la vidéosurve­illance d’Ollioules, « qui montrent qu’ils ont tous participé aux recherches ». « Mais je doute qu’ils savaient qu’il s’agissait de commettre de telles violences. Voilà le paradoxe que le parquet a relevé dans cette affaire. » Cette incertitud­e sur leurs intentions l’a conduit à requérir trois acquitteme­nts. « Pour Welson Moinie, dont la violence aveugle a touché deux jeunes, je requiers quatorze ans de réclusion. » La défense abordera la barre ce matin.

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(Croquis d’audience Rémi Kerfridin) Me Pascal Zecchini plaidera pour Wilfried Moinie et Me Marc Rivolet pour son frère Welson.

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