« Le ski a toujours un grand avenir »
■ Charles-Ange Ginesy Président de l’Association nationale des maires des stations de montagne, président du conseil départemental des Alpes-Maritimes et président de la Communauté de communes des Alpes d’Azur.
Quel est le poids économique de la destination montagne dans les Alpes-Maritimes ? Il est assez difficile à estimer car nous n’avons pas d’organisation qui regroupe l’ensemble des stations des AlpesMaritimes. Mais si on regroupe chaque syndicat mixte, on peut dire aujourd’hui que nos stations emploient plus de six mille personnes et génèrent environ M€ de retombées directes au travers des remontées mécaniques. À titre d’exemple, Valberg est une petite PME de salariés qui fait vivre l’économie locale quasiment tout au long de l’année. C’est-à-dire les quatre mois d’hiver, mais aussi les deux mois d’été, et même au-delà. Car c’est aujourd’hui l’enjeu. Et les choix stratégiques que nous faisons découlent aujourd’hui de cet objectif.
Le fait que ces outils nous fassent défaut n’est-il pas symptomatique : la destination montagne n’a-t-elle pas été délaissée au profit de la destination littorale dans ce département ? Délaissée, ce n’est pas le mot puisque les Maralpins sont naturellement tournés vers les vallées avec souvent un enracinement familial dans le moyen et le haut pays. Ils restent tournés vers la terre. En revanche, il est vrai que les Alpes-Maritimes sont encore peu connues comme une terre de ski. En dépit pourtant d’un engagement de longue date du conseil général qui remonte aux années . Depuis, les investissements n’ont eu de cesse de monter en puissance avec l’ambition partagée de tous les présidents successifs d’aider la montagne. Je pense notamment à mon père Charles Ginésy qui, avec Jean Médecin, président du Département à l’époque, a obtenu la première école de ski à Valberg. Christian Estrosi, puis Éric Ciotti, et moi-même aujourd’hui n’avons eu de cesse d’augmenter la contribution départementale aux syndicats mixtes qui gèrent les stations. Même si lorsqu’on compare une station comme Isola qui fait les bonnes années M€ de chiffre d’affaires et Montgenèvre, station comparable, qui en fait , nous sommes beaucoup plus faibles.
Cela veut dire qu’il y a encore une marge de développement ? Bien sûr que nous avons un gros potentiel. Il faut continuer à travailler malgré ce handicap qui fait que dans l’esprit de tous, et des Parisiens en premier lieu, il n’y a pas d’activité ski dans les Alpes-Maritimes : il y a la Côte d’Azur, il y a Monaco, il y a Saint-Tropez… Je le vois bien en tant que président de l’association nationale des maires des stations. Pour autant, je reste convaincu que nous récoltons, malgré tout, les fruits des investissements que nous avons consentis avec le conseil général hier, départemental aujourd’hui, la Métropole aussi. Des fruits certes encore modestes mais sans lesquels il n’y aurait pas d’aménagement de territoire.
L’aménagement de ce territoire, c’est l’enjeu ? C’est l’enjeu parce que les stations de sport d’hiver sont en train de se transformer en station de montagne. Aux quatre mois d’hiver, on ajoute les mois d’été plus quelques mois de belle saison en septembre et en juin et on a une fréquentation touristique qui devient de plus en plus intense. Il y a une évolution qui fait que la station de ski vit aujourd’hui toute l’année. Aujourd’hui, il y a plus d’activité économique, plus d’emplois fixes dans nos villages. Et on assiste même à un retour de population, une sorte d’exode urbain qui n’a pas toujours été adapté parce que ces nouveaux ruraux ne connaissaient pas forcément les métiers de la montagne. Même ce cap est en train d’être franchi avec l’émergence de nouvelles mentalités davantage tournées vers la nature.
L’environnement est une préoccupation ? L’environnement est à protéger. Le développement durable est à encourager. Les nouvelles habitudes de consommations sont à retrouver avec l’abandon du tout pesticide, de la culture OGM. Ce retour à la nature, on le mesure au travers de ces nouvelles implantations et d’une volonté de faire davantage attention : on est à la montagne, on est là pour respirer de l’air pur pas du carbone.
Comment trouver le point d’équilibre entre développement économique et développement durable ? Si les gens viennent à la montagne, c’est pour se retrouver en famille, respirer le grand air et avoir une rupture avec leur quotidien. C’est ce que j’appelle la règle des trois “R”. Et pour satisfaire cette règle, il est indispensable de s’appuyer sur l’économie du ski. Sans le ski, nous n’existerions pas. C’est le ski qui est le pôle d’attraction économique de nos villages. Le ski a toujours un grand avenir ! Il faut défendre cette activité. Je ne nie pas le réchauffement global et la fonte des glaciers, mais les vicissitudes de la neige nous les avons déjà connues dans le passé : en lors du passage des JO dans nos stations, dans les années ensuite... Oui, il faut faire attention. Oui, il faut arrêter de polluer ! Parce que ce n’est pas bon pour notre santé. Nous nous devons de préserver la biodiversité de cette nature généreuse qui permet à l’Homme de vivre. Mais pour autant la neige ne va pas s’arrêter de tomber du jour au lendemain. En revanche, il faut diversifier nos activités, les multiplier. C’est pourquoi à chaque fois que nous investissons pour l’hiver et pour le ski, nous investissons aussi pour l’été.