Var-Matin (Grand Toulon)

Militaires hyérois attaqués à Nice en 2015 : 30 ans de réclusion

- CÉLINE MARTELET

Après quatre jours de procès devant la cour d’assises spécialeme­nt composée, Moussa Coulibaly a été reconnu coupable de l’ensemble des faits qui lui étaient reprochés. Sa condamnati­on à trente ans de réclusion est assortie d’une peine de sûreté des deux tiers. A l’énoncé du verdict, comme pendant tout le procès, Moussa Coulibaly est resté immobile dans le box. Debout, les mains le long du corps, regard fixé sur les magistrats, l’accusé n’a même pas tourné la tête vers ses frères et soeurs, qui étaient, eux, sous le choc. Sur le banc des parties civiles, l’une des victimes, un jeune militaire du 54e régiment d’artillerie de Hyères, a, en revanche, poussé un long soupir de soulagemen­t. L’avocat niçois des trois militaires, Me Nicolas Gemsa, parlera d’un verdict qui « donne le tempo de la réponse judiciaire face à des actes terroriste­s commis sur notre territoire […] Les crimes ne restent pas impunis, mes clients vont pouvoir tourner la page et poursuivre leurs missions au service de la France. »

Aucunes circonstan­ces atténuante­s

Pour les magistrats, Moussa Coulibaly avait bien l’intention de tuer les trois militaires sous les arcades de la place Masséna, ce 3 février 2015. Ils ont également considéré que l’accusé avait prémédité son geste, après avoir tenté de rejoindre une organisati­on terroriste en Syrie. « Vous avez agi avec une déterminat­ion fanatique […] votre dangerosit­é au moment des faits semble exister encore puisque vous n’exprimez aucun regret. Vous êtes une personnali­té inquiétant­e et sans empathie, vous l’avez montré au cours de ce procès », a expliqué le président en détaillant les motivation­s de la Cour d’assises. Là encore, Moussa Coulibaly n’a pas bougé, ne laissant voir aucune émotion. Les juges sont pourtant allés plus loin que les réquisitio­ns de l’avocat général qui, hier matin, avait requis l’acquitteme­nt pour l’infraction « d’associatio­n de malfaiteur en vue d’une entreprise terroriste ». Le magistrat estimait qu’aucun lien n’avait été établi entre l’accusé et une autre personne radicalisé­e. En revanche, il l’a répété à plusieurs reprises : « Moussa Coulibaly est bien un terroriste, n’en déplaise à sa famille […] Je me suis efforcé de trouver des circonstan­ces atténuante­s dans son parcours, dans son attitude aujourd’hui, mais je n’ai rien trouvé. »

Plusieurs versions

Au contraire, au cours des débats, l’accusé a changé plusieurs fois de versions, reconnaiss­ant d’abord un acte terroriste avant de le nier. Il est finalement resté constant sur un seul point : l’absence de regrets, qu’il dit « s’interdire d’exprimer par compassion avec les victimes musulmanes des bombardeme­nts ». Pour Me Money, avocat de Moussa Coulibaly, son client « a été un monstre en février 2015 mais il ne l’est plus (…) J’ai peur qu’avec cette décision, il ne poursuive pas le travail de désengagem­ent qui a débuté. Je le suis depuis 2015, j’ai constaté des changement­s dans son état d’esprit ». Moussa Coulibaly a désormais dix jours pour interjeter appel. En attendant, il va retrouver sa cellule du quartier de prise en charge de la radicalisa­tion dans la prison de Lille-Annoeullin, dans le Nord.

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(DR) A l’énoncé du verdict, Moussa Coulibaly est resté impassible dans le box.

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