La Région insiste sur le redressement des finances
Après quatre ans à la tête de la collectivité, la majorité se vante du redressement des finances. Une situation qui lui a permis de voter le budget 2020 où les investissements sont à la hausse
C’est sur une note solennelle que l’assemblée plénière du conseil régional, la dernière de l’année, a débuté hier matin. Le président Renaud Muselier a en effet tenu à rendre un double hommage. D’abord aux treize militaires français, dont cinq étaient originaires de la région, « tombés au champ d’honneur », le 25 novembre dernier au Mali. Puis, aux trois secouristes décédés dans le crash de leur hélicoptère le 1er décembre dernier, alors qu’ils allaient porter secours à des victimes des inondations dans le Var. Mais le calme a été de courte durée. Sans même attendre le vote du budget primitif 2020, majorité régionale et élus de l’opposition (Rassemblement national) ont multiplié les passes d’armes.
Dispute autour du voile
Dès la première délibération, c’est Éléonore Bez qui a lancé les hostilités. À peine Nora Preziosi avaitelle fini de présenter un rapport sur la politique de la Région en faveur de l’égalité entre les femmes et les hommes, qu’elle était la cible des attaques de la représentante RN. Cette dernière a reproché à l’élue de la majorité son intervention à la rencontre des musulmans du Sud, « une émanation des Frères musulmans », en octobre dernier à Marseille. Et notamment « son refus de condamner le voile, objet de soumission de la femme, devant un parterre d’islamistes notoires ». Renaud Muselier n’a pas hésité à soutenir son élue. « Je connais
Nora Preziosi depuis toujours. Elle suit les quartiers difficiles, elle y a grandi. Elle est l’exemple type de la réussite républicaine », a-t-il répondu à Éléonore Bez, avant de lui reprocher d’« opposer les Français les uns aux autres ». Mais en bons Méditerranéens, les élus de la Région nous ont habitués depuis quatre ans à retrouver leur calme aussi vite qu’ils s’étaient emballés. Et c’est un président de Région tout sourire qui a abordé la question des finances, et plus particulièrement le budget 2020 qui atteint les 4,404 milliards d’euros. « Un budget construit autour de la ligne directrice suivante : stabilité des dépenses de fonctionnement et effort accru en faveur de l’investissement ».
De l’interprétation des chiffres
Un point tout particulièrement semble remplir de bonheur Renaud Muselier : l’évolution de l’encours de la dette. « Depuis quatre ans, nous avons engagé un redressement des finances de la collectivité qui s’étaient fortement dégradées depuis 2013. Pour la première fois de l’histoire de la collectivité, l’encours de la dette est à la baisse ». S’appuyant sur d’autres indicateurs, comme l’épargne brute qui dépasse aujourd’hui les 400 millions d’euros, ou encore les investissements qui atteindront 603,5 millions d’euros (en hausse de 56 millions d’euros), Renaud Muselier déclare : « En 2015, nous faisions partie des trois Régions les plus mal gérées de France. Aujourd’hui, nous faisons partie des trois Régions les mieux gérées de France ». S’il salue les efforts de la Région pour rétablir les équilibres financiers, le Conseil économique et social régional souligne en même temps le peu de marges de manoeuvre dont dispose l’institution pour retrouver des capacités d’investissement. « Le seul moyen consiste à continuer de réduire les dépenses de fonctionnement ». Pour le Rassemblement national, Philippe Lottiaux s’est montré plus mordant. Comparant Renaud Muselier (à moins qu’il ne s’agisse de Robert Bénéventi, rapporteur du budget 2020) au « père Noël budgétaire qui descend dans les cheminées », l’élu RN a déclaré : « Vous faites mieux que vos prédécesseurs de gauche, mais ce n’est pas franchement difficile ». Avant de faire remarquer que, « à l’exception de 2019, où il a diminué en raison de cessions d’actifs, l’endettement continue d’augmenter sensiblement. De même que les dépenses de fonctionnement ».