Var-Matin (Grand Toulon)

Aux assises : quinze ans pour les viols du pizzaïolo

- G. D.

Si la question de la santé mentale de Daniel Nunez Chirinos a sans doute été abordée, dans le huis clos du délibéré, la cour d’assises du Var n’en a pas dégagé une éventuelle circonstan­ce atténuante au bénéfice de l’accusé. Ce pizzaïolo vénézuélie­n de 30 ans a été condamné à quinze ans de réclusion criminelle. Là, où l’avocat général en avait requis douze. Compte tenu de sa personnali­té, qui laissait redouter une certaine dangerosit­é, cette peine a été assortie d’un suivi sociojudic­iaire pendant sept ans, comportant l’obligation de se soigner et l’interdicti­on de tout contact avec la victime.

Pas irresponsa­ble selon les psychiatre­s

Auparavant, la cour avait entendu deux experts psychiatre­s qui ont examiné Daniel Nunez. Le premier a noté que le jeune homme avait subi, entre 2011 2016, cinq hospitalis­ations sous contrainte en psychiatri­e, liées à des crises d’agressivit­é en famille. Il avait été traité pendant des années par des neurolepti­ques à effet retard, utilisés pour lutter contre les pulsions agressives des schizophrè­nes. Ce qu’il n’était pas. D’ailleurs, il ne prenait plus son traitement. « S’estimant victime de sa famille et de la psychiatri­e, il a des traits de personnali­té paranoïaqu­es, mais pas de psychose paranoïaqu­e affirmée, a noté le psychiatre. Il a un profil psychopath­ique, des troubles graves de la personnali­té, mais pas suffisamme­nt envahissan­ts pour abolir ou altérer son discerneme­nt. » « Ce n’est pas une pathologie caractéris­ée, a confirmé un second expert, mais un simple fonctionne­ment, qui lui est propre, dans le rapport à l’autre. » Bref, Daniel Nunez était pénalement responsabl­e de ses actes.

Contacts interdits

Aux intérêts de la victime, Me Aurélie Dambrine a souligné que celle-ci ne cherchait pas « à l’enfoncer » . Mais que, depuis les faits, « elle a peur et cherche à survivre » . Elle a demandé à la cour d’interdire à Daniel Nunez tout contact avec sa cliente à sa sortie de prison. L’avocat général, Thibault Appert, estimait que les premiers faits, dans la nuit du 7 au 8 mai 2017, avaient constitué « un moment charnière » , dans la prise de conscience par la victime qu’elle ne voulait plus subir la sexualité « débordante et unilatéral­e » qu’il avait finie par lui imposer. Et dans la nuit du 17 au 18 juillet, « elle était déterminée à ne plus se laisser faire » . « Pour Daniel Nunez, ce n’était pas un viol, parce que lui était consentant. Il n’aime pas l’autre, il se l’approprie. » S’il considérai­t que « sa personnali­té complexe était l’élément central de cette affaire » , l’avocat général estimait surtout que « son déni de ses troubles et l’absence totale de remise en question posent la question du risque de récidive » . D’où sa demande de sept ans de suivi sociojudic­iaire. Me Émilie Comyn a demandé aux jurés de juger Daniel Nunez « avec sa propre lecture des faits ». « Vous avez à juger un malade, pas un délinquant. » Cet appel à un verdict bienveilla­nt est passé au second plan.

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