Réforme des retraites : vers une semaine décisive
Au 9e jour de grève dans les transports, l’exécutif a réaffirmé hier sa détermination à mener à bien la réforme des retraites, tout en ménageant une ouverture vers les syndicats les plus modérés. « C’est une réforme de refondation avant toute chose » ,a déclaré le président de la République, évoquant un projet « historique pour le pays » . Le chef de l’État était, jusque-là, resté très discret sur le sujet. Réponse cinglante d’un des leaders de la contestation, Yves Veyrier, n°1 de FO, sur BFM TV : « Le président a tendance à faire l’Histoire avant qu’elle ne se soit déroulée. Moi je pense qu’il faut éviter une erreur historique. »
Les syndicats réformistes conviés la semaine prochaine
Tard jeudi soir, Matignon a par ailleurs annoncé qu’Édouard Philippe conviait CFDT, CFTC, Unsa et les étudiants de la Fage, favorables au principe d’un système de retraite universel par points, « le plus tôt possible la semaine prochaine » . Le chef du gouvernement se dit prêt à « continuer à améliorer le projet porté par le gouvernement » , en évoquant « la mise en place du minimum de pension, la pénibilité, la retraite progressive et l’accompagnement des transitions vers le système universel » . Soit presque mot pour mot les revendications exprimées par les syndicats réformistes. Mais les partenaires sociaux sont priés de faire des propositions sur l’équilibre financier du système.
Avancées pour les profs et les policiers
Les syndicats enseignants ont en outre été reçus hier par le ministre de l’Éducation, Jean-Michel Blanquer, qui devait participer dans la soirée à Nancy avec Édouard Philippe à un débat sur les retraites avec des profs. « C’était une réunion dense et franche, comme nous aurions dû en avoir depuis des mois, avec des enjeux précis posés sur la table » mais « il nous manque encore des précisions et nous maintenons notre appel à la mobilisation mardi » , a expliqué Stéphane Crochet, secrétaire général du SE-Unsa, à la sortie du ministère. Les syndicats policiers, eux, peuvent saluer des « avancées » : le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner a confirmé hier que les policiers pourraient partir plus tôt à la retraite grâce à la prise en compte de « la dangerosité » de leur métier.
Les transports toujours très touchés
Les difficultés continuent dans les transports. Un quart des TGV, des Intercités et des Transilien circulaient hier ; quatre TER sur 10 étaient assurés, essentiellement par cars. Et le trafic SNCF restera très perturbé tout le weekend, avec, en moyenne, un TGV sur quatre, un Intercité sur cinq aujourd’hui et un sur dix demain, trois TER sur dix et un Transilien sur six. Bonne nouvelle toutefois : mardi, un plan pour « les longues distances » devrait être présenté par la SNCF « de façon totalement garantie jusqu’au dimanche 22 décembre » . Chaque client ayant un billet réservé sur cette période recevra un SMS avec des informations et des alternatives en cas de suppression de train. En revanche, la perspective de voir les trains circuler normalement pour les congés de Noël s’éloigne de plus en plus : il n’y aura « pas de trêve » , a prévenu hier la CGT-Cheminots. Le patron de la SNCF, Jean-Pierre Farandou, a réagi en appelant hier soir à « faire une pause » pendant les fêtes, afin que les familles puissent se retrouver.
La mobilisation en baisse
Le mouvement montrait cependant des signes de ralentissement hier, avec un taux de grévistes à la SNCF de 13,3 % (55,6 % le 5 décembre), et deux tiers des conducteurs en grève (85,7 % au premier jour du conflit), selon la direction.