Les seniors au coeur du jeu
Après une première phase au sein de la base navale de Toulon, jeudi, l’exercice de sécurité nucléaire s’est joué hier dans une maison de retraite seynoise. Histoire de tester les procédures
Un accident majeur affecte l’une des chaufferies du porte-avions Charles-de-Gaulle, entraînant des rejets radioactifs dans l’enceinte de la base navale de Toulon, puis à l’extérieur. Tel est le scénario mis en oeuvre ces 48 dernières heures, d’abord au sein du site militaire, avec évacuations de victimes fictives, puis dans un deuxième temps, hier dans un foyer de personnes âgées à La Seyne. Objectif : tester le dispositif de gestion de crise, notamment le Plan particulier d’intervention (PPI) qui serait mis en oeuvre en cas d’événement radiologique sur le porteavions ou l’un des six sousmarins nucléaires d’attaque basés à Toulon.
Une « mise à l’abri » en cinq minutes
« À la suite du déclenchement du PPI par le préfet jeudi soir, nous avons mis en place un centre de distribution de comprimés d’iode au foyer Bartolini (aux Mouissèques), explique Didier Gautier, responsable adjoint de la Réserve communale de sécurité civile de La Seyne. Bartolini est l’un des quatre centres prévus sur la commune en cas de crise (avec la mairie technique et les écoles Malsert et Pagnol). L’idée, cette année, c’était de tester le dispositif sur un site sensible, avec des personnes âgées ».
Les résidents du foyer ont donc participé à une distribution fictive de comprimés, ainsi qu’à une « mise à l’abri », comme prévu par le PPI. « Vers 8h15, le personnel a fait descendre ceux qui le pouvaient, par l’escalier (car dans le scénario, l’ascenseur n’était pas utilisable) ». En cinq minutes, la « mise à l’abri » était effectuée, les résidents (31 personnes hier) confinés dans la grande salle de l’établissement, avec portes, fenêtres et volets fermés.
Sensibiliser la population
« On a servi un petit-déjeuner devant la télé. Certains étaient un peu angoissés de voir tant d’uniformes dans l’établissement (une quarantaine de pompiers et de membres de la sécurité civile). Hormis une dame qui est remontée dans sa chambre, tous les résidents ont joué le jeu », observe un encadrant. D’autant que le « jeu » consistait aussi à passer dans un portique de détection de la radioactivité, installé par les hommes de l’Unité d’instruction et d’intervention de la sécurité civile (UIISC), venus de Brignoles. Dans la foulée, cinq résidents se sont portés volontaires pour monter dans le camion de l’IRSN (Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire) où les techniciens ont procédé à des mesures détaillées. Mais personne n’a été détecté positif ! « Ça change un peu de l’ordinaire » ; « Ça fera des souvenirs ! », souriaient les volontaires.
Au final, cet exercice aura bien permis aux équipes d’intervention civiles et militaires d’éprouver leurs procédures, comme ils doivent le faire tous les trois ans, tout en sensibilisant une partie de la population. Et ce ne sont pas les seniors qui ont servi de cobayes qui s’en plaindront !