Quelles pistes à suivre pour améliorer l’Accord ?
C’est grâce à ces partenariats qu’on trouvera des idées géniales...”
Alain Barcelo, président du comité scientifique et technique de Pelagos
« Notre priorité aujourd’hui, assure Costanza Favilli, secrétaire exécutif de l’Accord Pelagos , est de continuer à réduire la pollution, les collisions et les nuisances sonores sur la zone, tout en renforçant la coopération internationale. » Voilà pour le programme. Mais tout n’est pas si simple…
. Soutenir la coordination internationale
Le sanctuaire Pelagos a été la première aire marine protégée au monde pour les mammifères marins à impliquer plusieurs pays. Ce qui a ses avantages. Mais aussi ses inconvénients. Si, comme le met en avant Alain Barcelo, la création du sanctuaire prouve que « l’on peut collaborer entre différents pays » sur des questions de préservation de l’environnement, il reconnaît aussi que le volet international du projet implique parfois « quelques lourdeurs et lenteurs administratives » malheureusement incontournables. C’est aussi ce qui chagrine Denis Ody. «Le problème, c’est que toutes les parties prenantes n’ont pas toujours été autant impliquées, regrette le responsable des programmes cétacés pour l’ONG WWF, en pointant du doigt nos amis italiens. En France, la loi fait du sanctuaire Pelagos une aire marine protégée. Ce qui n’est pas le cas en Italie. Et aujourd’hui, déplore-t-il par ailleurs, le manque de moyens commence un peu à peser. »
. Renforcer contrôles et réglementation
Côté français, l’Accord compte sur l’équivalent d’un peu plus d’un poste à temps complet. « Au final, résume Denis Ody, on n’a que quatre ou cinq personnes chargées de l’animation sur trois pays. C’est difficile de faire plus… » Aussi, les animateurs n’ont aucun pouvoir de contrôle ni de police pour intervenir auprès de celles et ceux (pêcheurs, opérateurs d’observation des cétacés, compagnies maritimes…) qui iraient à l’encontre des principes de la charte. « C’est parfois un peu frustrant, concède Morgane Ratel, car on aimerait que toutes les compagnies s’équipent de l’outil Repcet. Mais les contrôles ne sont pas faciles à mettre en oeuvre. » Or, selon Denis Ody, « si, de manière générale, on appliquait toute la réglementation sur l’environnement, on multiplierait par cinq ou par six les résultats dans ces domaines. C’est aussi aux services de l’État en mer de s’impliquer dans cette surveillance », préconise le scientifique. La question de la réglementation n’est pas toujours évidente à gérer. Le label « high quality whale watching » d’observation des cétacés illustre bien la chose : «De notre côté, on a mis au point des techniques d’approche pour ne pas perturber les mammifères marins, détaille Alain Barcelo. On sait qu’il ne faut pas arriver par-devant, ni par-derrière mais plutôt sur le côté, rester à plus de 100 mètres, etc. L’enjeu aujourd’hui, c’est de retranscrire tout ça dans le droit français ».
. Créer une ZMPV
L’idée de créer une Zone maritime particulièrement vulnérable (ZMPV) fait aussi son chemin du côté des responsables de l’Accord. Cela servirait par exemple à définir des chenaux de navigation précis. « Cette ZMPV, prolonge Alain Barcelo, pourrait permettre de fixer des limitations de vitesse pour les navires de commerce sur certaines zones et de renforcer ainsi la vigilance des usagers de la mer. »
. Sensibiliser les communautés de communes
En attendant, d’autres pistes sont étudiées pour sensibiliser davantage les communes et les écoles. « L’un de nos objectifs, ajoute Alain Barcelo, est aussi de convaincre les communautés de communes afin qu’elles agissent, elles aussi, à leur échelle. » Les métropoles Nice Côte d’Azur et Cannes - Pays de Lérins ont toutes deux adhéré à l’Accord. « C’est aussi grâce à ces partenariats qu’on trouvera des idées géniales auxquelles on n’a peut-être pas pensé avant », confie le référent Pelagos pour la partie française.
. Devenir ambassadeur
Enfin, vous aussi vous pouvez devenir ambassadeur Pelagos, en trois petits clics sur Internet (1). Pas la peine d’être pêcheur, opérateur touristique ou commandant de sous-marin. On en compte près de 500 aujourd’hui qui promeuvent la bonne parole de l’Accord à leur humble niveau. « Grâce à ces personnes volontaires, résume Alain Barcelo, on peut ainsi sensibiliser le plus grand nombre aux bons comportements à adopter. » 1. Rens. www.sanctuaire-pelagos.org
Si on appliquait toute la réglementation, on multiplierait par ou par les résultats”
Denis Ody, responsable des programmes cétacés chez WWF
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