Var-Matin (Grand Toulon)

BONNE NOUVELLE POUR LES VICTIMES DE L’AMIANTE

Après dix ans de lutte et de procédures, les anciens salariés des chantiers navals ont obtenu gain de cause. L’État est jugé responsabl­e, toutes les victimes seront indemnisée­s.

- M. G. mguillon@nicematin.fr

On ne pouvait pas obtenir mieux ». C’est en effet une très bonne nouvelle qu’est venue présenter, aux anciens travailleu­rs des chantiers, l’avocate Julie Andreu, qui se bat depuis des années aux côtés de victimes de l’amiante. « Nous avons une évolution de la jurisprude­nce et on va pouvoir indemniser l’ensemble des dossiers », résumet-elle, faisant référence à l’arrêt de la cour administra­tive d’appel (CAA) de Marseille rendu début novembre. « Cette décision concerne 3 500 personnes, des anciens de la Normed, à La Seyne et à La Ciotat notamment », précise Henri Tite-Grès, président de l’associatio­n Caper 83 (Comité amiante prévenir et réparer), devant près de deux cents adhérents réunis à la Bourse du travail. « Depuis le début, poursuit l’avocate au barreau de Marseille, vous êtes tous reconnus victimes de l’exposition à l’amiante. La seule difficulté, c’est l’indemnisat­ion. L’arrêt de la cour d’appel de Marseille règle le problème de manière définitive car il dit qu’avant et après 1977, l’Etat a sa part de responsabi­lité. Avant, pour ne pas avoir légiféré assez tôt sur le risque. Après, pour ne pas avoir diligenté de contrôles pour vérifier si l’entreprise respectait les prescripti­ons. Il y a donc eu carence des services d’inspection du travail. Et grâce à ce jugement, le principe de l’indemnisat­ion par l’État est acquis pour tous ».

« On veut   euros pour tout le monde »

Reste que le montant des indemnisat­ions pourra toujours être modulé selon le parcours profession­nel des travailleu­rs. Des sommes pouvant aller de 2 000 à 15 000 euros, indique Julie Andreu. Pourquoi ? « Parce que, au tribunal, reprend Henri Tite-Grès, si on regarde l’ancienneté avant ou après 1977, ça restera très variable ». Cette situation pouvant amener des jalousies ou du ressentime­nt entre travailleu­rs, « il nous reste une solution pour que tout le monde soit indemnisé dans la même proportion : tenter une conciliati­on avec le ministère du Travail, et demander 4 000 euros pour tous ».

Le travail de l’avocate salué

Le président du Caper 83 évoque quelques raisons d’y croire : « Nous retenons ce que nous avons réalisé, avec le ministère de la Défense, sur la conciliati­on à 8 000 euros pour les salariés de DCN Toulon partis en pré retraite amiante. C’est un acquis important qui doit nous servir avec le ministre du Travail. Il y a aussi l’argument consistant à dire qu’on veut éviter l’encombreme­nt des tribunaux ».

De fait, si le ministre ne souhaite pas transiger, « on devra aller plaider plus de 3 000 dossiers, un par un, devant le tribunal administra­tif, complète Julie Andreu. Mais les montants seront à géométrie variable. Alors on va mettre sur la table tous les éléments qu’on a réunis et on va se donner toutes les chances pour faire aboutir la conciliati­on. » Les travailleu­rs concernés et leurs défenseurs vont donc devoir prendre, encore un peu, leur mal en

patience. D’autant qu’ « on est obligé d’attendre jusqu’au 7 janvier (soit deux mois après le jugement) avant de demander au ministère d’entrer dans la voie de la négociatio­n », conclut Julie Andreu dont l’interventi­on a été saluée par les applaudiss­ements nourris des anciens des chantiers.

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 ?? (Photos Laurent Martinat) ?? L’avocate Julie Andreu, qui défend de longue date les victimes de l’amiante, et Henri Tite-Grès, président du Comité amiante prévenir réparer (Caper ), sont venus annoncer la bonne nouvelle aux anciens des chantiers réunis à la Bourse du travail.
(Photos Laurent Martinat) L’avocate Julie Andreu, qui défend de longue date les victimes de l’amiante, et Henri Tite-Grès, président du Comité amiante prévenir réparer (Caper ), sont venus annoncer la bonne nouvelle aux anciens des chantiers réunis à la Bourse du travail.
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« Depuis  ans, vos dossiers ont permis ces évolutions en termes de reconnaiss­ance du préjudice d’anxiété et de responsabi­lité de l’État », a expliqué l’avocate aux adhérents de l’associatio­n.

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