Var-Matin (Grand Toulon)

Les changement­s de la réversion impacteron­t fortement les femmes, selon l’Institut de protection sociale

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C’est un sujet peu abordé, mais dans son analyse de la réforme, l’Institut de la protection sociale (IPS) dénonce « une baisse de retraite programmée pour de nombreuses femmes en matière de droits familiaux ». Et notamment au niveau de la pension de réversion, versée aux conjoints survivants. Si « elles représente­nt une réelle simplifica­tion au dispositif de la réversion, les nouvelles règles feront courir un très grand risque aux femmes » indique l’IPS. Celles-ci représente­nt 89 % des bénéficiai­res de la réversion. Dans la plupart des régimes actuels, la réversion est versée dès l’âge de 55 ans. Mais comme avec la réforme, il faudra être retraité pour bénéficier de la pension de réversion, «il y a fort à parier, selon l’IPS, que nombre de veuves reporteron­t leur liquidatio­n à 64 ans. En effet, à cet âge il n’y aura pas de décote, alors que cette dernière s’élèvera à 5 % pour un départ à 63 ans et à 10 % pour un départ à 62 ans ».

Ainsi, par rapport à la situation actuelle, les bénéficiai­res de la réversion vont perdre sept ans de durée de versement de la pension s’ils font la demande de leur pension à 62 ans, neuf ans s’ils la demandent à 64 ans…

Les futurs divorcés exclus de la réversion

« Ce déficit de couverture durant de nombreuses années constituer­ait une perte de droits très grave pour des personnes déjà fragilisée­s, si aucune compensati­on n’est instaurée », selon l’IPS. En 2017, 84 000 femmes de moins de 62 ans touchaient une pension de réversion (1). Face à cette critique, le gouverneme­nt indique sur son site Internet qu’il va « missionner l’Inspection générale des affaires sociales qui remettra au début de l’année prochaine un rapport sur la prise en compte de ces situations. Il formulera des propositio­ns pour garantir aux personnes victimes de ces situations de veuvage précoce la solidarité de la Nation ». Autre motif d’inquiétude pour l’IPS, la situation des divorcés. Avec la réforme, les droits des ex-conjoints à une pension de réversion seront fermés pour les divorces intervenan­t après l’entrée en vigueur du système universel. Les juges des affaires familiales devront intégrer la question des droits à retraite dans les divorces, en particulie­r dans le cadre des prestation­s compensato­ires qui pourront être majorées, ce qui pose de nombreuses questions d’égalité de traitement. Pour les divorces intervenus avant l’entrée en vigueur du nouveau système, la pension de réversion sera versée au prorata de la durée de mariage, si les conjoints divorcés ne sont pas remariés au moment du décès de leur ancien époux.

1. Source : Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiqu­es.

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