« Nous avons tracé le sillon »
La maison Morel présente dix à quinze nouvelles variétés par an. Chaque variété nécessite huit à dix ans de travail. Leurs noms ont été déposés : le Rebelle (du fameux rouge phare de la maison Morel), Fantasia (bicolore), Blush, Pipoca (pop-corn en portugais), Falbala (frangée), Indiaka (bicolore comme des plumes), Abanico (éventail en espagnol), Origami, Lilibelle, Smartiz (smart and easy en petits pots), Victoria (crête rouge, frangée sur le haut du pétale). Certaines font la renommée de la maison comme le Victoria et Fantasia et aujourd’hui, l’Indiaka et le Metalis. « Nous avons été les premiers à avoir ce Victoria 2N car il compte 48 chromosomes au lieu de 96 et ce sont les seuls sur le marché depuis plus de dix ans », précise Olivier Morel. Quant aux modèles miniatures, ils se sont développés ces dernières années, surtout auprès d’une clientèle plus jeune et citadine.
« Le marché du cyclamen s’est diversifié »
« Aujourd’hui, le marché s’est diversifié. La clientèle, notamment étrangère, est de plus en plus exigeante. Le nombre d’hybrides a explosé. Nous en commercialisons 350 variétés en six gammes selon la tonalité des couleurs, le feuillage, la taille des fleurs, la proportion des couleurs, la forme… », explique Olivier Morel.
« Nous avons été les promoteurs du marché »
L’entreprise varoise est le leader dans le monde sur ce marché depuis plus de quinze ans. « Les Hollandais sont très bons mais leurs produits sont très uniformes avec peu de couleurs. Nous avons été les promoteurs du marché dans la variété, la fantaisie, l’utilisation en extérieur, intérieur… Nous avons tiré tout le monde vers le haut. Nous avons tracé le sillon », assure son président. L’entreprise vend plusieurs dizaines de millions de graines chaque année à 70 pays. À environ cent euros le millier de graines, faites le calcul ! Car ici, le chiffre d’affaires n’est pas communiqué, en raison de la concurrence, nous a-t-on dit. « Nous produisons nos propres graines », insiste Olivier Morel. Une pollinisation qui se fait encore à la main. L’entreprise est ainsi divisée en deux : la société de production, Société civile d’exploitation agricole de Montourey, qui compte jusqu’à 80 salariés pendant les pics de production des graines (de novembre à mai). Et la société de commercialisation SAS Morel Diffusion qui récupère ces graines pour les compter, les conditionner et les vendre, composée ici de 26 salariés permanents, dont deux jeunes chercheuses, Céline Pesteil et Violaine Vanpouille (31 et 37 ans). Les jeunes femmes ont pris la succession de Guy Morel sur le volet scientifique. Ce trio féminin avec Héloïse Morel, la fille de Guy, veille sur le patrimoine génétique de l’entreprise et contribue à améliorer encore la qualité et la diversité des créations Morel.
Labels et inscription à la Collection nationale
Suite à la certification MPS de la production des graines hybrides F1 Morel en 2018 (le label international des entreprises écoresponsables), la société varoise a obtenu le label Fleurs de France. Il certifie l’origine française du matériel végétal, produit et commercialisé. Chez les Morel, tout est 100 % made in France et localisé à Fréjus : recherche, production, récolte de graines. Leur base de données génétiques compte plus de cinq cents variétés historiques, labellisée depuis 2015 par la Conservatoire des collections végétales spécialisées (CCVB) pour figurer dans la Collection nationale. « Nous sommes les seuls à le faire », précise Olivier Morel. Un outil utile pour conserver les graines produites ici il y a cinquante ans.
Une recherche avancée
Dans le cadre de la recherche, l’entreprise apporte aussi ses conseils de culture. Des appareils de captation des données climatiques ont été disséminés en France, en Hollande, au Mexique, au Japon, en Chine, au Canada… « Ces données sont récupérées directement ici sur notre ordinateur pour apporter des conseils sur mesure et savoir ce qu’il se passe au niveau climatique .»