DIX ANS DE PRISON POUR L’EX-LYCÉENNE
L’excuse de minorité a bénéficié à « Marie », devant la cour d’assises des mineurs. Sa peine, pour avoir tenté d’assassiner son camarade de classe, a tenu compte de ses capacités à évoluer
La jeune fille avait ans, en mai , quand elle a porté deux coups de couteau à un camarade de classe du lycée Costebelle à Hyères, le blessant grièvement. Elle a été condamnée, hier, par la cour d’assises des mineurs du Var, qui a retenu la préméditation malgré ses dénégations.
La cour d’assises des mineurs du Var a retenu, hier, la préméditation pour juger Marie, 20 ans, qui en avait 17 en mai 2017, lorsqu’elle a porté deux coups de couteau à un camarade de classe du lycée Costebelle à Hyères. Elle a également retenu l’excuse de minorité, mais a considéré que le discernement de l’adolescente n’était pas altéré au moment des faits. Pour cette tentative d’assassinat, Marie a été condamnée à dix ans de réclusion, prolongés par cinq ans de suivi sociojudiciaire.
Un crime par ennui
L’ennui existentiel conduit le plus souvent à… tuer le temps. Pour l’évoquer, dans le cas particulier de l’accusée, l’avocat général Thibault Appert a emprunté à Jean Giono. « L’ennui profond de Marie, l’a conduite à vouloir donner la mort, pour éprouver un semblant de vie. »
Deux coups de couteau dans des zones vitales, dont l’un porté de face. Dans sa matérialité, la tentative d’homicide laissait peu de place au doute. Pour sa défense, Marie avait expliqué qu’elle avait renoncé après le deuxième coup dans l’abdomen. « C’est inopérant, a estimé l’avocat général, parce que cette attitude intervient à un moment où elle ne peut savoir qu’il va survivre. Au moment des coups, elle était animée d’une intention homicide. » Sur la préméditation, il a noté que Marie avait ce projet de tuer quelqu’un au couteau depuis la classe de seconde. « Elle n’avait pas décidé que ce serait Baptiste. Elle dit que l’occasion s’est présentée. Moi je crois qu’elle guettait cette occasion, qu’elle attendait le moment où Baptiste serait de dos. » L’avocat général a demandé à la cour de conserver à Marie le bénéfice de l’excuse de minorité, qui pour une tentative d’assassinat portait le maximum de la peine encourue à vingt ans de réclusion. Il en a requis treize, ainsi que dix ans de suivi sociojudiciaire.
La défense contre la préméditation
Engagé dans la défense de Marie depuis son arrestation, Me Christophe Lopez déplorait le caractère « vague » de la notion de préméditation, qui n’impose pas qu’une cible soit désignée. «On peut la comprendre dans le cas des terroristes du Bataclan, qui n’ont aucune idée de qui ils vont tuer, mais qui ont décidé où et quand. Dans le cas de Marie, les psychiatres parlent d’une pulsion qui a débordé au moment où les coups ont été portés. Je considère que cette pulsion n’est pas compatible avec un acte prémédité. Est-ce par la survie de Baptiste, ou parce qu’elle a décidé de ne pas porter un troisième coup ? Je crois que la vérité est au milieu. » Me Lopez a également demandé à la cour, de dépasser la querelle des experts psychiatres, pour retenir au crédit de Marie l’altération de son discernement. C’est sur le registre de la personnalité de l’accusée qu’a plaidé Me Romain Callen. Il a délivré un message d’espoir, nourri des fondements de l’ordonnance de 1945 relative à l’enfance délinquante. « Pourquoi cet acte est-il inexplicable ? Parce que sa personnalité n’est pas achevée. Et si elle n’est pas achevée, c’est qu’il y a de l’espoir. Marie est accompagnée depuis deux ans et demi par une psychologue. Elle est intelligente, elle fait de bonnes études. N’oubliez surtout pas que vous jugez un être en devenir. » Le verdict a montré que l’avocat général tout comme les défenseurs ont été entendus.