Kirk Douglas, le Var au coeur
Disparu avant-hier à 103 ans, l’acteur de légende aimait promener sa silhouette de Spartacus sur le petit port varois. BB et Marisa Pavan qui le fréquentèrent durant l’âge d’or d’Hollywood se souviennent
De ses facéties cannoises avec Brigitte Bardot en 1953 à ses sorties en tenue de baigneur sur le port de SaintTropez dans les années 70 puis 80, Kirk Douglas aura longuement arpenté les rivages méditerranéens, transmettant d’ailleurs cette passion à son fils Michael, figure récurrente dans le paysage tropézien. « C’était une révolution quand il arrivait sur le port, mais il n’y avait pas cette hystérie qu’il existe aujourd’hui. À l’époque, on laissait les stars tranquilles, et c’est aussi pour cela qu’elles s’intégraient plus à la population du village », se souvient le Cépoun de Saint-Tropez, Serge Astézan, qui cite 20 000 lieues sous les mers comme référence absolue.
Monument en marche
Kirk, lui, aimait faire surface dans les flots ramatuellois durant les 50’s. Plus précisément à Tahiti, « Il est l’un de ceux qui ont lancé le mouvement à Pampelonne ! » avait l’habitude de conter feu Félix Palmari qui fit prospérer la célèbre plage où vinrent jadis s’encanailler Tyrone Power ou Errol Flynn, à bord de son yacht le Zacca.
Brigitte Bardot, qui entérina le mythe tropézien, correspondit avec lui jusqu’en 2017. « Vous avez été le premier homme de ma vie cinématographique dans Act Of Love. Cette rencontre fut brève mais inoubliable. J’ai toujours gardé pour vous une amitié éblouie et tendre », lui écrivaitelle pour ses 100 ans, le 9 décembre 2016, tout en le consacrant « star planétaire devenue monument historique ».« Avec Kirk se referme le grand livre d’or du cinéma américain et je perds avec lui une tendre amitié qui durait depuis 67 ans. Il reste immortel dans nos souvenirs et dans nos coeurs », ajoutait hier B.B émue. Même le chanteur Christophe, abonné aux étés grimaudois sur un voilier, y va de son souvenir. « Lorsque j’ai appris qu’il adorait “le Français qui chante Les Marionnettes”, j’étais aux anges, car c’est un grand ! »
Partenaire attachant
Quant à Marisa Pavan, veuve de Jean-Pierre Aumont installée à Gassin, c’est l’âge d’or du cinéma américain que fait ressurgir cette disparition. « À l’époque, Hollywood était une sorte de microcosme où tout le monde se croisait régulièrement au cours de cocktails ou des premières. Nous nous sommes connus par l’intermédiaire du comédien français Louis Jourdan (1921-2015 – né à Marseille, il fit l’essentiel de sa carrière aux États-Unis, Ndlr) qui était un ami de Jean-Pierre. De plus, l’épouse de Kirk, qui avait des origines belges, était très francophile. Nous nous sommes donc beaucoup fréquentés à cette période. Lorsque nous avons tourné ensemble dans la mini-série The Moneychangers (4 épisodes en 1976, Ndlr), il fut adorable sur le plateau. Mon rôle – je jouais sa femme internée – était particulièrement difficile physiquement et demandait une grande concentration. Lui me rassurait et fut adorable. De sa filmographie, je citerai The Champion en 1949, pour ce rôle de boxeur qui le révéla. C’est beau de partir centenaire mais ces dernières années, il n’était plus reconnaissable. Je pense qu’il est bien qu’il repose en paix désormais... », sourit-elle en clap de fin.