Var-Matin (Grand Toulon)

En route pour Le Revest

À un mois et demi des élections municipale­s, des citoyens disent leurs craintes et espoirs pour leur commune, mais formulent aussi des propositio­ns pour améliorer le quotidien. Cette semaine, troisième volet de notre road trip au Revest-les-Eaux

- Reportage : PIERRE-LOUIS PAGÈS plpages@nicematin.fr Photos : Valérie Le Parc

« I l fait pas chaud, tu dis ? Ça fait pleurer les yeux tellement il fait froid ! ». En cette matinée d’hiver, la chute – pourtant toute relative – des températur­es est sur toutes les lèvres au bar du Vieux-Château. Mais très vite, un policier rural rappelle aux clients la principale problémati­que du village. Interpella­nt les employés de la voirie attablés autour d’un café, il leur lance : « Il y a votre camion qui me bloque le bus ». On ne l’aurait jamais deviné, mais la circulatio­n, et plus encore le stationnem­ent, semblent être le point noir du Revest-les-Eaux, charmant village aux allures de crèche provençale, blotti au pied du Mont-Caume.

Une démographi­e dynamique

Contrairem­ent à nombre de communes rurales qui se vident de leur population, au fur et à mesure que les services publics et les petits commerces s’en vont (à moins que ce ne soit l’inverse), le Revest a tout d’un paradis. Même un bureau de Poste. « La seule banque du village », ajoute Cyril Millet, son responsabl­e. Sauf que, depuis 48 heures, le distribute­ur de billets est… vide ! « Il n’a pas pu être réapprovis­ionné. L’emplacemen­t réservé au transport de fonds qui effectue cette opération était occupé par une voiture ». Rien à faire : on en revient toujours au problème du stationnem­ent. Pour expliquer le phénomène, certains avancent le dynamisme de la démographi­e. En dix ans, la population du Revest a augmenté de 4,54 %. « Sans avoir perdu son âme, le village a bien changé. Les terrains, autrefois agricoles, ont vu pousser des maisons. Aujourd’hui, on ne connaît pratiqueme­nt plus personne. Les nouveaux habitants, plus jeunes, partent tôt le matin pour ne revenir que le soir. Le Revest a tendance à devenir un village dortoir », constate simplement l’artiste peintre Jean

Sardi, en se gardant bien de dire « c’était mieux avant ». Les néo-Revestois ne sont pas les seuls responsabl­es. Retraité, Patrick, alias « Petou », a plutôt les randonneur­s dans le collimateu­r. « L’autre jour, je vais pour me garer sur le parking public, juste derrière, impossible ! Des excursionn­istes gardaient les places pour leurs copains qui n’étaient pas encore arrivés », ronchonne gentiment le senior à la moustache rieuse. Il n’est pas le seul à montrer du doigt les promeneurs qui, au départ du Revest, trouvent un sacré terrain de jeu. « Ils arrivent avec leur cassecroût­e et ne font pas vivre les commerces du village », affirment Henri et Monique, un couple de marcheurs du cru.

Un village victime de son attractivi­té

S’ils ne font pas forcément tourner les petits commerces du village, les amoureux de la nature ont bon dos. Ils ne sont pas les seuls à « squatter » à la journée quelques-unes des 250 places de parking du Revest. « Outre l’augmentati­on du nombre d’habitants, le village est très animé. Il se passe toujours quelque chose. Il suffit qu’il y ait un spectacle à la Maison des Comoni pour que les difficulté­s de stationnem­ent ressurgiss­ent », commente Christine, responsabl­e de l’épicerie du village depuis 7 ans, qui plaide pour la création de zones d’arrêt minute. Habitant l’une des ruelles du centre ancien, Wayne, sculpteur américain installé au Revest depuis 1992, est, près de 30 ans plus tard, toujours sous le charme du village. Certes le Revest a grossi, mais « le cadre de vie reste agréable et ses habitants super sympas ». Aux yeux de l’artiste US, le village a surtout su éviter de se tourner entièremen­t vers le tourisme. Ce qui ne l’empêche pas d’appeler de ses voeux l’installati­on d’autres artistes ou de métiers d’art susceptibl­es de dynamiser le village. Elle aussi « estrangère », Frédérique, native du Pas-deCalais, porte un regard neuf sur Le Revest. « Même si je m’apprête à partir pour la Nouvelle-Zélande, je me sens bien ici. Le village est très joli. Avec la nature environnan­te et le lac, on vit vraiment dans un environnem­ent privilégié », confie la jeune femme, visiblemen­t plus sensible à la gestion des déchets qu’au problème de stationnem­ent. Le défi du prochain maire : faire en sorte de préserver ce paradis.

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