Coup mortel sur l’A : huit ans de prison pour un routier slovaque
Père de famille sans histoire, Yvan Bihari, routier d’expérience, apprécié de son employeur, a été condamné, hier, par la cour d’assises des Alpes-Maritimes à huit ans de prison. Il a été reconnu coupable de violences volontaires avec arme ayant entraîné la mort sans intention de la donner. Yvan et Roman, deux Slovaques, se partageaient le volant d’un semi-remorque qui sillonne l’Europe pour le compte d’une société autrichienne. Ils respectaient une pause obligatoire de vingt-quatre heures sur l’aire de repos des Bréguières, sur l’A8 à hauteur de Mougins le 18 juillet 2018, quand une dispute pour un motif futile a éclaté.
Dispute alcoolisée et coups mortels
L’alcool aidant, les deux collègues, qui avaient cohabité jusque-là sans difficulté, en sont venus aux mains. Roman, 2,63 g d’alcool dans le sang, a frappé Yvan (1,98 g). Ce dernier, alors qu’il préparait le repas, a perdu deux dents. Casserole dans une main, couteau de l’autre, il explique s’être défendu. Il a porté un seul coup à son adversaire. Mais un coup fatal. Le couteau a touché l’aorte thoracique. En cinq minutes, Roman, père de trois enfants, a succombé à sa blessure au coeur. Cette affaire, qualifiée au départ de meurtre, a été requalifiée en coups mortels. L’avocate générale Émilie Taligault a rappelé que l’accusé encourait vingt ans de réclusion, malgré l’absence de volonté de tuer. L’accusation a souligné, hier, à l’issue de deux jours de procès, qu’Yvan Bihari avait d’abord menti aux enquêteurs de la gendarmerie.
Alors que Roman hurlait de colère, « Yvan Bihari a bien eu un premier geste de violence en brisant une bouteille d’alcool. » Il a ensuite menacé de faire licencier Roman, ce qui ne risquait pas de calmer la victime. « Certes, Yvan Bihari est frappé dans un premier temps, mais il y a une disproportion dans la riposte. L’alcool est une explication, mais également une circonstance aggravante », a souligné Émilie Taligault en demandant dix ans d’emprisonnement. « Rien ne prédestinait M. Bihahir à se retrouver devant une cour d’assises » ,arappelé Me Emmanuelle Boukobza-Gaglio, avocate de la défense. L’alcool, «ce puissant psychotrope », dont a parlé l’expert psychologue, a joué un rôle majeur dans ce drame.
Il tente de réanimer son collègue
« Une fois le coup fatal porté, Yvan est pétrifié, tente de ranimer son collègue, appelle, paniqué, au secours. » L’accusé, rongé par les remords, dans l’attente d’une sanction, n’a jamais déposé la moindre demande de mise en liberté. « Cela fait quatre ans qu’il n’a pas entendu la voix de sa femme qu’il n’a pas vu ses enfants, ni grandir sa petite-fille », a rappelé son conseil. Particularité de la prison de Nice : impossible d’appeler à l’étranger depuis les cabines téléphoniques. Condamné, hier aprèsmidi, à huit ans de prison, l’accusé peut espérer à court terme, après trois ans et demi de détention, une libération conditionnelle. Il peut également demander à purger le reste de sa peine dans son pays, lui a précisé le président Patrick Veron à la fin du procès.