Crash de « Dropped » : une première mise en examen
Cinq ans après le drame de « Dropped », il s’agit de la première mise en examen : un Suédois, Peter Högberg, l’a été le 26 février 2019 pour « homicide involontaire » dans l’enquête sur l’accident d’hélicoptères qui a coûté la vie à dix personnes, dont la Niçoise championne olympique de natation Camille Muffat, la navigatrice Florence Arthaud et le boxeur Alexis Vastine, lors du tournage du jeu télévisé en Argentine, a révélé hier BFM TV. Cet ancien militaire des forces spéciales était chargé de la sécurité sur place pour le compte de la société Adventure Line Productions, qui produisait le jeu pour TF1. Il avait déjà officié sur de précédentes versions, notamment suédoise, de l’émission. D’après BFM TV, la justice le soupçonne de ne pas avoir vérifié les compétences, les qualifications ou encore l’état de santé des pilotes, ce que M. Högberg « nie en bloc ».
« Première étape »
Devant les juges, il aurait estimé qu’ « on ne peut pas donner la responsabilité aéronautique à une personne qui, premièrement, n’a pas une formation de pilote, et deuxièmement, ne connaît pas les règlements en vigueur » (la manoeuvre qu’ont réalisée les hélicoptères étant interdite en Argentine). Quant à sa responsabilité dans le recrutement des deux pilotes argentins âgés et présentant des problèmes de santé, il aurait déclaré que « ce n’était pas [son] rôle de contrôler ou de mettre en question des compétences des pilotes ». Lui-même comme son avocat, Me Axel Maldonado, se refusaient hier à tout commentaire. La mise en examen de Peter Högberg « est une première étape qui en appelle d’autres. Il était dans une position subalterne. Si lui a été mis en examen, d’autres vont nécessairement être mis en examen », a estimé l’avocate Solenn Le Tutour, qui défend l’Association des proches des victimes du crash d’hélicoptères de Dropped. « Le pauvre n’est qu’un bouc émissaire, qui prend alors qu’il n’est pas vraiment responsable », a estimé de son côté Gisèle Gilles, veuve du cameraman Edouard Gilles. Depuis au moins trois ans, Adventure Line Productions et le directeur de production sont pour leur part témoins assistés dans cette procédure, un statut intermédiaire entre celui de témoin et de mis en examen. S’ils restent témoins assistés jusqu’à la clôture des investigations, ils ne seront pas renvoyés devant le tribunal correctionnel. En parallèle à l’enquête pénale en France ouverte un mois après l’accident, les familles des victimes ont entamé au moins cinq procédures au civil contre Adventure Line Productions, mais qui sont pour la plupart suspendues à l’issue de l’enquête pénale. La société de production a été condamnée par deux fois, en 2018, pour « faute inexcusable » par le tribunal des affaires de Sécurité sociale des Hauts-de-Seine et de Lyon à verser des dommages et intérêts aux familles de deux victimes. Il existe par ailleurs une enquête pénale parallèle en Argentine.