Indispensable pour ce type de population
Déficient intellectuel, André a très peur de s’installer dans le fauteuil du cabinet dentaire itinérant, garé sur le parking de la Maison d’accueil spécialisée de Collobrières pour les adultes en situation de grande dépendance. L’accompagnatrice tente de le rassurer, il consent à s’asseoir, pas à s’allonger. Elle lui tient les mains pour garder le contact. Le Dr Sylvie Jullien lui parle avec douceur et touche sa peau avec la brossette et le système d’aspiration, pour montrer qu’elle ne lui fera pas mal. Pour ce chirurgien-dentiste pourtant spécialisée dans ce public (1), les trois à quatre vacations d’une journée effectuées chaque mois pour Handident peuvent être mouvementées. « C’est
super sportif ! », dit-elle. Avec des patients sévèrement handicapés, les griffures et morsures restent très rares, mais il faut s’attendre à des cris ou des refus de coopérer. « Certains ont eu une prémédication préalable, on utilise aussi du Meopa pour les détendre », informe la spécialiste. Aucune contrainte n’est exercée, «la contention bienveillante du personnel de l’établissement, rassure. Parfois on travaille à huit mains. En tout cas, les accompagnateurs, chapeau ! » ajoute-t-elle. Sylvie Jullien explique : « J’ai toujours beaucoup aimé ces personnes. J’avais une tante trisomique, je l’adorais. »
Touchée, elle l’est, surtout par « les traumatisés crâniens, ceux qui ont eu une vie comme vous et moi avant… »
L’assistante dentaire Sandrine Idier, qui l’épaule, est chargée de dessangler les équipements lors de l’installation du véhicule, de préparer le matériel, les instruments et même de vérifier les arrivées d’eau. Elle aide le chirurgien-dentiste pendant les soins, s’occupe ensuite du nettoyage, de la désinfection, et assure la partie administrative. Elle a aussi eu un lien avec ce type de patients dans le passé : « Je me suis occupée tous les week-ends, pendant quatre ans, d’un jeune handicapé. » Ayant travaillé dans des cabinets dentaires traditionnels, chez des spécialistes en orthodontie ou en implantologie, elle apprécie cette nouvelle mission pour
« l’absence de routine » et « la grande solidarité, la très belle entente dans l’équipe d’Handident ». Elle juge cette expérience professionnelle
« riche et merveilleuse ».
Magali Gotta, directrice des soins des établissements médico-sociaux de l’Ugecam Var, souligne de son côté : « Pour notre population, c’est indispensable. On a du mal à trouver des chirurgiens-dentistes sensibilisés au handicap, dont les cabinets médicaux sont accessibles. En outre, c’est souvent compliqué en salle d’attente. On ne peut pas éviter certains comportements, notamment les cris, alors qu’un cri n’est pas forcément signe de douleur. »
Et d’ajouter : «Onnepourrait plus envisager un autre système qu’Handident pour l’hygiène bucco-dentaire de nos résidents. Les familles ont confiance. »
1. Elle travaille en libéral au sein d’une clinique où elle assure des soins dentaires au bloc opératoire sous anesthésie générale pour les personnes handicapées ou des enfants non handicapées et dans cette même clinique des soins au fauteuil réservés à la personne handicapée, enfant ou adulte.