Attention au mélanome plantaire, difficile à repérer
Avec 4 000 à 5 000 nouveaux cas diagnostiqués et un millier de décès chaque année, le mélanome est une affection particulièrement violente. Ce cancer qui atteint le système pigmentaire est difficile à dépister surtout lorsqu’il se loge au niveau des pieds (mélanome plantaire). Podologue hospitalier et responsable du service pédicurie rattaché à la dermato-oncologie du Pr Grob de l’hôpital de la Timone, Michel Vadon déplore le manque de formation des podologues à la détection de ce type de mélanomes. «Onsait que plus tôt ils sont repérés, meilleur est le pronostic. Lorsqu’ils ne touchent que l’épiderme, la chirurgie donne de bons résultats. Mais quand le derme et l’hypoderme sont atteints, il est presque trop tard, indique Michel Vadon. Le problème, c’est qu’ils peuvent facilement passer inaperçus pendant des mois. Le mélanome achromique, par exemple, est dépourvu de couleur. On a vite fait de le confondre avec une verrue, un durillon infecté ou une ulcération plantaire. Si on le traite pensant qu’il s’agit de l’un de ces trois cas, cela ne va pas l’aggraver mais cela va retarder la prise en charge en dermato-oncologie. C’est d’autant plus complexe que ce type de tumeur ne provoque pas de douleurs particulières.»
Ressembler à un choc
Autre type d’affection cancéreuse localisée : le mélanome sous-unguéal (sous l’ongle). « Il est noir, et fait penser à un hématome. Dans un premier temps, apparaît une bande étroite et foncée au niveau de l’ongle. Ce qui doit alerter c’est lorsqu’elle ne s’évacue pas avec la pousse de l’ongle», signale Michel Vadon, avant d’adresser un message rassurant à destination des personnes à peau noire. « Elles présentent souvent des bandes colorées bénignes – celles-ci disparaissent avec la pousse. » En cas de mélanome sous-unguéal, il n’est pas rare que «les patients expliquent qu’ils n’avaient pas remarqué immédiatement ce noircissement, ou alors qu’ils pensaient que c’était lié à un choc ou à une chaussure. » C’est malheureusement ce qui est arrivé au chanteur Bob Marley : il pensait s’être blessé à l’ongle, il s’agissait en réalité d’un mélanome. « Dès lors qu’on a le moindre doute, il faut consulter un dermatologue, conclut Michel Vadon. Il va examiner la zone avec un dermatoscope et en cas de suspicion de mélanome, il pourra réaliser une biopsie pour confirmer le diagnostic et ensuite orienter le patient vers un oncologue spécialisé.»
Pour des raisons inconnues, les personnes à peau foncée sont un peu plus touchés par le mélanome plantaire. « Ce type de mélanome n’est pas lié à une surexposition au soleil, précise Michel Vadon. Il n’y a donc pas d’attitude à adopter pour prévenir leur apparition. La seule chose à faire, c’est de consulter un dermatologue en cas de doute. » Pour le professionnel, il faudrait « mieux former les étudiants en podologie ». En insistant «un peu plus et leur présenter des photos et vidéos de différents cas afin qu’ils puissent repérer plus aisément un mélanome plantaire. » Il va plus loin, proposant la création d’un master de dermatopodologie.