Var-Matin (Grand Toulon)

L’ÉDITO Quand La France insoumise aide La République en marche

- de MICHÈLE COTTA Journalist­e et écrivain edito@nicematin.fr

Sans le savoir, et sans le vouloir, assurément, à l’occasion de la première discussion de la loi sur les retraites par la commission spéciale de l’Assemblée nationale, les députés de La France insoumise sont peut-être en train de rendre un fier service à la majorité qu’ils combattent. Sur les   amendement­s qui ont été déposés par les élus sur le texte qu’ils ont à examiner,   émanent des amis de Jean-Luc Mélenchon. Inutile de dire que tous ne portent pas sur le coeur même du sujet, et qu’il est souvent question, dans les propositio­ns faites par eux, de virgules à changer de place ou de fautes d’orthograph­e à dénoncer. L’intention de la France insoumise est claire, ses dirigeants ne la cachent pas : apparaître, au Parlement comme dans la rue, comme les principaux, sinon les seuls, adversaire­s de la réforme. Il ne s’agit pas pour eux d’améliorer le texte qui leur est soumis, mais d’obtenir son retrait. Mais étaitce la meilleure voie à prendre ? Peut-être pas, et pour deux raisons. La première est que, sous l’avalanche de propositio­ns plus ou moins sérieuses, les élus de la majorité sont bien obligés de faire front commun. Voilà qui leur fera peut-être oublier la calamiteus­e séance sur le congé de deuil parental, où ils se sont vu reprocher par le Président lui-même de manquer « d’humanité », terme dont certains députés se sont dits indignés, et qui a fait tanguer la semaine dernière La République en marche. Mais les vraies attaques, les faux atermoieme­nts, les feintes colères, les assauts de leurs collègues Insoumis, joints aux menaces véhiculées sur les réseaux sociaux par ceux qui en sont proches, ont chaque heure davantage pour résultat de ressouder les troupes macroniste­s plutôt que de les faire voler en éclats. Une deuxième raison rend l’obstructio­n des mélenchoni­stes aussi inutile que systématiq­ue : si la commission ne termine pas ses travaux en temps voulu, c’est-à-dire mercredi prochain – la procédure législativ­e le prévoit –, la discussion s’engagera à partir du  février devant tout le Parlement cette fois, et sur le projet initial, intouché, du gouverneme­nt. Tous les amendement­s tomberont dans la poubelle de la (petite) histoire parlementa­ire. Après une première lecture à l’Assemblée, ce sera aux sénateurs qu’il reviendra d’amender le texte voté. Un seul sénateur s’y réclame de La France insoumise. Trop peu, même en y adjoignant les communiste­s, au nombre de douze, pour faire plus de bruit au Palais du Luxembourg qu’au Palais-Bourbon.

« Ces manoeuvres ont davantage pour résultat de ressouder les troupes macroniste­s que de les faire voler en éclats. »

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France