Coronavirus : l’Antibois Rudy Bourguignon confiné en Chine
Le préparateur physique de décathloniens, ancien champion de France, se trouve confiné dans un centre de la province du Sichuan depuis la mi-janvier. Son billet retour est annulé
Tout va bien. » Le décathlonien antibois, habitué à bien des épreuves, se confie depuis la Chine, d’une voix calme. Rudy Bourguignon, 40 ans, champion de France de décathlon et d’heptathlon en 2007, est pourtant au confinement dans la ville de Chengdu, capitale de la province du Sichuan (centre-ouest de la Chine). Le centre d’entraînement dans lequel il se trouve se situe à 1 100 kilomètres de Wuhan, foyer du coronavirus. Mais les autorités chinoises ne badinent pas : tout le monde doit rester confiné dans l’enceinte sportive. Rudy Bourguignon est préparateur physique. Il a, pendant plusieurs années, entraîné des athlètes à Antibes. Il assiste désormais le Nice Côte d’Azur Athlétisme (NCAA). L’an dernier, il avait travaillé en collaboration avec le club pour faire venir à Nice des athlètes chinois. Il est aujourd’hui coach sportif, consultant pour la Fédération d’athlétisme de la province du Sichuan. « Je suis arrivé le 6 décembre, je dois repartir fin février. Sauf que KLM a décidé de suspendre tous ses vols. Pour l’instant, je n’ai donc plus de billet retour. »
Rudy Bourguignon a appris qu’un virus mystérieux se propageait en Chine par son beau-père néerlandais. « Il m’a envoyé un article depuis les Pays-Bas. Je me suis dit que si l’info était partie si loin, c’est que ça devait être sérieux. » Depuis la mi-janvier, les athlètes et le personnel du centre ont été placés en confinement. « Il n’y a aucun malade. Mais nous ne pouvons sortir, ne serait-ce que pour aller visiter la ville voisine, que je n’ai vue qu’une fois, du coup. »
Il reste zen
La vie au quotidien se résume donc à l’astreignante discipline des sportifs de haut niveau, dans un centre gros comme le complexe CharlesErhmann à Nice. Le personnel se déplace avec masques et gants. Les entraînements n’ont pas été interrompus pour autant. « C’est bien géré, il n’y a pas de panique. On respecte les règles d’hygiène, se laver les mains, mettre les masques. Mais la seule détente extérieure possible, en dehors des séances, c’est un chemin circulaire qui fait le tour du centre. » Pour autant, Rudy Bourguignon reste zen. Plus préoccupé par l’annulation d’une compétition pour laquelle il préparait les athlètes. Elle devait se tenir à Nankin (dans l’est du pays), la ville dans laquelle étaient prévus les championnats du monde d’athlétisme en mars, repoussés eux aussi. Rudy a dû trouver d’autres objectifs pour les huit décathloniens chinois qu’il avait fait monter en puissance en prévision du rendez-vous. « On a décidé d’organiser une compétition entre nous, dans le centre, pour leur donner un objectif. » Rudy se dit serein par rapport à l’épidémie. « Il faut rester mesuré. C’est évidemment un drame, qui a tué près de 800 personnes. Mais la Chine, c’est 1,3 milliard d’habitants, et la grippe tue beaucoup plus chez nous chaque année. » Même s’il reste calme, le sportif guette avec impatience le retour en France, pour pouvoir retrouver ses proches, avec lesquels il échange quotidiennement. « Ils sont inquiets sans l’être, on gère », témoigne-t-il.