Disparition de Charles Atger, recordman de vol à voile et figure de l’aéronautique
Charles Atger est né en juin 1921, à Gréoux-lesBains. Dès son adolescence, il travaille comme agriculteur sur le domaine d’Aurabelle, appartenant à ses parents. Charles n’a qu’un rêve : voler, mais ses parents s’y opposent, notamment car il a eu un problème pulmonaire. Forte tête, le jeune Charles fait alors la grève de la faim jusqu’à ce qu’on l’emmène chez un docteur, qui le déclare apte, et il débute le vol à voile au centre de Saint-Auban, obtenant son brevet de pilote de planeur à 17 ans. Un an plus tard, en 1939, il passe son premier degré de pilote d’avion, la guerre l’empêche de continuer. Qu’importe, il s’engage comme volontaire dans l’aviation à Carcassonne, et joue de malchance alors qu’il est sur le point d’obtenir son brevet de pilote militaire : le jour de l’épreuve finale, tout est annulé en raison de la signature de l’Armistice du 22 juin 1940. Il rentre alors dans les Alpes-deHaute-Provence
et recommence à voler régulièrement en planeur à Saint-Auban et Saint-Rémy-deProvence, terrain à partir duquel il effectue, du 2 au 4 avril 1952, un vol de 56 h 15 minutes audessus des Alpilles, à bord d’un Arsenal Air 100 (le n°12). Il remporte ainsi le record du monde de durée de vol en planeur monoplace, en affrontant des conditions météorologiques difficiles : tempête, avec au programme un mistral soufflant violemment). Il visait les 60 heures mais, épuisé et malade, a dû se poser, (il aura perdu 5,4 kg). Ce record n’a jamais été battu, en dépit d’une tentative effectuée en 1956 par un homme de 21 ans, Bertrand Dauvin, qui s’écrase après 26 heures de vol. Après ce drame, la Fédération aéronautique internationale (FAI) a refusé de continuer à homologuer ce type de record, en raison du danger que présentait le vol de nuit. Charles ne veut qu’une chose : devenir pilote professionnel, mais des problèmes récurrents d’audition l’en empêchent. Il s’expatrie alors en Argentine, (bien qu’il ne parle pas espagnol), et y vole durant quarante ans, travaillant comme pilote d’avion-taxi, puis pilote agricole, et accumulant 33 600 heures de vol, ce qui constitue un autre record. En 1993, il rentre en France pour prendre une paisible retraite au coeur de son domaine. Entré dans la légende, il part, dans son sommeil, rejoindre le Petit Prince dans ce ciel qu’il avait dompté. Il avait 98 ans.