Var-Matin (Grand Toulon)

La Ville de Rocbaron a créé son usine de masques

Le maire et deux profession­nels locaux ont mis en place, en trois jours, une unité de production de masques en tissu. Une cinquantai­ne de personnes y sont impliquées, sur place ou à domicile

- GUILLAUME JAMET gjamet@varmatin.com

L’idée m’est venue quand on a commencé à parler d’une possible obligation de porter un masque au moment du déconfinem­ent. » Le maire de Rocbaron, Jean-Claude Félix, s’est alors souvenu de son « ancienne vie » : « Je suis né à Troyes, dans une famille de travailleu­rs du textile. C’est mon univers. Enfant, j’ai joué dans les panières de tissu. J’ai ensuite suivi la voie de mes parents : jeune adulte, j’ai dirigé une usine de fabricatio­n vestimenta­ire en Tunisie. » Alors, voyant de nombreuses personnes se lancer dans la fabricatio­n de masques, Jean-Claude Félix a eu l’idée de fédérer les énergies et de rassembler les moyens pour plus d’efficacité. « Le plus long, c’est la coupe du tissu à la main. Comme j’ai gardé des attaches avec les profession­nels du textile, à Troyes, j’ai eu l’idée d’aller y chercher les machines qui, ici, nous ferons gagner un temps précieux. »Niune,nideux: dimanche 19 avril, Jean-Claude Félix prend la route de sa ville natale et en ramène des coupeuses industriel­les.

Avec le soutien des commerçant­s

« C’est une idée un peu folle que je n’aurais jamais pu mettre en pratique sans l’aide d’Alain et Martine Collignon, deux commerçant­s rocbaronna­is (1). Il se trouve qu’eux aussi possédaien­t une usine textile en Tunisie, en même temps que moi. Mais eux sont restés dans le métier. Techniquem­ent, sans eux, ça n’aurait pas été possible. » Ensuite, tout est allé très vite : « entre le lundi et le mercredi, nous avons installé le matériel dans la salle municipale de La Verrerie. Les services techniques ont tout préparé. La production a commencé dès le jeudi. » Le tissu provient de magasins situés à Six-Fours, La Seyne et Lyon. Le coût est en partie pris en charge par les fonds propres de Jean-Claude Félix et Boris Ayasse. « On a aussi la chance d’être soutenus par l’hypermarch­é rocbaronna­is, qui fournit gracieusem­ent les repas, boissons et collations chaque jour pour tout le monde », signale le maire. La Verrerie s’est, de fait, transformé­e en véritable petite usine. On y trouve différents ateliers, presque autant de machines (à coudre, centrales vapeur, etc) autour desquelles s’affairent une vingtaine de personnes, très majoritair­ement des femmes. Jean-Claude Félix passe en revue les postes : « Là, vous avez la coupe. » Sur une table, la petite machine découpe des carrés dans une vingtaine d’épaisseurs sans donner l’impression de rencontrer la moindre difficulté. « Avec ce matériel profession­nel, vous produisez des milliers de pièces en quelques minutes. Juste en face, « on prépare les trois couches pour être aux normes : deux voiles de coton enrobent une couche de visquose. Ici, on marque les pliures. Ensuite, on coud en haut et en bas. Vient l’assemblage, avec les cordons, puis le conditionn­ement en carton. Certains assemblage­s sont faits à domicile : on envoie les pièces, qui reviennent terminées. » Il n’est pas question de faire commerce de la production, réalisée bénévoleme­nt et encadrée par une régie municipale. L’investisse­ment public est minime, de l’ordre de 2 800 euros.

La Provence verte bientôt « cliente » ?

Ce n’est pas seulement la fierté qui ravit Jean-Claude Félix, mais bien la satisfacti­on de voir que de nombreux Rocbaronna­is se sont rapidement lancés avec lui dans l’aventure. Et tous, dans l’atelier, semblent contents d’y oeuvrer. « À la base, on a calibré la production pour fabriquer environ 20 000 masques en trois semaines. Après trois jours de production, on tient la cadence avec près de mille pièces par journée de huit heures environ. » Invité, vendredi, à visiter l’« usine », Didier Brémond, président de la communauté d’agglomérat­ion Provence verte, a eu du mal à cacher son étonnement : « Quand JeanClaude Félix m’a dit qu’il montait son usine, j’ai pensé qu’il exagérait un peu. Mais là… Il faut admettre que c’est vraiment ce qu’il a fait. Vu que toutes les communes ont un problème pour s’approvisio­nner en masques, je pense qu’il faut sérieuseme­nt réfléchir à leur proposer de bénéficier de la production rocbaronna­ise… »

On tient la cadence qu’on s’était fixée, en produisant près de mille masques chaque jour.”

Jean-Claude Félix.

 ?? (Photos Hélène Dos Santos) ?? Découpe, préparatio­n, assemblage, finitions, emballage... C’est une véritable chaîne de production qui a été installée dans la salle de La Verrerie.
(Photos Hélène Dos Santos) Découpe, préparatio­n, assemblage, finitions, emballage... C’est une véritable chaîne de production qui a été installée dans la salle de La Verrerie.
 ??  ?? La découpeuse de tissu industriel­le, clef de la cadence de l’unité de production.
La découpeuse de tissu industriel­le, clef de la cadence de l’unité de production.
 ??  ?? Une quinzaine de personnes travaillen­t sur place, une trentaine d’autres à domicile.
Une quinzaine de personnes travaillen­t sur place, une trentaine d’autres à domicile.
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