Les jeunes prennent la plume pour le moral des aînés Saint-Julien
Pour rompre l’isolement, les résidents de l’Ehpad de reçoivent des lettres de la part des jeunes des villages aux alentours. Une initiative spontanée qui sera pérennisée
Alors que toute visite des familles est toujours impossible au sein de l’établissement, les pensionnaires de l’Ehpad (établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) de Saint-Julien profitent de courriers, envoyés par des jeunes des alentours. Ces correspondances sont lues et certains y répondent lors d’un atelier. « Les courriers n’ont pas de destinataire précis. On ne sait pas trop comment cela a commencé. Ce sont des jeunes qui se sont parlé entre eux, raconte Mariama Biziou, directrice adjointe de l’établissement . Des enfants de l’association “Li pichot galapian”, ainsi que des pensionnaires du MAS/FAM La Route
(1) d’Espigoule participent également, en faisant des dessins qui sont accrochés dans l’Ehpad. Je félicite les jeunes. Tout le monde apprécie cette initiative. Pour une fois, les anciens ne sont pas oubliés. » « Ce lien intergénérationnel continuera par la suite », affirme JeanPhilippe Binos, directeur du territoire haut Var de l’Adapei (2). À l’annonce des mesures de confinement, la mise en route a été délicate auprès des aînés. « Au départ, ça a été compliqué pour eux de se retrouver enfermés. Alors qu’ils ne sortent pas. Ils ne comprennent pas. Nous avons dû faire des réunions en petit comité pour leur expliquer, détaille Mariama Biziou. Tout se passe bien. Nous avons à disposition une psychologue qui intervient si jamais ils souffrent. »
Un pas en avant vers les technologies
En plus de ce contact épistolaire avec les jeunes, cette période a servi d’accélérateur vers les nouvelles technologies. La fondation Boulanger (chaîne de magasins d’électroménager) a fait don de treize tablettes. Une dotation qui est venue renforcer le matériel jusque-là sous-exploité. En évoquant les NTIC (nouvelles technologies de l’information et de la communication), les résidents ont dû penser aux tiques, ces diables d’arachnides acariens. Avant de sourire au moment de comprendre que ces inventions leur permettent de se retrouver en un clic face à leurs proches. « L’établissement a été fermé très tôt aux visiteurs. Nous avons dû nous réorganiser en interne, précise Mariama Biziou. Pour les visites, nous avons mis en place des appels vidéo. Ils sont calés en fonction de la disponibilité des familles. Nous leur laissons le temps dont ils ont besoin. S’ils ont des difficultés, des employés peuvent aider. Chaque vendredi, j’envoie un mail avec un montage vidéo des activités pour présenter aux familles ce qui a été fait pendant la semaine. » « Nous avons rapidement développé les nouvelles technologies, que nous n’utilisions pas beaucoup par le passé, avoue Jean-Philippe Binos. L’utilisation est désormais régulière. Cela a permis de démocratiser l’outil informatique. Cette pratique restera dans le futur. » Avec 80 retraités sur place, pas de place pour l’erreur. Tous les scénarios ont été étudiés pour pouvoir remédier à une alerte d’un premier cas de Covid positif. Que ce soit pour des résidents ou les salariés, des parties de bâtiments désertées ont été identifiées.
Précautions de rigueur
Les résidents sont confinés selon les différentes directives des instances compétentes. Seul le personnel entre et sort du bâtiment. Ainsi, ils représentent le seul vecteur de risques pour l’établissement.
Pour détecter le moindre symptôme, les salariés sont soumis à une routine mise en place depuis le début de la pandémie. « On prend la température de chacun au moment de la prise de poste, du retour de pause et lorsqu’il termine son service. Cela permet un suivi régulier, pointe Mariama Biziou. Au moindre doute, nous pouvons réagir. On les renvoie chez eux dès qu’ils dépassent les 38 degrés. » Le confinement strict n’est pas envisageable dans l’établissement, « car les personnes atteintes de démence ou d’Alzheimer ont besoin de déambuler. Nous avons défini une zone dédiée. » Une cellule de crise composée des diverses professions, ainsi que le siège toulonnais de l’Adapei surveillent au jour le jour l’évolution de la situation dans les établissements et au niveau national. Preuve de sa prudence, l’Adapei se penche à peine, en ce début de semaine, sur les modalités de visite du public. Signe de leur capital sympathie dans le haut Var, l’établissement a été choyé par de nombreux bienfaiteurs, comme par exemple « l’Occitane » qui livre chaque semaine une vingtaine de litres de gel hydroalcoolique, « les Petites mains du haut Var », qui fournissent des masques en tissu… « On parle souvent des personnes âgées de façon négative, donc ce soutien est très motivant et encourageant. On n’a pas eu de cas positifs au Covid et pas d’absent dans nos effectifs. » 1. Maison d’accueil spécialisée/ Foyer d’accueil spécialisé à Ginasservis 2. Association départementale de parents et d’amis de personnes handicapées mentales.