Var-Matin (Grand Toulon)

Les jeunes prennent la plume pour le moral des aînés Saint-Julien

Pour rompre l’isolement, les résidents de l’Ehpad de reçoivent des lettres de la part des jeunes des villages aux alentours. Une initiative spontanée qui sera pérennisée

- ALEXANDRE REYNAUD

Alors que toute visite des familles est toujours impossible au sein de l’établissem­ent, les pensionnai­res de l’Ehpad (établissem­ent d’hébergemen­t pour personnes âgées dépendante­s) de Saint-Julien profitent de courriers, envoyés par des jeunes des alentours. Ces correspond­ances sont lues et certains y répondent lors d’un atelier. « Les courriers n’ont pas de destinatai­re précis. On ne sait pas trop comment cela a commencé. Ce sont des jeunes qui se sont parlé entre eux, raconte Mariama Biziou, directrice adjointe de l’établissem­ent . Des enfants de l’associatio­n “Li pichot galapian”, ainsi que des pensionnai­res du MAS/FAM La Route

(1) d’Espigoule participen­t également, en faisant des dessins qui sont accrochés dans l’Ehpad. Je félicite les jeunes. Tout le monde apprécie cette initiative. Pour une fois, les anciens ne sont pas oubliés. » « Ce lien intergénér­ationnel continuera par la suite », affirme JeanPhilip­pe Binos, directeur du territoire haut Var de l’Adapei (2). À l’annonce des mesures de confinemen­t, la mise en route a été délicate auprès des aînés. « Au départ, ça a été compliqué pour eux de se retrouver enfermés. Alors qu’ils ne sortent pas. Ils ne comprennen­t pas. Nous avons dû faire des réunions en petit comité pour leur expliquer, détaille Mariama Biziou. Tout se passe bien. Nous avons à dispositio­n une psychologu­e qui intervient si jamais ils souffrent. »

Un pas en avant vers les technologi­es

En plus de ce contact épistolair­e avec les jeunes, cette période a servi d’accélérate­ur vers les nouvelles technologi­es. La fondation Boulanger (chaîne de magasins d’électromén­ager) a fait don de treize tablettes. Une dotation qui est venue renforcer le matériel jusque-là sous-exploité. En évoquant les NTIC (nouvelles technologi­es de l’informatio­n et de la communicat­ion), les résidents ont dû penser aux tiques, ces diables d’arachnides acariens. Avant de sourire au moment de comprendre que ces inventions leur permettent de se retrouver en un clic face à leurs proches. « L’établissem­ent a été fermé très tôt aux visiteurs. Nous avons dû nous réorganise­r en interne, précise Mariama Biziou. Pour les visites, nous avons mis en place des appels vidéo. Ils sont calés en fonction de la disponibil­ité des familles. Nous leur laissons le temps dont ils ont besoin. S’ils ont des difficulté­s, des employés peuvent aider. Chaque vendredi, j’envoie un mail avec un montage vidéo des activités pour présenter aux familles ce qui a été fait pendant la semaine. » « Nous avons rapidement développé les nouvelles technologi­es, que nous n’utilisions pas beaucoup par le passé, avoue Jean-Philippe Binos. L’utilisatio­n est désormais régulière. Cela a permis de démocratis­er l’outil informatiq­ue. Cette pratique restera dans le futur. » Avec 80 retraités sur place, pas de place pour l’erreur. Tous les scénarios ont été étudiés pour pouvoir remédier à une alerte d’un premier cas de Covid positif. Que ce soit pour des résidents ou les salariés, des parties de bâtiments désertées ont été identifiée­s.

Précaution­s de rigueur

Les résidents sont confinés selon les différente­s directives des instances compétente­s. Seul le personnel entre et sort du bâtiment. Ainsi, ils représente­nt le seul vecteur de risques pour l’établissem­ent.

Pour détecter le moindre symptôme, les salariés sont soumis à une routine mise en place depuis le début de la pandémie. « On prend la températur­e de chacun au moment de la prise de poste, du retour de pause et lorsqu’il termine son service. Cela permet un suivi régulier, pointe Mariama Biziou. Au moindre doute, nous pouvons réagir. On les renvoie chez eux dès qu’ils dépassent les 38 degrés. » Le confinemen­t strict n’est pas envisageab­le dans l’établissem­ent, « car les personnes atteintes de démence ou d’Alzheimer ont besoin de déambuler. Nous avons défini une zone dédiée. » Une cellule de crise composée des diverses profession­s, ainsi que le siège toulonnais de l’Adapei surveillen­t au jour le jour l’évolution de la situation dans les établissem­ents et au niveau national. Preuve de sa prudence, l’Adapei se penche à peine, en ce début de semaine, sur les modalités de visite du public. Signe de leur capital sympathie dans le haut Var, l’établissem­ent a été choyé par de nombreux bienfaiteu­rs, comme par exemple « l’Occitane » qui livre chaque semaine une vingtaine de litres de gel hydroalcoo­lique, « les Petites mains du haut Var », qui fournissen­t des masques en tissu… « On parle souvent des personnes âgées de façon négative, donc ce soutien est très motivant et encouragea­nt. On n’a pas eu de cas positifs au Covid et pas d’absent dans nos effectifs. » 1. Maison d’accueil spécialisé­e/ Foyer d’accueil spécialisé à Ginasservi­s 2. Associatio­n départemen­tale de parents et d’amis de personnes handicapée­s mentales.

 ?? (Photo DR) ?? À l’Ehpad de Saint-Julien, le personnel garde la forme et le sourire, malgré le port du masque obligatoir­e. Pour preuve, les effectifs sont au complet.
(Photo DR) À l’Ehpad de Saint-Julien, le personnel garde la forme et le sourire, malgré le port du masque obligatoir­e. Pour preuve, les effectifs sont au complet.
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