Var-Matin (Grand Toulon)

Leur production de muguet sauvée par Grand Frais

L’horticulte­ur Gérard Vignali et son épouse Martine ont sauvé leur saison. Dès aujourd’hui, leurs pots de muguet sont en vente dans tout le réseau français des magasins Grand Frais

- OLIVIER BOUISSON

Avec cette crise sanitaire sans précédent et ses conséquenc­es économique­s dont on ne mesure pas encore toute la portée, naissent toutefois de belles histoires. Celle que vivent Gérard et Martine Vignali, horticulte­urs installés à La Crau, vaut son pesant de clochettes. Producteur uniquement de muguet et de cyclamens, le couple joue la majeure partie de sa saison début mai, avec la diffusion de la plante délicate que l’on offre à ceux que l’on aime. En cette année appelée à entrer dans les livres d’histoire, patatras, la petite affaire familiale s’est retrouvée fort « mal barrée ». En cause, la fermeture des fleuristes et des grossistes jusqu’à nouvel ordre, décidée par le gouverneme­nt (lire encadré). En prévision d’une année au rabais, les Vignali ont limité leur production en ne plantant que la moitié des griffes habituelle­s. Exit les coupes de plusieurs brins et les compositio­ns. « On a cherché des clients pour écouler la production mais on n’en a pas trouvé beaucoup... » concède Martine. Quelques primeurs, deci de-là, pas plus. C’est alors que la pugnace chef d’entreprise s’est mise en tête de contacter l’enseigne Grand Frais dont elle est une cliente fidèle. Direction le magasin de La Garde pour recueillir les bons contacts. On la renvoie vers le siège social situé à Givors (Rhône). Elle trouve un numéro de téléphone et tombe sur un répondeur qui lui dit d’envoyer un mail. Elle s’exécute. Dix jours après, toujours pas de nouvelles. Qu’à cela ne tienne ! Martine rappelle jusqu’à avoir une standardis­te au bout du fil. Après entretien et lecture du mail, la standardis­te la rappelle et la met en relation avec une personne du service marketing. « On va vous aider », lui glisse-t-on. Audelà de ses espérances.

« Ils ont été touchés par mon désespoir »

L’enseigne nationale lui propose de lui acheter la totalité de sa production, soit plusieurs dizaines de milliers de pots. « Ils ont été touchés par mon désespoir. Où je me suicidais où je trouvais Grand Frais. J’ai trouvé Grand Frais, mon sauveur et j’ai trouvé Melissa, cette petite standardis­te qui est parvenue à faire remonter ma demande. Melissa,

c’est notre porte-bonheur ! », confie avec émotion Martine Vignali. Qui a ensuite été en contact régulier avec le service marketing, pas habitué à distribuer des fleurs dans ses magasins. Mais davantage rodé à la mise en valeur d’un produit. « Ils nous ont demandé une photo de Gérard qui sera présente sur tous les pots vendus ! », n’en revient toujours pas son épouse. Le Craurois ne sera pas forcément visible dans tout le pays puisque l’enseigne a trouvé d’autres producteur­s de muguet ailleurs en France, à Nantes notamment, afin d’en proposer aux clients de ses 133 magasins. Cinq d’entre eux sont situés dans le Var, trois dans la métropole toulonnais­e, à La Garde, Hyères et La Seyne, mais aussi à Cogolin et Puget-sur-Argens.

Bénéfices reversés

Les bénéfices de la vente des pots de muguet des Vignali n’iront pas dans les caisses de l’entreprise. Celle-ci s’est

engagée à en reverser 50 % aux fleuristes de l’horticulte­ur craurois et les autres 50 % iront à la Fondation des hôpitaux de France. « On a sauvé les murs, c’est tout. Ce sera une année blanche, mais Grand Frais nous permet de continuer », glisse Martine. Gérard Vignali, 40 ans d’amour du muguet accrochés à la boutonnièr­e, pourra continuer son activité l’an prochain, conserver son employé et faire revenir au printemps 2021 sa centaine de saisonnier­s. Ce « corona-muguet » restera, pour le couple, le souvenir d’une belle histoire.

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