Leur production de muguet sauvée par Grand Frais
L’horticulteur Gérard Vignali et son épouse Martine ont sauvé leur saison. Dès aujourd’hui, leurs pots de muguet sont en vente dans tout le réseau français des magasins Grand Frais
Avec cette crise sanitaire sans précédent et ses conséquences économiques dont on ne mesure pas encore toute la portée, naissent toutefois de belles histoires. Celle que vivent Gérard et Martine Vignali, horticulteurs installés à La Crau, vaut son pesant de clochettes. Producteur uniquement de muguet et de cyclamens, le couple joue la majeure partie de sa saison début mai, avec la diffusion de la plante délicate que l’on offre à ceux que l’on aime. En cette année appelée à entrer dans les livres d’histoire, patatras, la petite affaire familiale s’est retrouvée fort « mal barrée ». En cause, la fermeture des fleuristes et des grossistes jusqu’à nouvel ordre, décidée par le gouvernement (lire encadré). En prévision d’une année au rabais, les Vignali ont limité leur production en ne plantant que la moitié des griffes habituelles. Exit les coupes de plusieurs brins et les compositions. « On a cherché des clients pour écouler la production mais on n’en a pas trouvé beaucoup... » concède Martine. Quelques primeurs, deci de-là, pas plus. C’est alors que la pugnace chef d’entreprise s’est mise en tête de contacter l’enseigne Grand Frais dont elle est une cliente fidèle. Direction le magasin de La Garde pour recueillir les bons contacts. On la renvoie vers le siège social situé à Givors (Rhône). Elle trouve un numéro de téléphone et tombe sur un répondeur qui lui dit d’envoyer un mail. Elle s’exécute. Dix jours après, toujours pas de nouvelles. Qu’à cela ne tienne ! Martine rappelle jusqu’à avoir une standardiste au bout du fil. Après entretien et lecture du mail, la standardiste la rappelle et la met en relation avec une personne du service marketing. « On va vous aider », lui glisse-t-on. Audelà de ses espérances.
« Ils ont été touchés par mon désespoir »
L’enseigne nationale lui propose de lui acheter la totalité de sa production, soit plusieurs dizaines de milliers de pots. « Ils ont été touchés par mon désespoir. Où je me suicidais où je trouvais Grand Frais. J’ai trouvé Grand Frais, mon sauveur et j’ai trouvé Melissa, cette petite standardiste qui est parvenue à faire remonter ma demande. Melissa,
c’est notre porte-bonheur ! », confie avec émotion Martine Vignali. Qui a ensuite été en contact régulier avec le service marketing, pas habitué à distribuer des fleurs dans ses magasins. Mais davantage rodé à la mise en valeur d’un produit. « Ils nous ont demandé une photo de Gérard qui sera présente sur tous les pots vendus ! », n’en revient toujours pas son épouse. Le Craurois ne sera pas forcément visible dans tout le pays puisque l’enseigne a trouvé d’autres producteurs de muguet ailleurs en France, à Nantes notamment, afin d’en proposer aux clients de ses 133 magasins. Cinq d’entre eux sont situés dans le Var, trois dans la métropole toulonnaise, à La Garde, Hyères et La Seyne, mais aussi à Cogolin et Puget-sur-Argens.
Bénéfices reversés
Les bénéfices de la vente des pots de muguet des Vignali n’iront pas dans les caisses de l’entreprise. Celle-ci s’est
engagée à en reverser 50 % aux fleuristes de l’horticulteur craurois et les autres 50 % iront à la Fondation des hôpitaux de France. « On a sauvé les murs, c’est tout. Ce sera une année blanche, mais Grand Frais nous permet de continuer », glisse Martine. Gérard Vignali, 40 ans d’amour du muguet accrochés à la boutonnière, pourra continuer son activité l’an prochain, conserver son employé et faire revenir au printemps 2021 sa centaine de saisonniers. Ce « corona-muguet » restera, pour le couple, le souvenir d’une belle histoire.