« On ne parle que de basket... »
S’il y a un club qui peut regretter l’arrêt du championnat de Pro A, c’est bien la JDA de Laurent Legname. Toutefois, l’entraîneur varois relativise devant l’ampleur de la crise sanitaire
À42 ans, le coach de la JDA est sans conteste l’un des meilleurs techniciens de la Jeep-Élite. Cette saison, le trophée de meilleur coach de l’année lui était d’ailleurs très certainement réservé. Ce qui aurait été une juste récompense pour celui dont la science tactique - un vrai régal pour les puristes - et le sens du management font qu’il parvient toujours à tirer le meilleur de ses joueurs.
« Dijon joue le meilleur basket en France »
Le Varois a depuis plusieurs saisons posé son empreinte sur le championnat français. À tel point qu’un certain Tony Parker n’a pas hésité à dire, lors de la dernière Leaders Cup que « Dijon jouait cette saison le meilleur basket en France ». La formation dijonnaise occupait alors la place de leader, ex aequo (21 victoires - 4 défaites) avec les deux mastodontes de la Jeep-Élite que sont Lyon Villeurbanne et Monaco. Puis, comme tout le monde, elle a été stoppée net par ce fichu Covid-19. Les Dijonnais ont malgré tout eu la belle idée de remporter le seul trophée de la saison, la Leaders Cup, soulevé en février dernier à l’issue de trois prestations de très haut vol. « Loul » est aujourd’hui confiné dans la capitale bourguignonne. « On va dire que ça va... J’essaie de ne pas trop me déconnecter du basket. Ce serait trop difficile de tout couper. La situation est pour le moment dans le flou. On en saura un peu plus d’ici quelques jours sur la Jeep Élite qui ne reprendra pas avant le mois de septembre. la LNB (Ligue nationale de basket) va quant à elle se prononcer très prochainement » nous confie-t-il. Plusieurs solutions sont à l’étude, mais une seule sera retenue par la LNB. « Celle-ci ne satisfera sans doute pas l’ensemble des clubs. Il faudra cependant la respecter, et je la respecterai. À situation exceptionnelle, décision exceptionnelle... Nous ne parlons que de basket. Il y a des choses bien plus graves et bien plus importantes avec cette terrible pandémie. » Pour lui, néanmoins, il existe une « moins pire » solution : « il est difficile de jeter à la poubelle 75 % de la saison qui s’est jouée. Arrêter le championnat et repartir sur une nouvelle saison en conservant le classement actuel serait, je trouve, le plus juste. Cela permettrait à des équipes comme Bourg-en-Bresse (5e) ou Cholet (6e) de valider leur très belle saison respective. Nous savons également et, malheureusement, que pratiquement toutes les équipes ne repartiront pas avec le même effectif. » L’arrêt de la saison, alors que la JDA occupait le haut du panier, est forcément difficile à encaisser. « Il y a bien sûr de la frustration même si, je répète, il faut relativiser au regard de la crise que nous vivons. Il est clair que nous étions en course sur les trois tableaux. On peut néanmoins, si l’on regarde le verre à moitié plein, se targuer d’avoir remporté le seul trophée de la saison » rajoute le technicien varois qui réalise depuis plusieurs saisons des prouesses avec l’une des plus petites masses salariales de la Jeep Élite.
« Le résultat d’un énorme travail »
« C’est avant tout le résultat d’un énorme travail. La JDA est maintenant reconnue, notamment au niveau de son projet de jeu, où l’état d’esprit des joueurs tient une part prépondérante. Les joueurs savent dès le départ dans quel projet et dans quelle organisation ils vont devoir s’investir. » Dijon a aussi cette faculté de rarement se tromper sur son recrutement, même si « Loul » ne partage pas cet avis. « On ne se trompe pas moins que les autres clubs selon moi. Cela nous arrive de couper des joueurs. Mais ceux qui signent chez nous connaissent désormais mon degré d’exigence et le respect du collectif. Ils savent aussi qu’il ne faudra rien lâcher sur le terrain. J’ai également la chance de pouvoir m’appuyer sur une très belle ossature de joueurs (Holston, Julien, Leloup, Chassang, Loum). Certains d’entre eux arrivent à maturité et poursuivent leur progression. » Le degré d’exigence de l’ancien sniper à (très) longue distance de Hyères-Toulon a fait de la JDA l’équipe qui produit le plus beau basket, et ce des deux côtés du terrain. Certains lui prédisent d’ailleurs une très belle carrière. « J’ai effectivement l’ambition de diriger un jour une grosse écurie française ou bien étrangère. Cela fait partie du cursus pour ma progression. Je suis avant tout un compétiteur, au même titre que les joueurs, mais je tiens à souligner que j’ai encore un an de contrat avec la JDA. » Le coach varois a aussi mis de l’eau dans son vin (mais pas dans le Bourgogne !) avec les arbitres. « C’est un secteur dans lequel je devais m’améliorer. D’autres personnes ont fait le même constat. Cela me fait vraiment très plaisir mais je vous rassure... j’ai gardé mon caractère, on ne me l’enlèvera pas ! » Pas question également de lui enlever son amour pour le Var, son département d’origine. « J’ai une grosse pensée pour mes amis qui sont toujours là-bas. Le Var reste toujours dans un coin de ma tête. » Ici aussi personne ne l’a oublié.
On peut se targuer d’avoir remporté le seul trophée de la saison”