Marc Vuillemot : « Nous voilà à l’orée d’une sortie de crise hasardeuse »
Contraintes, incertitudes, annonces jugées inquiétantes, silences sur des enjeux considérés comme majeurs... L’intervention du Premier ministre sur la stratégie nationale de déconfinement est passée au crible par Marc Vuillemot, maire de La Seyne et président de l’association nationale Ville et banlieue de France. « Le Premier ministre affirme “vouloir laisser aux autorités locales le soin d’adapter”, mais il a, dans le même temps, fixé des cadres qui ne semblent pas négociables », observe Marc Vuillemot. Et de citer la réouverture des écoles, « qui n’est pas une possibilité, mais une obligation, avec des dates fixées selon le niveau des élèves et un nombre d’élèves accueillis par classe fixé à 15 (ce qui est insensé, très peu de salles de classe permettant de respecter une distanciation physique avec un tel effectif) ». Dans le même temps, « l’État fait supporter aux familles la responsabilité de trancher entre l’instruction de leurs enfants et la santé de leur foyer, mais beaucoup ne pourront pas exercer cette liberté parce qu’ils seront contraints de reprendre le chemin du travail », estime le maire de La Seyne.
« Des incertitudes devront être levées »
Il juge par ailleurs que des incertitudes « devront être levées : les crèches doivent-elles ou peuvent-elles être rouvertes dès le 11 mai ? Les personnels des CCAS, appelés à participer aux “brigades départementales de traçage”, et qui ne sont pas habilités à connaître le secret médical, pourront-ils ou devront-ils être mobilisés par les préfets ? Avec quelle contrepartie pour leur employeur ? », s’interroge Marc Vuillemot. Qui relève aussi qu’« aucune annonce n’a été faite quant à la restauration scolaire, pourtant indispensable pour certaines familles ».
« Des annonces inacceptables »
Enfin, le maire de La Seyne considère que le discours du Premier ministre comporte « des annonces et des omissions inacceptables » . Il les énumère : « l’État ne s’est engagé à fournir ni les masques nécessaires à tous les Français, ni les tests de dépistage indispensables ou obligatoires. L’annonce d’un soutien de l’État aux acquisitions des masques par les collectivités locales est doublement injuste : seules les collectivités n’ayant pas encore passé commande recevront une aide financière ; et celleci sera limitée à 50 % du coût, avec un prix plafond, sans considération de la possibilité financière des collectivités ». Plus généralement, poursuit Marc Vuillemot, « rien n’est annoncé pour la compensation des frais engagés par les collectivités locales pour la crise sanitaire, en lieu et place de l’État, ce qui risque de les rendre frileuses à poursuivre leurs dépenses pourtant indispensables. Rien n’est annoncé sur les moyens de lutter contre la faim qui tenaille de plus en plus de nos concitoyens les plus humbles. Rien n’est annoncé quant au soutien aux services publics qui prouvent qu’ils sont le vrai rempart des drames en cette période. Rien quant à la revalorisation des métiers en première ligne dans la crise sanitaire... » Et l’intéressé de conclure, sans concession : « Après une gestion de crise calamiteuse, nous voilà à l’orée d’une sortie de crise hasardeuse. Les Seynois, comme tous les Français, ne devraient hélas pas être plus rassurés aujourd’hui qu’hier ».