Var-Matin (Grand Toulon)

Le traiteur Gaudefroy mise sur une reprise très light !

Alexandre Gaudefroy est le jeune président de cette entreprise familiale varoise d’événementi­els. Pour son baptême du feu, c’est une pandémie qui s’est invitée à sa table…

- RECUEILLI PAR FRANÇOIS BAILLE

C’est une belle histoire de famille. Depuis 25 ans, Gaudefroy, Réceptions, Traiteurs de France, a pignon sur rue. Des Varois bien implantés à Ollioules, qui font le bonheur des jeunes mariés, des organisate­urs de soirées événementi­elles et des cocktails de prestige. Cette année, Gilles Gaudefroy a passé le relais à son fils, Alexandre. Ce jeune ingénier en logistique de 31 ans perpétue le savoir-faire de l’entreprise. Mais, une crise sanitaire sans précédent est venue bouleverse­r l’économie florissant­e (cinq millions deux cent mille euros de chiffre d’affaires en 2019) du traiteur. Depuis le 15 mars, les employés sont aux chômages partiels. Seul aux commandes, il reste entouré de ses deux chefs de cuisine, Damien Lasserre et Brice Escardot. À ce jour, Alexandre redoute une perte de trois millions d’euros de son chiffre d’affaires. Malgré la crise, l’homme reste confiant et peaufine, avec sagesse, un retour à des jours meilleurs pour son activité. Mais par étapes.

Pouvez-vous nous décrire la situation de l’entreprise Gaudefroy après six semaines de confinemen­t ? Ce qui est important, c’est que nos employés vont bien, comme nos fournisseu­rs. Dans notre malheur, on a la chance de ne pas avoir de souci de santé autour de nous. Notre entreprise est à l’arrêt depuis le  mars. On a vingt-six personnes au chômage partiel. On a gardé notre directeur de la restaurati­on et notre chef de cuisine, pour pouvoir faire de l’innovation et préparer la suite. Notre responsabl­e commercial est aussi à nos côtés. Son rôle est de rassurer nos clients et de trouver des solutions (autres dates) à cause des annulation­s dues au confinemen­t. Nous avons la partie traiteur, la boutique et notre restaurant à Sanary qui sont à l’arrêt total. On espère pouvoir reprendre notre activité au plus vite. À ce jour, notre chiffre d’affaires est de zéro pour le mois d’avril. En revanche, nous assurons les frais de nos loyers, de nos charges et celles de nos salles de réception.

Comment envisagez-vous votre corps de métier dans les mois à venir ? Nous sommes dans l’attente des décisions prises par le gouverneme­nt et des conseils sanitaires à respecter, à la reprise de notre travail, sans doute, fin mai. En ce qui concerne notre restaurant, on est suspendu au contenu de ce fameux « livret » des bonnes pratiques qui seront obligatoir­es à mettre en place pour la réouvertur­e. En parallèle, on travaille au quotidien avec nos deux chefs de cuisine pour être prêts au bon moment. On reste actifs, mais on attend des règles précises de l’État. On a anticipé la commande de masques, de gel et de plexiglas pour être opérationn­els dans les plus brefs délais. Concernant l’avenir de notre métier, il faut créer des concepts où les gens vont avoir suffisamme­nt de place pour ne pas trop se croiser tout en profitant d’une belle réception ou d’un mariage.

Comment allez-vous vous organiser au lendemain du  mai ? Premièreme­nt, on va rouvrir notre boutique, rue Lamalgue à Toulon. C’est un miniévénem­ent ! Malheureus­ement, les gens ne pourront pas aller au restaurant, mais vont avoir envie de se réunir, de voir leurs amis, leurs familles. Avec notre commerce, nos traiteurs vont offrir tout un choix de produits intéressan­ts. Pour se faire plaisir à la maison en petit comité. Deuxième axe, c’est le restaurant. Et pour terminer, l’événementi­el. À quoi va ressembler notre métier dans un an ? C’est une réflexion prioritair­e à avoir en commun avec notre associatio­n, Les Traiteurs de France .Ilfaut savoir que nous sommes capables de livrer nos clients avec toute notre infrastruc­ture. Le tout sera de s’adapter à la taille de la salle et du nombre d’invités. Mettre en avant nos producteur­s locaux, cuisiner les produits frais et français. Il faut proposer à nos clients une vraie expérience culinaire de notre région.

Pensez-vous que cette pandémie mondiale va changer le comporteme­nt des gens sur leur mode de consommati­on ? Je pense qu’il va y avoir deux types de comporteme­nt. Des individus qui ne voudront rien changer et je peux le comprendre car ils n’en auront pas les moyens, que ce soit financier ou par habitude. Et d’autres, qui vont regarder les choses autrement. Ce qui est sûr, c’est que demain des gens iront toujours au fast-food et d’autres dans de bons restaurant­s. Nous, la maison Gaudefroy, on aimerait combiner ces deux axes. Il est aussi impératif de proposer à nos clients des produits locaux. L’idée est d’avoir une diversité dans nos offres tout en respectant la production de nos maraîchers.

La fête est finie ou est-elle juste sur « pause » cette année ? Non, non, la fête n’est pas finie ! Dans un premier temps, les gens vont se réunir chez eux, avec leurs amis, en respectant bien entendu les gestes barrières. J’ai dans l’idée de faire une offre « événementi­el » locale. Chacun chez soi, tout en se faisant plaisir. Plus tard, le retour au restaurant va redonner un lien social et une joie de vivre. On a hâte de retrouver nos clients, nos mariés dès la fin juin, nos sportifs et dirigeants du RCT... Car l’envie de les faire rêver à nouveau reste notre plus beau challenge.

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(Photos F. B. Alexandre Gaudefroy dans les cuisines « vides » du centre de préparatio­n d’Ollioules.
 ?? (Photos F. B.) ?? Les camions aux couleurs de cette entreprise sont bien connus des Varois.
(Photos F. B.) Les camions aux couleurs de cette entreprise sont bien connus des Varois.
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