Var-Matin (Grand Toulon)

Didier Gouillet : « Nous n’avons pas un gramme de miel... »

En période de confinemen­t, les apiculteur­s sont autorisés à poursuivre leur activité. Si la saison démarre timidement, le moral n’est pas en berne. Même si la crise sanitaire impacte les ventes

- M. B. mbescond@nicematin.fr

Nous sommes libres comme l’air ! Comme nos abeilles ! », plaisante Didier Gouillet. L’apiculture fait partie des profession­s dont l’activité est autorisée, malgré le confinemen­t. Et l’Ampusien s’en réjouit. «On est bien conscients de la chance que l’on a de pouvoir continuer à travailler. On pense à tous ceux pour qui ce n’est pas le cas... » Qu’en est-il de la production en ce début de saison ? La diminution de l’activité humaine a-t-elle eu un effet sur les abeilles ? Quel est l’impact de la crise sur les ventes ? L’apiculteur fait le point.

Une vingtaine de tonnes produite

Basé à Ampus, Didier travaille en famille, avec le concours de son épouse et de son fils. Et avec près de 800 ruches au compteur, il y a de quoi faire. Tous les ans, ils récoltent en moyenne une vingtaine de tonnes de miel. « Principale­ment du miel de lavande et toutes fleurs de Provence. Mais aussi du miel de châtaignie­r, de pin, de tilleul… La production est très fluctuante, d’une année à l’autre on peut avoir des différence­s de plus ou moins 40 %. » La crise sanitaire bouleverse-t-elle leur manière de fonctionne­r ? Pas vraiment. « Dans les ruchers, on est toujours seul, donc il n’y a pas de problème de distanciat­ion sociale, explique Didier. Nous poursuivon­s notre activité tout à fait normalemen­t. » Reste qu’à l’annonce du confinemen­t, l’inquiétude était de mise. « On a eu un peu peur au début. On a alors rapproché des ruchers de notre maison pour pouvoir s’en occuper comme d’habitude. On ne peut pas dire qu’il y a un quelconque effet du confinemen­t pour nous. Ni que la production est meilleure du fait de la réduction de l’activité humaine. La seule chose qui change, ce sont les routes complèteme­nt fluides. Pour nous c’est pas mal, même si de toute façon, on conduit toujours de nuit lorsque l’on déplace les ruches avec les abeilles à l’intérieur. Nous avons juste à présenter nos attestatio­ns lorsque l’on se fait contrôler. » Là où le confinemen­t touche l’activité, c’est évidemment sur les ventes. « On a perdu celles des marchés. Mais on continue de livrer les supermarch­és et on a aussi un point de vente directe sur rendezvous à Ampus. Et puis on a des pertes en lien avec le tourisme. Les vacances de février et de Pâques sont habituelle­ment une grosse période pour nous. Ça représente quand même une grosse baisse de chiffre d’affaires. Même si celles en supermarch­és restent stables. » L’inquiétude passée, les trois apiculteur­s continuent donc de travailler, presque comme si de rien n’était. « Heureuseme­nt, on a pu faire transhumer nos ruches comme d’habitude, pour pouvoir obtenir des miellées

(1) plus favorables. » Car les ruches suivent les fleurs. « Actuelleme­nt, on en a par exemple installé dans le nord de la Drôme, pour des miellées d’acacias. » Placées en hivernage dans la région, dans des lieux sauvages, elles sont ensuite déplacées en fonction des miellées potentiell­es. «Au printemps, une partie est installée dans le maquis, pour des miellées de bruyère blanche. L’autre, dans la garrigue pour des miellées de romarin et de thym. Bien souvent, elles se mélangent dans les miels toutes fleurs de Provence, lesquels sont vendus avec le sigle indication géographiq­ue protégée (IGP). » Puis vient la saison estivale. « Nous n’allons pas tarder à aller en montagne, autour du plateau de Valensole, pour préparer les ruches et les miellées de lavande de cet été. Elles représente­nt près 80 % de notre production. » Reste que la saison démarre très timidement. « La sécheresse des premiers mois de l’année nous a touchés. Les récentes pluies ont fait du bien. On commence à avoir des fleurs mellifères. On espère que ça va aller. »

Les ruches sont vides

Mais pour l’heure, les ruches sont vides. « Les abeilles ont simplement produit de quoi manger et se développer. Nous, nous ne récupérons que le surplus. Pour l’instant, on n’a pas un gramme de miel, mais ce n’est pas inhabituel. Dans la région, ça arrive à peu près une année sur trois. » Quant à la consommati­on de miel, est-elle plus importante qu’à l’habitude ? « Ça a été le cas au début du confinemen­t. De manière très nette, souligne Didier. Je pense que les gens ont fait des réserves. Maintenant, c’est redevenu à la normale. » Et si la saison ne démarre pas en fanfare, l’apiculteur ne baisse pas pour autant les bras. « En attendant, on prépare nos ruches pour l’été. Les choses suivent leur cours, comme d’habitude. Les abeilles sont opportunis­tes. Il suffit que les conditions météo évoluent et leur conviennen­t pour qu’elles rattrapent le retard. On reste optimistes. Il faut toujours l’être ! »

Le confinemen­t impacte une partie des ventes”

GAEC Gouillet - Hameau de Lentier à Ampus. Tél. : 04 94 67 03 14. Mail : apierdampu­s@hotmail.fr 1. Une miellée correspond à un pic d’activité des essaims d’abeilles au cours duquel la production de miel est la plus intense.

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(Photo Philippe Arnassan) Face à un début d’année timide, l’apiculteur Didier Gouillet s’interroge sur la suite de la saison en termes de production.

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