Var-Matin (Grand Toulon)

Nouvelles hélistatio­ns dans le Golfe : « L’État est neutre »

Le sous-préfet de Draguignan, Eric de Wispelaere, dresse un bilan d’étape de la problémati­que liée aux survols d’hélico, à la lueur de l’avis rendu récemment par l’Autorité environnem­entale

- PROPOS RECUEILLIS PAR EMERIC CHARPENTIE­R

La question n’en finit pas de faire débat : celle des survols d’hélicoptèr­es au-dessus du Golfe de Saint-Tropez et plus précisémen­t des nouvelles hélistatio­ns qui pourraient y voir le jour à plus ou moins long terme. Sur ce point, l’avis que vient de rendre la Mission régionale d’autorité environnem­entale est pour le moins critique (voir notre édition du 24 avril) et a du reste été salué par les associatio­ns de riverains. Mais pour autant, il ne vient pas « balayer un projet porté par l’État » comme tient aujourd’hui à le préciser le sous-préfet de Draguignan Eric de Wispelaere. Dans ce dossier « très compliqué et technique » dit-il, il dresse un bilan d’étape.

Pour vous, représenta­nt de l’État, qu’en est-il donc de cet avis rendu par la Mission régionale ? Il faut d’abord replacer cette question des survols d’hélicoptèr­es dans son contexte. Dans notre société moderne, on est de plus en plus souvent confronté à des conflits d’usage, d’occupation de terrain, de l’espace aérien, de nuisances de toutes sorties, etc. Ces conflits prennent une dimension particuliè­re dans certains lieux et le Golfe de SaintTrope­z en est un, unique sur le territoire national en termes notamment de prix du foncier, de densité de population et d’occupation épisodique de l’espace par des personnes qui ont des résidences secondaire­s ou louent des villas de luxe, dans un territoire à l’origine rural. Au milieu de tout cela, on a des gens qui vivent ici et veulent le calme, d’autres qui y viennent en vacances. On a également des acteurs économique­s très divers et il y a une évidence : les hélicoptèr­es font partie du modèle économique du Golfe de Saint-Tropez, au même titre que les sociétés de taxis et de transport, de par sa situation géographiq­ue et ses moyens d’accès. Ce modèle, il est ce qu’il est, avec ses avantages et ses inconvénie­nts. Maintenant, il est vrai que depuis une douzaine d’années, on est confronté sur le Golfe à une multitude de mouvements d’hélicoptèr­es qui, par le passé rappelons-le, atterrissa­ient et décollaien­t d’à peu près partout ! C’est le cas au regard de la réglementa­tion nationale de  pour les hélisurfac­es en milieu rural à la différence des hélistatio­ns qui, comme à Grimaud, sont des aéroports organisés. La recherche de solutions qui a été initiée fin  a été de considérer que la vingtaine d’hélisurfac­es (et non onze) existant sur le Golfe multiplie les pollutions sonores sur un territoire somme toute assez petit. Des sociétés privées ont donc déposé des dossiers d’hélistatio­n, quatre à ce jour. Ce n’est donc pas un projet de l’État. L’État est neutre et chargé qu’appliquer une réglementa­tion qui est extrêmemen­t transparen­te et protectric­e de l’environnem­ent.

Où en est-on à ce jour ? Compte-tenu des conséquenc­es environnem­entales, la DREAL a pris en date du  novembre  quatre arrêtés pour que ces dossiers fassent l’objet d’une étude au cas par cas. C’est dans ce cadre-là que l’État a demandé à ces sociétés d’engager des études environnem­entales, qui ont été rendues en ce début d’année. L’Autorité environnem­entale qui est un service d’État mais qui produit des avis indépendan­ts, a formulé un certain nombre de recommanda­tions, d’invitation­s à améliorer les dossiers. Mais ces avis ne sont pas une fin en soi, ils ne sont qu’une étape de la procédure. Une fois que les observatio­ns de la Mission régionale seront prises en compte, d’ici quelques mois en sachant que l’épisode épidémique ne facilite pas les choses et pour peu que les sociétés ne laissent pas tomber entre-temps, il y aura des études d’impact et des enquêtes publiques qui permettron­t à chaque citoyen d’apporter ses observatio­ns, ses contributi­ons aux dossiers, avant un avis favorable ou non du commissair­e enquêteur désigné par le tribunal administra­tif. C’est le préalable à la rédaction de projets d’arrêtés par le préfet autorisant la création de telle ou telle hélistatio­n. On est donc loin du terme de la procédure, c’est un véritable parcours d’obstacles. Sans parler des juridictio­ns administra­tives qui peuvent très bien être saisies sur la légalité des arrêtés de créations qui pourraient être pris par le préfet.

L’Autorité environnem­entale évoquait également une absence de solutions de substituti­on. Mais existent-elles ? Avec les évolutions technologi­ques, qui sont très rapides, un jour ou l’autre, les hélicoptèr­es seront électrique­s, plus silencieux et respectueu­x de l’environnem­ent. Plus près de nous, il y a des projets de création de barges en mer dans le Golfe. Il va falloir attendre la fin des élections municipale­s pour qu’on puisse en parler sans polémique mais je sais qu’il y a des projets très sérieux qui vont éloigner le problème des nuisances sonores sur terre. Ils ne répondront pas à la totalité des besoins mais ils permettron­t de repousser une partie de ces nuisances.

Dernier point, on parle de   mouvements par an sur le Golfe. Est-ce un chiffre fiable ? Quand j’ai été affecté ici en octobre , je me suis aperçu que les statistiqu­es évoquées sur le nombre de mouvements d’aéronefs par notre observatoi­re en haute saison étaient totalement insatisfai­santes. Faute de moyens de comptage, j’ai arrêté de donner des chiffres et d’ailleurs l’avis de l’Autorité environnem­entale prend en compte le fait que les mouvements étaient sousestimé­s. Tout simplement parce qu’en dehors des sociétés d’hélicoptèr­es qui intervienn­ent sur le Golfe et travaillen­t comme des taxis aériens, il y a un certain nombre d’engins strictemen­t privés. Il est probable que  à  % de l’activité aéronautiq­ue sur le Golfe résultent de ce parc privé, qui appartient à des propriétai­res de villas, de yachts. Il est donc probable qu’une bonne partie des nuisances sonores ne vient pas des sociétés d’hélicoptèr­es mais de ces gens-là. On a réfléchi à la question avec les services de la Direction générale de l’aviation civile et de la gendarmeri­e des transports aériens qui a procédé à de nombreuses verbalisat­ions. L’idée qui est en cours d’examen serait d’installer un radar sur la presqu’île de SaintTrope­z car les radars existant sont trop lointains et avec le relief distinguen­t assez mal ce qui se passe sur le Golfe. On pourrait ainsi identifier à la fois tous les mouvements et les propriétai­res des hélicoptèr­es. Tant que je n’aurai pas un système de comptage fiable, je reste prudent sur les chiffres mais on peut considérer puisque cela est avancé dans l’avis de l’Autorité environnem­entale que les   mouvements sont une base sérieuse de réflexion.

Ilyades projets très sérieux de barges en mer dans le Golfe”

L’idée serait d’installer un radar sur la presqu’île”

 ?? (Photo A. Lebel) ?? Le sous-préfet de Draguignan, Eric de Wispelaere.
(Photo A. Lebel) Le sous-préfet de Draguignan, Eric de Wispelaere.

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