Var-Matin (Grand Toulon)

Pascal Olmeta cash et clash

Le Corse volant n’a pas l’habitude de faire des manières. Coronaviru­s, foot, Monaco, Toulon, famille, son associatio­n pour les enfants, il évoque tous les sujets. En totale franchise...

- RAPHAËL COIFFIER

Pascal Olmeta essaye de s’occuper. Dans son jardin. Il chiffonne le temps. Combat l’ennui en faisant les cent pas. Sur son île de Beauté. Morte carte postale depuis des semaines... « C’est chiant lâche-t-il à la volée. Avec cet accent à couper au couteau les figatelli. C’est incroyable ce qu’on vit et je pense qu’on est plutôt mal barré... » Cash, le Corse volant, souvent clash, se préserve au mieux du désastre. Protège sonsang du poison déversé sur le monde. De cette peste sans foi ni loi... « Je connais des mecs qui l’ont chopé le corona. Ils s’en sont sortis mais ils en ont salement bavé. C’est impression­nant comme truc et ça fait peur... » Son ami, SAS le prince Albert II, lui a raconté, au téléphone, son âpre combat. « Il m’a dit qu’il ne souhaitait ça à personne. Et si dans ce cas-là, t’es pas le prince, tu morfles grave ! »

Les chiens ne font pas des chats

Aussi naturel que son maquis où il aime tant chasser, Pascal parle avec les puissants comme avec ses potes. Sans manière. Mais avec authentici­té. Que vous soyez le pape, le roi ou le Doumé du café des Sports du village... Ces valeurs, au coeur, il se fait un devoir de les inculquer à ses enfants. A commencer par Lisandru,

son fiston de 14 ans, qui vient de signer son premier contrat avec l’AS Monaco. A quel poste ? Gardien de but bien sûr ! « C’est lui qui a choisi. Il est allé aussi faire un test à l’OM qui l’avait contacté. Mais non, c’était Monaco... » Sa décision, le petit, du haut de ses 1,86 m, l’a annoncée au papa, un rare soir de match à la télé. Sur le canapé. Entre bonhommes. « Moi, je n’avais pas de préférence. Même si à sa place j’aurais aussi opté pour l’ASM. Le centre de formation, c’est le top. Le prince y a mis 120 millions d’euros. Mais bon, maintenant, à lui de travailler. Encore. Après on verra...» Le fantasque portier des bois jolis respecte le cheminemen­t de sa relève. Sans jamais lever le doigt trop haut, ni la voix. « Entre nous, on ne parle pas de ballon. J’évite même d’aller à ses matches, sinon j’aurais les nerfs qui montent. Comme la fois où je l’ai retrouvé au milieu du terrain ! » Les chiens ne font pas des chats. « Ou en plus beau et en plus grand. Il me dépasse de trente centimètre­s » s’amuse-t-il. Un décimètre d’insoucianc­e, propre à sa jeunesse. « Oh, il ne s’inquiète pas comme moi et c’est tant mieux. Il espère juste reprendre le foot le 27 juillet. Pour l’instant, il est plus sur la console et Fifa. De toute façon, je ne le conseille pas, ça ne sert à rien. S’il doit être, il sera ! Et je ne veux qu’il soit ce que j’ai été, mais juste qu’il soit lui... » Olmeta senior préfère tenir, entre ses bras, ses mains calleuses et doigts tordus, un garçon en pleine santé plutôt qu’un champion à tout prix. « C’est réellement le plus important à mes yeux. Avec la famille... » Il n’empêche que si Lisandru a la chance d’exercer ce métier dont son aîné connaît tous les secrets, « il doit foncer. Ne pas se poser de questions. Même si tout a bien changé depuis mon époque. Nous, on avait l’amour du maillot. Mais quand tu dis ça, tu passes pour un vieux con... »

Symphonie galactique pour petits rats

Si bien que le vainqueur de la Ligue des champions - avec l’OM en 1993 - a tourné le dos à ses premières amours. Sans la moindre amertume. Sans le plus petit regret... « Les gars ont un autre état d’esprit aujourd’hui. C’est comme ça, ce n’était pas pour moi...» Pourtant, il avait passé son diplôme d’entraîneur. Pensant crayonner le tableau noir et diriger un bataillon en culottes courtes. « Pour rester dans le milieu. Et puis non. J’ai été déçu par certaines choses. Je ne me voyais pas m’adapter aux jeunes. On n’a pas la même fibre. » Alors, il a touché à tout. Parce que charismati­que. Parce que populaire aussi. Fort Boyard, la Ferme célébrités (qu’il a remportée), Ninja Warrior, l’interprète du single « Tape dans un ballon »- un comble pour le dernier rempart - s’est essayé à tous les genres. Même littéraire. Avec, en fil rouge, sans cesse, la générosité. La main - encore elle tendue. Comme c’est le cas avec son associatio­n destinée à aider les enfants malades et soutenir leurs familles, « Un Sourire, Un Espoir pour la Vie ». « En ce moment, c’est compliqué. Je gère tout par téléphone. Il a fallu reporter l’affiche du 25 mai à Bordeaux. La rencontre pourrait peutêtre se jouer le 26 septembre prochain.. .» A l’instar de l’acte majeur salué il y a quelques années à Mayol, la Gironde devait voir s’affronter les champions du monde 98 (Zidane, Deschamps...) aux fortes têtes que sont les Chabal, Pelous... Une symphonie galactique pour des petits rats en mal d’étoiles dans les yeux que Pascal n’abandonner­a pas de sitôt. Car le virus ne sonnera pas la fin de son voyage initiatiqu­e. Le plus beau, peut-être, de ses 59 ans. Fêtés le 7 avril dernier. Entravé ? Non, tant Olmeta est aussi libre et insaisissa­ble que la sittelle de son pays...

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