Une fête du travail pour les professions de l’ombre
Si les contraintes sanitaires empêchent toute manifestation du 1er mai, la défense des droits des salariés reste fortement d’actualité. Notamment pour ces métiers passés en tête de cordée
Des travailleurs en lutte, voilà le vocable habituel des syndicats à la veille d’un 1er mai. En pleine crise sanitaire, l’année 2020 donne à ces quelques mots un relief particulier. L’intersyndicale formée dans le Var le dit ainsi : « Alors que le monde entier fait face à la pandémie, ce 1er mai sera plus que jamais la journée internationale de luttes des travailleuses et travailleurs ». Une journée sans défilé, ni manifestation, si ce n’est « des expressions sur les réseaux sociaux, avec une banderole numérique commune ». Ainsi que revendications et solidarité que les militants sont invités à afficher au balcon, ou à la fenêtre, « quel que soit le moyen ». Aux grands maux, les petits moyens. Ainsi va la mobilisation, contrainte par le confinement. Le temps de l’épidémie, la colère sociale subit aussi une quarantaine inédite.
La crise, ce révélateur
Dans le Var – ce n’est pas le cas au niveau national – une intersyndicale s’est constituée, regroupant CGT, FSU, Solidaires et Force Ouvrière, cette dernière figurant plus rarement au côté des autres syndicats. Aux yeux de tous, la crise sanitaire est le puissant révélateur d’une politique délétère menée depuis des années. « Aujourd’hui, on se rend bien compte que ce n’est pas l’humain qui prime, mais l’intérêt économique, dénonce Olivier Masini, de la CGT varoise. Nous devons penser la société que nous voulons, penser notre besoin de services publics. Et ne pas oublier, derrière, la reconnaissance de toutes ces professions, trop longtemps restées dans l’ombre .»
« Les moins bien payés »
Car elles sont bien là, « ces professions de l’ombre », sans qui la France serait totalement à l’arrêt. « Sans les travailleurs, souvent les moins bien payés, rien ne pourrait tourner, appuie Pascal Brun, de Solidaires Var. La crise sanitaire met en lumière les manques dans les services publics, liés à des dizaines de milliers de suppressions de poste dans les décennies précédentes .» FO 83 poursuit la démonstration par la voix de Myriam Barnel. « La pandémie révèle ce qu’est l’État providence. Non pas un coût et des charges, mais un bien précieux .» Elle ajoute que « les appels à la solidarité nationale et les remerciements aux soignants » devront être suivis d’effets. « Or, toutes les annonces sur les primes sont très aléatoires. » « Les travailleurs ont besoin de reconnaissance de leur profession, pas d’une prime aléatoire », martèle l’intersyndicale, citant ces métiers ordinairement placés en bas de l’échelle sociale, « tous les salariés, souvent des femmes, du secteur du commerce, de l’agroalimentaire, du paramédical, du social, du nettoiement »… À la FSU, Manu Trigo voit « un gouvernement totalement discrédité, montrant, dans un festival d’improvisations, son incapacité à gérer la crise ». La crise ne doit pas permettre de sacrifier « la protection du salarié »( lire ci-dessous). La suite du combat appartient au monde d’après, en tout cas d’après confinement. « Les organisations syndicales seront là », pour rappeler les promesses.
?» Dans le projet de loi, la référence au PIB est bien mentionnée, avec un objectif de« stabilisation des dépenses de retraite dans le produit intérieur brut ». Quant au calcul du montant des retraites, il est resté nébuleux – dépendant d’un indicateur pas encore clairement défini. Pour les syndicats, « la crise apporte la démonstration que le projet du gouvernement ne peut pas tenir la route. Le Covid- sonne le glas de la réforme ». Ce qui n’est pas encore acquis.