Vers un mai devenu la... « Fête du télétravail »
Pas de grands défilés dans les rues, ni de célébrations particulières à attendre demain. Zoom sur Orange et Veolia qui, depuis 45 jours, gèrent chacun à leur façon leurs salariés
Certaines sociétés ont rêvé de voir instaurée une Journée internationale du télétravail ». Le Covid-19 l’a (presque) fait... Voici que le 1er mai, date traditionnelle d’une Fête du travail haute en couleurs – et parfois tapageuses – avec ses défilés de banderoles, symboles des luttes syndicales, est bel et bien en passe de devenir la Fête du... télétravail. Et donc du « monde du silence ».
Orange : % des effectifs chez soi
Il suffit de s’immiscer dans l’organisation interne des plus grandes entreprises françaises pour mesurer l’ampleur qu’a pris le phénomène depuis le 17 mars. Exemple chez Orange, qui au niveau régional (5 800 salariés) comme départemental (921 emplois), indique que 90 % de ses effectifs oeuvrent désormais sous leur propre toit. « Avant la pandémie, l’accord d’entreprise prévoyait que 30 % des salariés, sur approbation de leur management, pouvaient être en télétravail occasionnel. Avec cette situation inédite, nous avons priorisé le procédé en l’étendant à toutes les activités possibles. En dix jours, tous ceux concernés étaient équipés à domicile d’un portable avec les accès internes configurés. Côté technique, la capacité de connexions simultanées en interne a plus que doublé », explique la direction régionale.
Dans une période où la continuité de service est primordiale chez les clients – en particulier au sein des services de santé, de l’État et des collectivités locales en première ligne – un plan de continuité de l’activité a été mûrement réfléchi pour les techniciens. « Il a fallu dimensionner différemment les réseaux, notamment pour les organismes sanitaires, mais aussi pour les grandes entreprises et PME (petites et moyennes entreprises) qui se sont organisées, comme nous, massivement en télétravail », détaille-t-on chez Orange.
Chez les particuliers, l’intervention à distance est privilégiée à chaque fois que cela est possible, avec les instructions prodiguées directement au client qui peut s’improviser « réparateur ». Mais lorsque le déplacement est obligatoire, toutes les mesures de prévention sont scrupuleusement respectées pour protéger les deux parties. Si tout fonctionne très bien, nombre de salariés du groupe ne nient pas que le travail en équipe leur manque. « Pour compenser, nous organisons pas mal de réunions par audio-conférence, des visios par Skype et nous avons notre messagerie interne, donc nous demeurons malgré tout très en contact les uns les autres », assure l’entreprise de télécommunications qui prépare l’après-confinement mais ne veut pas brusquer le retour en entreprise.
Une perte de productivité malgré tout
« Ceci, comme la réouverture de nos boutiques, se déroulera de manière progressive et sous conditions car nous sommes bien conscients qu’il n’est malgré tout pas possible de fonctionner à 100 % dans cette configuration. » Dernière précision, Orange n’a pas eu recours au chômage partiel. L’entreprise a fait le choix de ne pas faire appel au dispositif gouvernemental, tout en assumant 100 % du salaire de ses collaborateurs en arrêt (personnel des boutiques, santé fragile, garde d’enfants en bas âge...). Un choix de « fonctionner en totale autonomie financière, par solidarité » du P.-D.G. Stéphane Richard, dont on connaît par ailleurs les attaches personnelles varoises, au Beausset et à Bandol.