Var-Matin (Grand Toulon)

Vu le contexte, ces vendeurs de muguet ont un peu de pot

Pour faire face à la fermeture des magasins non-alimentair­es, les fleuristes s’adaptent pour tenter de sauver ce qui est possible avec la vente de cette fleur symbolique et prisée du 1er mai

- ALEXANDRE PLUMEY aplumey@nicematin.fr

Àhauteur de regard : des steaks, escalopes, merguez et pâtés de campagne aux herbes. En baissant la tête, des pots de pivoines et de muguet posés au sol. Le contraste est surprenant dans cette boucherie du centre-ville raphaëlois. Hier matin, il n’était pas rare de voir les clients sortir de l’enseigne avec de quoi manger dans une main et décorer leur intérieur dans l’autre. Avec ses clochettes blanches éclatantes, son feuillage vert et son doux parfum, le muguet agit comme un repère dans le calendrier. Tradition pour certains, porte-bonheur pour d’autres, les brins et les pots fleurissen­t d’ordinaire sur les étals et réjouissen­t chaque année les Français. Fleuristes fermés et obligés de s’adapter, cueillette­s dans les bois interdites : la crise du Covid- 19 modifie les conditions de vente d’un 1er mai habituel.

« J’ai offert mon local, on m’aide à mon tour »

Depuis la semaine dernière, Bernard Pannecouqu­e, fleuriste de l’Arum, voit ses pots de muguet et de pivoines être hébergés par les commerces alimentair­es voisins. « J’ai offert mon local au primeur du marché et on m’aide à mon tour en me permettant d’écouler mes fleurs, se réjouit l’artisan. J’ai passé les commandes depuis janvier, donc sinon, elles allaient me rester sur les bras. Déjà que là, je perds beau- coup sur cette période entre le 1er mai, Pâques, et les premiers beaux jours... » Car l’activité en drive proposée depuis une dizaine de jours après une fermeture totale dès les annonces officielle­s, ne suffit pas. Le regain très relatif d’activité avec la vente du muguet lui permet même de faire revenir son employé pour trois jours. Rompant alors son chômage technique complet depuis la fermeture du commerce jugé « non-indispensa­ble à la vie de la nation », comme l’ont défini les textes. L’entraide entre les commerçant­s a donc permis de limiter la casse. « Nous avons délimité l’intérieur de notre commerce, ça nous laisse une place pour exposer les pots, explique Sylvain Prudensio, de la boucherie Usseglio. Il a sa petite cagnotte qu’il vient chercher chaque semaine et s’il manque des pots, il vient réapprovis­ionner en muguet et en pivoines. Surtout que les clients jouent le jeu par solidarité... » Même esprit à Fréjus où Anthony Jourdain, dit « Tony » a pris place, en voisin, devant le bureau de tabac de la Tour de Mare.

Vente sur la voie publique interdite

« C’est comme si je travaillai­s avec elle au tabac. Il a bien fallu s’adapter à la fermeture. Nous avons restreint les zones de distributi­on parce qu’il ne faut pas non plus avoir plus de frais de personnel que d’entrée d’argent », explique l’employé de L’Atelier Floral, debout derrière son comptoir de fortune. À noter que pour cette année, « la vente du muguet sur la voie publique, traditionn­ellement tolérée et encadrée par des arrêtés municipaux, sera strictemen­t interdite », comme l’a précisé la préfecture du Var. Seuls les grandes surfaces et les commerces autorisés à ouvrir sont en droit de vendre cette fleur porte-bonheur. On en aura bien besoin...

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Les fleuristes fermés depuis mi-mars optent pour la débrouille et l’entraide afin d’écouler leurs stocks de muguet pour ce er mai.
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(Photos Philippe Arnassan)

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