Les viticulteurs ne veulent pas rester en carafe
Les métiers de la vigne souffrent et attendent le 11 mai pour respirer un peu. Dans l’Est-Var, beaucoup se sont organisés avec un drive ou des livraisons pour ne pas perdre pied
Le masque a beau dissimuler une bonne partie du visage, leur sourire transparaît derrière le tissu. Laurence Barbero, directrice du domaine du Clos des roses, quartier Saint-Pons à Fréjus, et Nathalie Millo, responsable viti-vinicole, ont bonne mine en ce début de semaine. « Le vignoble continue bien sûr d’être entretenu. Dans un cadre aussi joli et un environnement très calme depuis le confinement, c’est un mal pour un bien », lâchentelles avec bonne humeur.
Des pieds et des mains avec les grandes surfaces
Pourtant, comme beaucoup de confrères, la fermeture du domaine au public a été un coup dur pour l’activité. « On est une équipe, alors c’est malgré tout difficile de travailler chacun seul, car une bonne partie du personnel est soit en télétravail – pour l’administratif – soit en chômage partiel, constate la directrice. La vie continue mais c’est difficile, il a fallu s’adapter. On a mis un système de vente avec une boutique en ligne, on a renforcé notre présence sur les réseaux sociaux et sur notre site web. Mais les gens, quand ils sortent, ils vont directement en supermarché. Et si vous n’y êtes pas présent, si le vin produit n’y est pas, on y perd forcément. C’est compliqué… » Sentant déjà cette tendance arriver depuis quelques semaines, de nombreux viticulteurs font des pieds et des mains avec les grandes surfaces pour occuper un coin de rayon. « Il n’est pas simple de négocier avec eux, et on y perd quelques plumes, mais c’est le prix à payer pour qu’on nous concède un petit emplacement », avoue à demimot un autre viticulteur. Dans le département, à l’instar du Clos des roses, beaucoup de domaines ont opté pour la livraison chez le client et ont même parfois instauré un drive pour venir passer prendre quelques bouteilles sur le chemin des courses. « Soutenez le vignoble varois », peut-on même lire par endroits. Le 11 mai, les producteurs pourront à nouveau ouvrir leurs portes. Ce qu’ils en attendent ? « On pense essentiellement à tout mettre en place pour que les gestes barrières soient facilement réalisables, détaille Laurence Barbero. Visières et gants pour les vendeuses dans le caveau, on continue les livraisons et on met en place un drive. J’espère que nos clients fidèles seront au rendez-vous, au moins les gens d’ici. Car on ne sait pas encore si on aura nos habituels acheteurs d’autres régions… »
Le mot d’ordre est dans toutes les bouches, et concerne aussi les vignerons : « Consommez local et aidez vos agriculteurs, répète-t-on au Clos des roses, qui compte bien se refaire une beauté en vue de la prochaine réouverture. On a installé des tables de pique-nique, le cadre s’est encore embelli, on espère que les clients nous rendront à nouveau une petite visite ! » Quant à la partie hôtellerie-restauration du domaine fréjusien c’est, hélas, encore une tout autre histoire…
Contact : www.closdesroses.com