Symptômes chez l’enfant : surveiller, sans s’affoler
Une trentaine de cas de mineurs présentant des signes liés à une réaction inflammatoire excessive ont été recensés en France. Tous ont pu être soignés. À ce stade, le lien avec le Covid-19 n’est pas établi
L’alerte ne pouvait pas être donnée à un moment moins opportun. À la veille de la reprise scolaire, objet de débats très houleux entre les pour et les contre, plusieurs services de pédiatrie en Europe, dont l’hôpital Necker à Paris, viennent de rapporter plusieurs cas « mystérieux » d’enfants présentant des symptômes sévères et atypiques. Dans le contexte de pandémie mondiale de Covid-19 – qui jusqu’à présent semble épargner les enfants – « l’alerte est prise très au sérieux », selon le Dr Hervé Haas, chef de la pédiatrie générale à Lenval, à Nice. Mais il rappelle aussitôt que « si un tiers de ces enfants s’est révélé positif au SARSCoV-2, aucun lien de cause à effet n’a été, à ce stade, établi. » Alors, que saiton aujourd’hui de cette « mystérieuse maladie émergente » ? Pas grand-chose en réalité, compte tenu du faible nombre d’enfants touchés.
État de santé rassurant
« À ce jour, moins de trente cas ont été recensés en France, dont douze en Île-de-France, précise le Dr Haas. Ces enfants, d’âges divers, ont présenté des tableaux cliniques également très différents et peu cohérents : symptômes respiratoires, digestifs, douleurs abdominales pour certains, myocardite pour d’autres… Ce que l’on retrouve systématiquement, c’est une réaction inflammatoire excessive. » C’est cette réaction inflammatoire – caractéristique de la maladie de Kawasaki (lire ci-contre) – qui a conduit les médecins qui ont accueilli les premiers jeunes malades, à utiliser les mêmes traitements par immunoglobulines intraveineuses (cocktail d’anticorps). « Certains enfants ont nécessité une prise en charge plus lourde, en réanimation, mais tous ont vu leur état s’améliorer rapidement sous immunoglobulines », rassure le pédiatre. Comment ne pas être troublé par la survenue concomitante de ces mystérieux cas pédiatriques dans plusieurs pays européens sévèrement touchés par le Covid-19, l’Angleterre, l’Espagne, la Belgique, la France et l’Italie ? S’il s’agit de signes d’un Covid-19, comment comprendre, aussi, qu’ils apparaissent alors que partout l’épidémie recule ? Des questions encore sans réponse. « Aucun lien de causalité n’est établi, insiste le Dr Haas, d’autant que les tests réalisés chez ces enfants se sont révélés négatifs dans la majorité des cas. » S’agissait-il de faux négatifs ? Auraient-ils été réalisés trop tard ? On sait que pendant la phase inflammatoire, le virus n’est souvent plus décelable. « Il faut réaliser des examens complémentaires pour progresser dans la compréhension de ces cas », préconise le Dr Haas, qui n’écarte pas une cause infectieuse, distincte du Covid19.
« De nombreux autres virus circulent actuellement »
« De nombreux autres virus circulent actuellement, en particulier des entérovirus, qui peuvent causer des symptômes similaires à ceux décrits pour ces jeunes enfants », indique-t-il. Alors que l’enquête débute seulement autour de cette pathologie pédiatrique émergente, le spécialiste appelle à une « surveillance armée » : « Tous les cas vont être recensés, même s’ils sont douteux puisque le cadre nosologique est imprécis. La pratique du scanner thoracique, beaucoup plus sensible pour la détection des infections par le Covid19, est recommandée en cas de doute. » Même si le Dr Haas dit « comprendre l’inquiétude de certains parents » ,il veut conclure sur une note rassurante : « Le nombre d’enfants touchés reste très faible, des traitements efficaces existent et les liens avec le coronavirus sont encore hypothétiques. Il n’y a donc pas de raison de changer d’attitude à l’approche de la reprise scolaire. »