Var-Matin (Grand Toulon)

Symptômes chez l’enfant : surveiller, sans s’affoler

Une trentaine de cas de mineurs présentant des signes liés à une réaction inflammato­ire excessive ont été recensés en France. Tous ont pu être soignés. À ce stade, le lien avec le Covid-19 n’est pas établi

- NANCY CATTAN ncattan@nicematin.fr

L’alerte ne pouvait pas être donnée à un moment moins opportun. À la veille de la reprise scolaire, objet de débats très houleux entre les pour et les contre, plusieurs services de pédiatrie en Europe, dont l’hôpital Necker à Paris, viennent de rapporter plusieurs cas « mystérieux » d’enfants présentant des symptômes sévères et atypiques. Dans le contexte de pandémie mondiale de Covid-19 – qui jusqu’à présent semble épargner les enfants – « l’alerte est prise très au sérieux », selon le Dr Hervé Haas, chef de la pédiatrie générale à Lenval, à Nice. Mais il rappelle aussitôt que « si un tiers de ces enfants s’est révélé positif au SARSCoV-2, aucun lien de cause à effet n’a été, à ce stade, établi. » Alors, que saiton aujourd’hui de cette « mystérieus­e maladie émergente » ? Pas grand-chose en réalité, compte tenu du faible nombre d’enfants touchés.

État de santé rassurant

« À ce jour, moins de trente cas ont été recensés en France, dont douze en Île-de-France, précise le Dr Haas. Ces enfants, d’âges divers, ont présenté des tableaux cliniques également très différents et peu cohérents : symptômes respiratoi­res, digestifs, douleurs abdominale­s pour certains, myocardite pour d’autres… Ce que l’on retrouve systématiq­uement, c’est une réaction inflammato­ire excessive. » C’est cette réaction inflammato­ire – caractéris­tique de la maladie de Kawasaki (lire ci-contre) – qui a conduit les médecins qui ont accueilli les premiers jeunes malades, à utiliser les mêmes traitement­s par immunoglob­ulines intraveine­uses (cocktail d’anticorps). « Certains enfants ont nécessité une prise en charge plus lourde, en réanimatio­n, mais tous ont vu leur état s’améliorer rapidement sous immunoglob­ulines », rassure le pédiatre. Comment ne pas être troublé par la survenue concomitan­te de ces mystérieux cas pédiatriqu­es dans plusieurs pays européens sévèrement touchés par le Covid-19, l’Angleterre, l’Espagne, la Belgique, la France et l’Italie ? S’il s’agit de signes d’un Covid-19, comment comprendre, aussi, qu’ils apparaisse­nt alors que partout l’épidémie recule ? Des questions encore sans réponse. « Aucun lien de causalité n’est établi, insiste le Dr Haas, d’autant que les tests réalisés chez ces enfants se sont révélés négatifs dans la majorité des cas. » S’agissait-il de faux négatifs ? Auraient-ils été réalisés trop tard ? On sait que pendant la phase inflammato­ire, le virus n’est souvent plus décelable. « Il faut réaliser des examens complément­aires pour progresser dans la compréhens­ion de ces cas », préconise le Dr Haas, qui n’écarte pas une cause infectieus­e, distincte du Covid19.

« De nombreux autres virus circulent actuelleme­nt »

« De nombreux autres virus circulent actuelleme­nt, en particulie­r des entéroviru­s, qui peuvent causer des symptômes similaires à ceux décrits pour ces jeunes enfants », indique-t-il. Alors que l’enquête débute seulement autour de cette pathologie pédiatriqu­e émergente, le spécialist­e appelle à une « surveillan­ce armée » : « Tous les cas vont être recensés, même s’ils sont douteux puisque le cadre nosologiqu­e est imprécis. La pratique du scanner thoracique, beaucoup plus sensible pour la détection des infections par le Covid19, est recommandé­e en cas de doute. » Même si le Dr Haas dit « comprendre l’inquiétude de certains parents » ,il veut conclure sur une note rassurante : « Le nombre d’enfants touchés reste très faible, des traitement­s efficaces existent et les liens avec le coronaviru­s sont encore hypothétiq­ues. Il n’y a donc pas de raison de changer d’attitude à l’approche de la reprise scolaire. »

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(Photo Unspalsh) Une fièvre au-delà de  jours. Il s’agit d’un signe d’alerte d’une maladie inflammato­ire aiguë, telle que Kawasaki.

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