Mortalité en réa : « Les taux initiaux correspondaient aux décès précoces »
Le Pr Carole Ichai est chef du pôle Anesthésie réanimation – Urgences du CHU de Nice.
Le er avril, le gouvernement évoquait un taux de mortalité en réanimation de %. Or, selon les données issues du Réseau européen de recherche en ventilation artificielle, il serait beaucoup plus élevé, de l’ordrede%à%.
Qu’est ce qui justifie un tel écart ? En réanimation, il est classique d’observer deux vagues de décès. Des décès précoces, intervenant dans les premiers jours, et une vague de décès plus tardifs. Il s’agit de patients que l’on a réussi à maintenir en vie plusieurs semaines, qui présentent des maladies chroniques et qui finissent par présenter des complications et une aggravation de leur maladie, pouvant entraîner la mort. Souvent, il s’agit de patients présentant des comorbidités, insuffisances chroniques cardiaque, rénale ou respiratoire qui sont très difficiles à sevrer au niveau respiratoire.
Le taux initial annoncé correspondait donc à la première vague ? Certainement. Le public, les journalistes ont demandé très vite des chiffres. Or, nous ne sommes pas en mesure de fournir des données définitives concernant la mortalité en réanimation avant jours. Et même plutôt jours, si l’on veut être rigoureux. Le taux de % qui a circulé a correspondu à ce que l’on observait à un temps T donné. C’est-à-dire précocement.
Pourquoi un bilan si tardif ? Parce que des décès peuvent malheureusement survenir tardivement en réanimation mais aussi après la sortie de réanimation. Dans les six mois qui suivent la période d’hospitalisation en réanimation, on enregistre environ % de mortalité supplémentaire, liés à des états végétatifs ou à de lourdes séquelles.
Dans le cas du Covid- en particulier, évalue-t-on déjà ces séquelles ? Non, on ignore encore quelles seront les séquelles respiratoires. Il faut garder en tête qu’il s’agit d’un virus nouveau. On continue d’apprendre tous les jours.