Les Nuits blanches du Thoronet obscurcies
La tenue de l’édition 2020 du 30 juillet au 1er août paraît compromise. Les organisateurs n’ont pas encore pris de décision mais, pour l’heure, la situation ne prête pas à l’optimisme
Les Négresses vertes, Bernard Lavilliers, Gaëtan Roussel, Raoul Petite, Emir Kusturica, Iam, Jacques Higelin… De nombreux artistes de renom ont brillé sur la scène des Nuits blanches à l’instar des étoiles montantes. Le coeur du Thoronet bat très fort l’été aux rythmes des concerts du festival et de ses déambulations. On rit, on danse, on chante, on applaudit sur la place pendant qu’une armée de bénévoles s’affairent à la tâche. Cette ambiance festive, cet engouement seront-ils de mise cette année du 30 juillet au 1er août ? Crise sanitaire oblige, difficile d’imaginer cette foule estivale en liesse. Pour l’heure aussi, il est difficile pour les organisateurs de se projeter. Aucune réponse ferme, quant aux directives gouvernementales, les laisse dans l’incertitude.
« Là, on ne sait pas du tout »
« Nous prendrons une décision vers le 11 mai. Là, on ne sait pas du tout. Le ministre de la Culture dit que les petits festivals doivent continuer. Il va même y avoir des aides. Mais c’est quoi, un petit festival ? Nous, on pense que l’on fait partie de cette catégorie. Mais elle se limite à combien de personnes ? On pourrait avancer, si on y voyait plus clair », ponctue Jean Guibergia, président de l’association organisatrice des Nuits blanches et programmateur.
« Je n’ai pas beaucoup d’espoir »
« Le festival est très compromis. Je n’ai pas beaucoup d’espoir. A moins que d’ici quinze jours, ça se passe mieux. Que le gouvernement parle différemment. Pour moi, c’est mal engagé. »
Peu de retours des artistes
« J’avais programmé un artiste étranger mais je ne pense pas qu’il puisse venir. Il avait des dates en France avant le festival qui sont annulées. J’ai envoyé des messages aux artistes français pour savoir où ils en étaient de leur tournée. Je n’ai pas eu de retour. Tout le monde attend tout le monde. Pour eux, c’est assez dramatique. Pour nous, un peu moins. On annule et on reviendra l’année prochaine. »
« On attend tous »
« On attend tous des informations précises quant à la suite à donner à l’organisation de nos festivals. Quand j’ai senti le coup, avant le confinement et dès l’annonce des premiers cas de contagion, je n’ai pas voulu signer les contrats. Nous n’avons pas donné d’acompte. Nous n’avons pas mis les places à la vente. On a cette chance dans ce marasme. La programmation était finalisée. Il n’y avait en attente que la réponse de cet artiste étranger. Il a annulé tous ces concerts. Je m’étais retourné sur un groupe français connu aussi. Je leur ai écrit un petit mot mais ils ne m’ont pas répondu. Tout le monde est en attente, plus personne travaille. »
« Plutôt que de se prendre un bouillon »
« C’est une drôle d’histoire. Je n’ai jamais vécu une telle situation. De toute façon, si jamais le festival est maintenu, quelles conditions sanitaires seront imposées ? Si les spectateurs doivent avoir un masque, se laver les mains… Si des barrières doivent être mises en place entre les gens… La fête ne sera peut-être pas au rendez-vous. Même si des personnes ont envie de sortir, de se rencontrer… Quel sera leur état d’esprit face à un rassemblement ? Auront-elles le même engouement ? Quelle sera la jauge de spectateurs ? Dans le doute, plutôt que de se prendre un bouillon, il vaut mieux arrêter. »