Var-Matin (Grand Toulon)

E viva Napoli !

Deux saisons télévisées ont été, pour l’instant, réalisées à partir de la tétralogie d’Elena Ferrante. Une plongée passionnan­te dans un quartier de Naples pauvre et gangrené par des rivalités

- ALAIN MAESTRACCI

Vous avez peut-être eu la chance de lire L’Amie prodigieus­e, un roman d’Elena Ferrante. C’est le genre de livre que l’on ne veut pas fermer, que l’on ne veut pas terminer parce qu’on est si bien avec cette histoire que l’on ne souhaite qu’une chose : que ça continue. Dieu merci, Elena Ferrante a écrit une suite,

L’Amie prodigieus­e II, le nouveau nom .Et puis encore deux autres tomes. Les deux premiers sont les meilleurs. Et il était quasiment évident que ces romans-là allaient terminer au cinéma ou à la télévision. Ce sera donc une série. Elena Ferrante a participé à l’adaptation. Mais qui est Elena Ferrante ? Mystère et boule de gomme. Nous avions évidemment essayé d’obtenir une interview, même par téléphone, de l’auteur mais la réponse a toujours été : niet ! Ou plutôt

no puisque nous sommes en Italie. La seule chose dont on soit à peu près sûr c’est qu’Elena est Napolitain­e, ses livres étant plus ou moins autobiogra­phiques. Pour le reste, on reste sur sa faim. Car, si un moment le bruit a couru qu’il s’agissait d’Anita Raja, éditrice et traductric­e italienne, rien n’a été confirmé. À un moment, il était même question qu’Elena Ferrante soit, en fait, un homme !

Elena et Lila, deux bonnes élèves

Peu importe après tout, car ce mystère pimente un peu les choses. Et surtout, l’histoire est passionnan­te. Celle-ci raconte, au début des années 1950, l’enfance puis l’adolescenc­e d’Elena Greco, surnommée – car en Italie tout le monde à un surnom – Lenù ou Lenuccia, et de sa meilleure amie, Raffaella Cerullo, surnommée Lila. Elles font connaissan­ce sur les bancs de la petite école. Toutes les deux sont très bonnes en classe mais seule Elena poursuivra des études. Et c’est déjà un exploit car les deux amies vivent dans un quartier pauvre de Naples avec des voisins qui se mêlent de tout, des clans – les camorriste­s et ceux qui ne veulent pas avoir affaire avec la mafia –, des rivalités, des histoires d’amour et une bonne dose de méchanceté due, évidemment, à la jalousie, ce poison qui bousille tout. Les quatre tomes de L’Amie prodigieus­e ont été traduits dans quarante-deux langues et ont été vendus à plus de dix millions d’exemplaire­s dans le monde. Il n’en fallait pas autant pour que les studios d’Hollywood s’en occupent ! Et the winner is... HBO qui s’est associé à la RAI pour produire cette série. De gros moyens ont été employés. Tout d’abord un plateau géant de 20 000 mètres carrés a été construit dans une zone industriel­le à l’abandon à Caserte, aux environs de Naples. Des scènes ont également été tournées à Naples et sur l’île d’Ischia. Autant le dire, on dévore les seize épisodes, surtout en ce moment, avec une certaine gourmandis­e. Parce que, d’abord, il y a Naples et tout ce casino italien, si méditerran­éen et donc si proche de nous. On entre dans l’histoire. Et l’excellente musique de Max Richter participe également au succès de cette production. À la lecture, nous avions préféré le premier tome au deuxième. Mais dans la série, l’action ne baisse pas d’intensité. Il y a, par exemple, le Chapitre 13 (dans la deuxième saison donc) qui est terrible. Ça chauffe très fort entre Lila et son mari. Mais nous n’en dirons pas plus... Car plus elles grandissen­t, plus les caractères d’Elena et Lila s’affirment. La première se plonge dans les études et elle fait bien. La seconde va tomber dans le piège du quartier pauvre de Naples. Pour l’instant il n’y a que deux saisons mais il serait totalement improbable que HBO et la RAI ne tournent pas deux nouvelles saisons pour retranscri­re à l’écran la tétralogie d’Elena Ferrante. Comme toujours, le plus dur c’est d’attendre... la suite.

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