Le Cépoun Serge Aztezan appelle à pavoiser la cité
Nouvelle prise de parole importante du Cépoun Serge Astezan hier à Saint-Tropez, après celle où il annonça l’annulation de la Bravade 2020. Cette fois c’est le jour même du traditionnel pélerinage à Pise, annulé lui aussi, qu’il a choisi de s’exprimer, pour évoquer la douleur d’une année sans bravade, mais aussi pour porter un espoir, celui d’une ville toute en rouge et blanc dans quelques jours. Voici le texte du Cépoun : « Hier 29 avril, les pélerins de Saint-Tropez devaient être à Pise. Aujourd’hui 30 on devrait être dans la petite chapelle de Gênes, chez les Cattaneo della Volta. Trop de souvenirs exceptionnels. Ce n’est bien entendu pas le cas. Au-delà de tous les problèmes sanitaires et économiques posés au monde par cette terrible pandémie, Saint-Tropez ressent un certain « manque ». Quelque chose qui nous tracasse mais qui ne se voit pas, qui ne s’ébruite pas, qui nous plonge plus ou moins inconsciemment dans un espèce de malaise difficile à expliquer et à décrire qui s’est emparé de nous, comme si le coronavirus nous avait volé « notre » printemps. J’ai été amené à supprimer la bravade et les Tropéziens l’ont compris. Mais la bravade est l’aboutissement de deux mois au cours desquels nous sommes un peu sur un nuage : depuis le 19 mars jusqu’au 18 mai, le Tropézien vit chaque année au rythme d’une douce montée d’adrénaline : première sortie de la clique et des mainteneurs pour la Saint-Joseph, enchantement des fifres, tambours et clairons qui le samedi aprèsmidi résonnent dans les douves de la citadelle, anniversaire du Rampeu à Sainte-Anne et premières tromblonnades pour la nomination officielle du capitaine de ville le Lundi de Pâques, sorties des yoyes, distribution des habits aux enfants pour la procession du 17 mai, distribution de la poudre, confection des cartouches en famille puis des bouquets, fièvre des premiers essayages des habits de bravadeurs et de provençales, pavoisement de toutes les rues, sont autant de moments que Saint-Tropez peut immuablement vivre et offrir. Ces moments-là ont disparu. Il y avait aussi ces merveilleuses décorations des vitrines de nos commerces : comme par enchantement, en quelques jours, voire en quelques heures, tous les établissements se mettaient instantanément aux couleurs rouge et blanc. Nouveaux venus ou anciens habitués, petits commerces comme grandes enseignes, sur le passage de la bravade ou dans des quartiers plus reculés, splendide marché aux poissons, mettaient un point d’honneur à transformer leur devanture sans oublier la présence du petit Saint dans un coin de la vitrine. Et si cela ne changeait pas ? Et si, malgré les terribles contraintes économiques qui n’incitent pas à la fête, on continuait à décorer, chacun dans la mesure de ses moyens ? Et si, par ce pari un peu fou, on faisait un pied de nez à la crise ? Si, même sans bravade, on faisait honneur à Saint Tropez ? ».