À Ollioules, le plus gros producteur de France peut souffler
Du particulier adepte de la cueillette en forêt aux structures plus importantes, ce 1er mai est particulier. À Ollioules, Tanguy de Valbray, le plus gros producteur de muguet en pots de France, a d’abord eu peur, très peur pour sa saison qui se joue en très peu de temps. Il avoue avoir pris des risques lorsque la conjoncture s’avérait être difficile. Il ne le regrette pas aujourd’hui. Et vient de produire près d’un million de pots dans ses onze serres, soit près de 35 % du marché français.
À la veille du er mai, votre saison du muguet est déjà terminée vu que vos pots vont être livrés dans les heures à venir. Comment avez-vous vécu cette crise et ces doutes ?
J’ai eu très peur. La plantation du muguet commence mi-mars. Au moment où le confinement a été déclenché, je devais commencer à planter et anticiper ce que serait mon er mai sans avoir aucune visibilité. Toutes les ventes étaient bloquées, personne ne commandait. Depuis le début de semaine, je sais enfin que je ne perdrais pas d’argent.
Comment cela se fait-il ?
Parce que la grande distribution, qui représente deux tiers de nos ventes, a joué le jeu. On a aussi contacté les grossistes de fruits et de légumes. Et puis il y a quand même du drive et quelques points de vente qui ont pris place dans des commerces alimentaires, donc les grossistes de fleurs ont pris la moitié des commandes habituelles. Chacun a fait ce qu’il a pu.
Pourquoi avoir eu des craintes alors ?
Parce que mon principal fournisseur en plants, qui est Allemand, menaçait de mettre la clé sous la porte si je ne me fournissais pas comme les autres années. Alors que les commandes n’arrivaient pas, j’ai continué à lui en acheter même plus que d’ordinaire. On m’a pris pour un fou quand j’ai pris ce risque ! Mais je l’ai vu comme un investissement sur l’avenir. D’où ce crédit sur cinq ans pour assurer mes achats. Quitte à perdre cette année. S’il plongeait, j’étais en difficulté sur les années à venir et de fait tout le reste de la chaîne. J’ai acheté pots de muguet à planter en plus. Au bout du compte, le risque a payé. Dans ces cas-là, il faut toujours faire l’inverse de la normalité.
Comment est le muguet cette année ?
Il est très beau en plus. Apparemment, il y a peu de brins à Nantes – principal lieu de production – car il a fleuri trop tôt. Et puis, il a fait trop chaud dans les bois et la cueillette était interdite. Donc beaucoup se sont rués sur le pot avec cette pénurie. Ce qui nous a sauvé et fait que cette saison est bonne finalement.