Var-Matin (Grand Toulon)

Maires à demi

- de MICHÈLE COTTA Journalist­e et écrivain edito@nicematin.fr

Alors, ce second tour des élections municipale­s ? Nouveau casse-tête pour le gouverneme­nt. Le plus tôt, évidemment, serait le mieux. D’ailleurs l’ordonnance prise en plein confinemen­t, le  avril, prévoit l’acte  des municipale­s au plus tard en juin. Faute de quoi, les électeurs des communes où le premier tour n’a pas été décisif seraient re-convoqués plus tard, mais pour deux tours de scrutin. Il est vrai qu’il est difficile de laisser quelques mois la France coupée en deux : celle dans laquelle près de   maires ont été élus dès le premier tour, qui pourront s’installer fin mai, et l’autre France, soit   communes, généraleme­nt

les plus peuplées, dans lesquelles le premier tour n’a pas permis, faute de majorité, de désigner d’élus ni donc, a fortiori, le premier d’entre eux. Plus difficile encore lorsqu’on sait qu’une large autonomie en matière de déconfinem­ent a été accordée par le gouverneme­nt aux élus municipaux. Les écoles élémentair­es à réaménager, les plages à ouvrir, les parcs et jardins à fermer, les cantines, les transports, etc., tout cela dans des zones rouges et vertes inégalemen­t touchées par le virus, ce sont les maires

qui sont mis à contributi­on, décideurs dans leur domaine avec l’accord du préfet. Cette responsabi­lité accordée aux élus municipaux est apparue comme une vraie décentrali­sation très bien reçue par les Français.  maires de France de toutes les tendances politiques viennent de

() lancer un appel pour la tenue du second tour dès le mois de juin. Ils dénoncent

un paradoxe évident, qui en effet dérange : comment délibérer, comme leurs assemblées doivent le faire, sur les politiques de soutien à une reprise de la vie normale, sans être confirmés par un second tour ? Comment prendre des responsabi­lités en étant, somme toute, maire à demi ? Un second tour en juin serait souhaitabl­e en effet, pour mettre un terme à une situation boiteuse. Le problème est que la polémique sur le premier tour du  mars est loin d’être éteinte : à Marseille, par exemple, Édouard Philippe

et Christophe Castaner sont toujours visés par une plainte pour avoir fait courir un risque de contagion aux électeurs en maintenant la date prévue. Alors, recommence­r dès le mois de juin ? Se heurter à des plaintes analogues ? Sans parler d’union nationale qui, visiblemen­t, n’existe pas en France, ne peut-on attendre du monde politique pour le moins un accord sur cette urgence évidente. Avec les précaution­s nécessaire­s, pourquoi interdire aux électeurs ce qu’on demande aux écoliers ?

1. Dont Christian Estrosi (Nice), Louis Nègre (Cagn es-sur-Mer ), Frédéric Masque lier( Saint Raphaël) et Didier B rem ond(Brignol es ).

« Avec les précaution­s nécessaire­s, pourquoi interdire aux électeurs ce qu’on demande aux écoliers ? »

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