Maires à demi
Alors, ce second tour des élections municipales ? Nouveau casse-tête pour le gouvernement. Le plus tôt, évidemment, serait le mieux. D’ailleurs l’ordonnance prise en plein confinement, le avril, prévoit l’acte des municipales au plus tard en juin. Faute de quoi, les électeurs des communes où le premier tour n’a pas été décisif seraient re-convoqués plus tard, mais pour deux tours de scrutin. Il est vrai qu’il est difficile de laisser quelques mois la France coupée en deux : celle dans laquelle près de maires ont été élus dès le premier tour, qui pourront s’installer fin mai, et l’autre France, soit communes, généralement
les plus peuplées, dans lesquelles le premier tour n’a pas permis, faute de majorité, de désigner d’élus ni donc, a fortiori, le premier d’entre eux. Plus difficile encore lorsqu’on sait qu’une large autonomie en matière de déconfinement a été accordée par le gouvernement aux élus municipaux. Les écoles élémentaires à réaménager, les plages à ouvrir, les parcs et jardins à fermer, les cantines, les transports, etc., tout cela dans des zones rouges et vertes inégalement touchées par le virus, ce sont les maires
qui sont mis à contribution, décideurs dans leur domaine avec l’accord du préfet. Cette responsabilité accordée aux élus municipaux est apparue comme une vraie décentralisation très bien reçue par les Français. maires de France de toutes les tendances politiques viennent de
() lancer un appel pour la tenue du second tour dès le mois de juin. Ils dénoncent
un paradoxe évident, qui en effet dérange : comment délibérer, comme leurs assemblées doivent le faire, sur les politiques de soutien à une reprise de la vie normale, sans être confirmés par un second tour ? Comment prendre des responsabilités en étant, somme toute, maire à demi ? Un second tour en juin serait souhaitable en effet, pour mettre un terme à une situation boiteuse. Le problème est que la polémique sur le premier tour du mars est loin d’être éteinte : à Marseille, par exemple, Édouard Philippe
et Christophe Castaner sont toujours visés par une plainte pour avoir fait courir un risque de contagion aux électeurs en maintenant la date prévue. Alors, recommencer dès le mois de juin ? Se heurter à des plaintes analogues ? Sans parler d’union nationale qui, visiblement, n’existe pas en France, ne peut-on attendre du monde politique pour le moins un accord sur cette urgence évidente. Avec les précautions nécessaires, pourquoi interdire aux électeurs ce qu’on demande aux écoliers ?
1. Dont Christian Estrosi (Nice), Louis Nègre (Cagn es-sur-Mer ), Frédéric Masque lier( Saint Raphaël) et Didier B rem ond(Brignol es ).
« Avec les précautions nécessaires, pourquoi interdire aux électeurs ce qu’on demande aux écoliers ? »