Chômage partiel : une demande exponentielle
Après deux mois de confinement, on commence à mesurer l’impact économique de la crise sanitaire : 40 % des salariés varois et une entreprise sur cinq ont demandé l’aide de l’État
Comment l’économie varoise peut-elle, et va-t-elle, traverser la crise ? Au terme de huit semaines de confinement, d’arrêt de pans entiers de la vie locale, alors que la reprise est guettée avec anxiété, un premier bilan commence à être dressé. Fortement représentés dans notre département, les secteurs du tourisme, de l’hôtellerie et de la restauration sont les plus touchés. Malgré une reprise d’activité sensible dans le bâtiment, la décrue est très significative : le Var a perdu 30 % de son activité dans la période de confinement. Au niveau régional, la baisse est de moins 33 %.
Le diagnostic éco
Les zones touristiques sont structurellement celles qui subissent le plus gros impact. Une étude de l’Insee Paca relève que « la zone
(1) d’emploi de Saint-Tropez-Fréjus-Saint-Raphaël, très durement touchée, compte une part d’emplois importante (39 %), tous en panne d’activité – non seulement dans l’hébergement, la restauration, mais aussi dans la construction et le commerce non alimentaire ». Les atouts ordinaires du territoire en font aujourd’hui la fragilité. Autre outil utilisé par l’Insee pour jauger l’impact de la crise sanitaire, l’évolution des transactions bancaires. Avec une chute de moitié (moins 55 %), le Var se révèle un peu moins touché que d’autres, dans la région, grâce à « un afflux inhabituel de personnes vers leurs résidences secondaires, ou de retours d’étudiants ».
La roue de secours
Devant ce coup d’arrêt, aggravé par l’incertitude de l’activité des prochains mois, les demandes de chômage partiel ont vite afflué. « Nous avons eu à gérer des demandes exponentielles depuis mi-mars, mais ça se stabilise actuellement, relate Alain Testot, responsable de la Direccte du Var (2). Un salarié peut être totalement privé d’activité, ou bien pour moitié de son activité, ou moins .» Les secteurs les plus demandeurs de chômage partiel dans le Var sont le commerce de détail (14 % des demandes), les travaux de construction (13,5 %), la restauration (12,5 %). Puis, le commerce de gros en quatrième position (5 %), la réparation automobile (4,2 %). Plus loin, l’hôtellerie (2,6 %) ou la création artistique et les spectacles (0,47 %). Au total, cela représente 40 % de l’emploi salarié varois et une entreprise sur cinq.
Contrôles à venir
« Il y a très peu de refus de chômage partiel, l’acceptation est tacite et globale, pour un nombre d’heures estimées et une durée. Mais l’administration va mettre en place un contrôle plus précis, avec une équipe dédiée. » Pour vérifier a posteriori les motifs avancés par les entreprises (3). « Des entreprises opportunistes, oui, c’est possible. On se doit de faire des vérifications, en bon gestionnaire .»
Fin avril, 4,5 millions d’heures avaient déjà été indemnisées dans le Var, mais la somme totale des heures demandées dépasse les 60 millions ! Étalée sur plusieurs mois. « Les entreprises ont pu projeter leur demande sur un temps long. On a expliqué qu’il n’était pas la peine de se projeter aussi loin, note Alain Testot. Car l’activité va reprendre .» Toute la difficulté sera dans le dosage entre maintien et retrait progressif du dispositif. Dans le Var, il n’y a pas eu, à ce stade, de procédure de sauvegarde de l’emploi ou de licenciement économique directement lié à la crise. La prise en charge par l’État d’un chômage partiel y est pour beaucoup. Pour combien de temps encore ?
1. Source : Impacts économiques de la crise sanitaire en Provence-Alpes-Côte d’Azur.
2. Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi. 3. Des vacataires seront recrutés pour cette mission de contrôle, a annoncé le ministère, dont trois personnes pour le Var.