Var-Matin (Grand Toulon)

Matraglia, les boules en plein coeur Le titre de champion de France a un goût particulie­r. Le chant de La Marseillai­se, c’est un délice ”

Issu d’une famille de cadors du jeu de boules, Laurent Matraglia suit le chemin tracé par ses aînés. Sans aucune pression. Et les résultats sont là, en jeu provençal comme en pétanque !

- B. A.

En 2005, Laurent Matraglia connaît le sacre suprême en remportant le championna­t de France triplettes au jeu provençal, avec ses amis Fernand Rodriguez et Patrick Muleta. Mais avant d’en arriver là, il y a eu bien des écueils. Le Varois a dû faire ses armes contre les plus chevronnés de la discipline. Son parcours démarre vers l’âge de six ans, où il fait rouler les agates sur la place de Saint-Jean-du-Var à Toulon. C’est en prenant sa licence en jeune, qu’il opère ses premières sorties retentissa­ntes à la pétanque, en y décrochant un titre de champion du Var doublettes avec Pappalardo. En cadet il sera sacré champion du Var tête à tête. Les séances de la place SaintJean ont porté leurs fruits et le juvénile piétanqué est près pour passer au rang supérieur.

L’ADN des champions

Il excelle dans la pétanque mais est attiré par la longue distance. Une passion pour cette discipline qui lui est transmise par son père, Robert. Son papa, son idole de champion qui rafle au jeu provençal les titres majeurs dont entre-autres le MidiLibre et le mythique Provençal à Marseille, avec deux icônes disparues, André Massoni et Émile Lovino. L’ombre du grandoncle, Dédé Matraglia dit « la panthère », plane autour des repas de famille, où l’on y savoure des anecdotes croustilla­ntes. Celui-là aussi ne sera pas passé inaperçu, laissant en héritage un palmarès hors du commun, remontant aux années 50. Un surdoué qui remporta, hormis le « Provençal », les plus gros titres qu’il soit possible de gagner, dont un sacre de champion de France en jeu provençal en 1954.

Le rêve provençal

Si on ajoute à tout cela le titre de champion du Var tête à tête pétanque obtenu par son grand-père maternel Arthur Suraci en 1968 face à Phonse Baldi, la boucle est bouclée. Les Matraglia, une saga familiale à l’élogieux tableau de victoires, qu’une seule page de notre édition ne suffirait pas à remplir... Le petit Laurent, lui, fait son bonhomme de chemin sur trois pas en s’offrant sa première finale pour le Souvenir Marius-Palaggi à l’Ayguade (Hyères), s’inclinant face à l’homme en forme du moment, Jean Bianconi. Mais il est bien connu que c’est dans la défaite que l’on construit ses prochaines victoires. Laurent engrange donc les bons résultats sous les couleurs de la glorieuse Boule Joyeuse de Toulon des légendaire­s Baldi et Petit Fernand. En 1999, récompensé de ses efforts et son talent naturel, le voilà arrivé en finale du plus prestigieu­x d’entre tous, le fameux Provençal. Il fait équipe avec Jean-Louis Novella et JeanPierre Llopis. Se retrouver dans le carré magique du plus grand concours de jeu provençal au monde, où plus de mille équipes ont pris le départ, laisse place à tous les espoirs. Mais la défaite se dessinera au bout du rêve. Sartore, Musso et Auzet étaient plus forts ce jour-là… Bien que la performanc­e soit exceptionn­elle pour ce jeune d’à peine 18 ans, il le vit comme une grande déception. Le Provençal, tous joueurs de longue rêve de le gagner. Et Laurent Matriglia se promet d’y laisser son empreinte. Fort de son parcours avec, entre autres, de nombreux nationaux à son actif (trois fois vainqueur consécutiv­ement du National de Toulon, du MidiLibre et champion de

France), le Varois s’y présente avec des ambitions. Il y prend sa revanche en 2011 avec ses amis Nîmois, Philippe Stievenart et Rudy Jean. Il l’emporte sur la formation de Pagny, Ceyte et Rouvin, lauréats quant à eux deux ans plus tôt. Le Toulonnais récidive en 2015 toujours avec Stievenart, et cette fois équipé au canonnier Simon Chamberon. Sa dernière finale en 2018, disputée dans le carré Calanotti, lui laissera évidemment un goût amer, pour être passés à côté de la partie avec ses partenaire­s A. Kerfah et Cognard, battus par Lanzi, Daïna et B. Pellegrini.

Garder le cap

Depuis deux à trois ans, il forme avec Anthony Kerfah et Thierry Terreno une des triplettes les plus complètes que le jeu provençal ait connu. Ils ont remporté à chacune de leurs associatio­ns rien d’autre que les Masters de Nîmes, les nationaux de Martigues, SaintMaxim­in ou La Crau. Et plutôt deux fois qu’une ! Cela fait quelques années aussi que Laurent est revenu à la pétanque. Après avoir été en désaccord quelque temps avec le comité du Var, il a voyagé du côté de Nîmes avant de revenir sur ses terres. Désormais licencié au club des stars, au Fréjus Internatio­nal Pétanque, il y alterne les deux discipline­s avec succès. Il faut dire que la pétanque ne l’a jamais vraiment quitté. Son objectif majeur, malgré le contexte lié à la crise sanitaire qui met un frein aux compétitio­ns, est de ramener à son club de Fréjus le maximum de titre et en l’occurrence la coupe de France des clubs. Si vous lui demandez quel est son souvenir le plus marquant, il répond sans hésitation : « Avoir remporté le titre de champion de France avec mes amis Fernand et Patrick. Ce qui n’enlève rien à tout ce que j’ai déjà connu en termes de victoires et partages. Mais ce titre-là a un goût vraiment particulie­r. Le chant de la

Marseillai­se est un délice. Quant au Provençal, j’espère bien y entonner de nouveau notre hymne le Coupo Santo. » Le livre de la saga Matraglia est donc loin d’être refermé. Laurent, vu son jeune âge, a encore de beaux défis à relever. La jeune garde qui pousse avec ses deux jeunes garçons, Lonny et Lenzo, ce dernier déjà champion et vice-champion du Var à pétanque, nous promet encore de belles pages à écrire.

 ?? (Photos Adeline Lebel et DR) ?? Le Toulonnais fait honneur à ses aînés en gagnant (presque) partout où il décide de lancer ses boules.
(Photos Adeline Lebel et DR) Le Toulonnais fait honneur à ses aînés en gagnant (presque) partout où il décide de lancer ses boules.

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