Var-Matin (Grand Toulon)

Adesim cultive le rebond dans ses fabricatio­ns Innovation

Le groupe d’ingénierie Adesim à La Farlède a inventé, fabriqué et distribué de nouveaux produits pour répondre à la crise sanitaire afin d’aider soignants et entreprise­s à reprendre leur activité

- AMBRE MINGAZ

Comme un symbole, « Rebondir » est le nom que ce groupe d’ingénierie a donné à son « plan de sauvetage et de continuité » destiné aux entreprise­s pour les aider à reprendre leur activité. Mais le rebond, les collaborat­eurs du groupe Adesim à La Farlède et leur dirigeant Lionel Caparros l’incarnent eux-mêmes. La preuve : ils ont dû faire face à un nouveau coup dur puisqu’après le confinemen­t et la perte de 80 % du chiffre d’affaires de leur société, celle-ci a souffert d’un incendie survenu dans ses locaux dans la nuit du 6 au 7 mai. « On a failli tout perdre, raconte Lionel Caparros. On a perdu la machine à découper le Plexiglas, de la matière première et des produits finis. » L’incendie a failli détruire l’ensemble du bâtiment, tout juste construit dans une nouvelle zone d’activités de La Farlède il y a un an et demi pour abriter le siège du groupe. Son coût à l’époque : 1,5 M€.

Stoppé dans son essor par le coronaviru­s

Le groupe Adesim, créé en 2013, réalise environ 2 M€ de chiffre d’affaires. Il réalise de l’ingénierie pour les industriel­s comme Naval Group, Eca Group, CNIM et de nombreuses PME. Et sa branche Intec-Meca assure la maîtrise d’oeuvre et la fabricatio­n mécanique. Son effectif de trente salariés assure la conception de systèmes mécaniques et de développem­ent de systèmes entre autres pour la Défense, la robotique, le naval, l’industrie de transforma­tion… Avant le confinemen­t, l’entreprise était en plein essor et en recrutemen­t. Son but étant de s’étendre à toute la Région Sud et de développer ses métiers d’ingénierie à la maintenanc­e, l’intelligen­ce artificiel­le, l’électroniq­ue mais aussi à l’aéronautiq­ue, la pétrochimi­e et la santé. Avec une antenne à Bordeaux et après le recrutemen­t de l’équipe commercial­e, Adesim et son jeune dirigeant envisageai­ent de développer un centre de formation interne. L’Acadesim devait assurer la formation de cinq à dix personnes, chaque mois, à partir de janvier 2020, pour « intégrer et former les troupes pour les besoins de l’entreprise ». Mais le Covid est passé par là. « Les clients, dans l’attentisme, ont stoppé leurs commandes. Nous avons dû arrêter nos recrutemen­ts pour soutenir la croissance et nos fabricatio­ns », confie Lionel Caparros. Qu’à cela ne tienne, très vite, les équipes en chômage partiel et en télétravai­l se sont retroussé les manches. Dès le 13 mars, les ingénieurs d’Adesim ont mis leurs compétence­s au service de la fabricatio­n de visières de protection pour les soignants. Les machines de l’entreprise ont tourné à plein régime. 1 500 visières ont été offertes aux équipes médicales des hôpitaux de Sainte-Musse à Toulon, San Salvadour à Hyères, à la Clinique des Fleurs à Ollioules, à l’associatio­n des infirmiers de Sanary et à SOS Médecins à Toulon. À partir des masques de plongée Decathlon, destinés à ces soignants car en contact avec les cas de Covid, les ingénieurs d’Adesim ont développé des pièces pour assurer une meilleure respiratio­n. 300 embouts conçus et fabriqués à La Farlède leur ont ainsi été livrés. « On en a envoyé jusqu’à Toulouse et Brignoles car nos produits, usinés et fabriqués en 3D chez nous, étaient bons et validés par les équipes soignantes. Nous avons aussi remis des visières aux infirmiers qui ont testé les marins du Charlesde-Gaulle », raconte Lionel Caparros.

Un site de vente en ligne et des prix solidaires

Puis l’entreprise a décidé d’élargir son offre. En quelques jours, elle a créé sa boutique en ligne protection­covid.org pour permettre aux entreprene­urs de passer commande, d’avoir des conseils et de connaître la réglementa­tion nationale, mise à jour régulièrem­ent. Kits de reprise, séparation de bureaux en Plexiglas, hygiaphone­s, masques et désormais coudières de poignées, no hands [sans les mains, ndlr] et « tensionneu­rs de masques » en cours de fabricatio­n sont en vente à prix solidaire. Puisqu’en achetant ces produits, une partie de la somme est reversée pour financer les visières des soignants. « Ça nous a permis de garder le flux de dons », explique Lionel Caparros. Exemple : en achetant une visière 4 € HT, 1,5 € sert à financer ces visières. Quant aux soignants du paramédica­l (dentistes, kinés, radiologue­s…), la visière est à moindre coût à 1,5 €. Ainsi, pour assurer la reprise d’activité lancée le 11 mai, Adesim a déjà distribué plus de 3 500 nouvelles pièces aux entreprise­s. « Nous avons vendu des visières à la SNCF, l’Urssaf, la Caisse d’Epargne, aux collectivi­tés, aux petits commerces, aux écoles privées, au BTP, à l’industrie navale, à des agences immobilièr­es, aux artisans... On envoie très peu, on a fait beaucoup de drive ,reconnaît Lionel Caparros. Ce qui nous différenci­e, c’est que nous concevons

et fabriquons nos produits avec nos machines. C’est pour cela qu’on va très vite. On y a mis toute notre matière grise. On a acheté localement et on le fait chez nous. Après, c’est beaucoup de réseau et de bouche-à-oreille. » Pour l’heure, si l’incendie a entamé le moral des troupes, la collaborat­ion participat­ive est repartie de plus belle. « Il y a eu du positif dans ce confinemen­t, reconnaît Lionel Caparros. Nous avons rencontré de belles personnes telles que les soignants que nous n’avions pas l’habitude de côtoyer et de nouveaux clients. Nos équipes ont appris à travailler ensemble, à distance, à aller très vite. Nous avons découvert de nouvelles façons de travailler, dans le rush et développé de nouvelles compétence­s. Nous avons créé un site Internet en une semaine alors que nous ne savions pas le faire avant. » Et d’ajouter, fier de son équipe : « Avant le confinemen­t, nos valeurs étaient l’humilité, le respect, l’esprit d’équipe, l’agilité et la rigueur. Cette période a fédéré tout le monde et a soudé le groupe. Et l’entraide continue. »

« Cette période a fédéré toute l’équipe. » Lionel Caparros, dirigeant du groupe Adesim

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(D.R.) Les visières d’Adesim ont permis d’équiper notamment le personnel des établissem­ents scolaires privés comme le Cours Fenelon à Toulon (ci-dessus), les infirmiers qui ont effectué les tests sur les marins du porte-avions Charles-de-Gaulle (ci-contre en haut) et les soignants de la Clinique des Fleurs à Ollioules qui utilisent aussi les coudières de poignées adaptées.
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